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En se séparant de 30'000 tonnes d'équipements, l'armée prépare de nouvelles acquisitions

29 septembre 2002


Char gren 63/89A

fin de préparer le format de l'Armée XXI et de réduire ses frais de fonctionnement, le Département de la Défense a annoncé la liquidation de quelque 2060 systèmes d'armes d'ici 2008. Mais se débarrasser de plus de 30'000 tonnes d'équipements obsolètes permet également de préparer de nouvelles acquisitions.

Le 20 septembre dernier, les trois officiers généraux constituant le sommet de la hiérarchie militaire suisse – le Chef de l'Etat-major général, le Chef des Forces terrestres et le Commandant des Forces aériennes – ont présenté aux médias un plan de renonciation et de réduction dans la perspective de l'Armée XXI. En discussion depuis plus de 2 ans, cette liquidation drastique constitue un élément essentiel de la transformation militaire et correspond à la diminution de 360'000 hommes à 200'000 hommes prévue par la réforme. Ce sont ainsi des systèmes d'armes complets, comme les chars de la famille 68 ou les derniers Mirage, qui vont être exclus de l'arsenal helvétique.

«... ce sont 1016 M-113, chevaux de bataille et bêtes de somme des divisions mécanisées de l'Armée 61, qui vont être liquidés – soit deux tiers de l'inventaire actuel. »
«... ce sont 1016 M-113, chevaux de bataille et bêtes de somme des divisions mécanisées de l'Armée 61, qui vont être liquidés – soit deux tiers de l'inventaire actuel. »

En permettant d'abaisser les frais de fonctionnement d'environ 130 millions de francs par an en 2008, ce plan crée cependant les conditions nécessaires à de nouveaux investissements d'équipements. La diminution drastique des programmes d'armements, tout particulièrement cette année, devrait donc faire place à des acquisitions accrues dans le courant de la décennie, afin de suivre la ligne tracée par le Plan directeur de l'Armée XXI. Dans ce cadre, la décision d'écarter certaines armes annonce donc l'intention de les remplacer par des systèmes modernes, en fonction des priorités fixées par l'adaptation des capacités. Au-delà de la simple liquidation, ce plan préfigure l'avenir – même si le format exact de plusieurs armes revalorisées reste incertain.


Liquidation aux Forces terrestres

Au niveau des moyens de combat chenillés à tir direct, les annonces n'auront guère surpris les observateurs attentifs de la réforme militaire: la totalité des 190 chars 68/88 revalorisés passera à la trappe en 2004, comme l'arrêt de la formation des recrues décidée depuis 4 ans le faisait prévoir, de même que les 368 chars de grenadiers 63/89 – les M-113 revalorisés – pour 2006 et les 242 modèles 63/73 une année plus tôt. La réduction drastique des troupes mécanisées et légères, qui vont passer de 26 à 12 bataillons blindés et mécanisés, ainsi que l'introduction des 186 chars de grenadiers CV-9030 acquis en 2000 expliquent cette mise au rebut. Il apparaît toutefois que la décision d'acquérir une seconde tranche d'environ 90 chars gren 2000 n'a pas encore été prise, et que ce retard s'explique autant par le caractère non prioritaire de cet achat que par la mise au point complexe du CV-9030.

Lance-mines 12 cm 87

La liquidation des moyens d'appui mécanisés dépend également d'acquisitions en cours ou projetées. Ainsi, les 69 chars de dépannage 65/88 seront remplacés d'ici 2008 par les 25 Büffel achetés l'an dernier, alors que les 30 chars poseurs de ponts 68/88 devront être remplacés par des modèles actuels, probablement le PSB 2 basé sur le châssis Leopard 2, également à l'horizon 2008. En revanche, les 406 chars de conduite de tir et de commandement 63 seront mis au rebut, et leur fonction sera assumée pour l'essentiel par les chars de conduite de tir modernisés 63/97. D'autres M-113 vont d'ailleurs échapper au couperet, en l'occurrence les 132 chars lance-mines 12 cm 64/97; mais ce sont tout de même 1016 M-113, chevaux de bataille et bêtes de somme des divisions mécanisées de l'Armée 61, qui vont être liquidés – soit deux tiers de l'inventaire actuel.

«... la liquidation complète pour 2004 de tous les lance-mines tractés de 12 cm implique qu'un nouveau char lance-mines devrait être introduit dans la décennie. »
«... la liquidation complète pour 2004 de tous les lance-mines tractés de 12 cm implique qu'un nouveau char lance-mines devrait être introduit dans la décennie. »

L'évolution des moyens de feu indirects, de même, ne constitue pas vraiment une surprise. Ainsi, les 217 obusiers blindés non revalorisés vont comme prévu achever leur carrière helvétique – si l'on excepte les quelques exemplaires qui orneront nos places d'armes ces prochaines décennies. En revanche, la liquidation complète pour 2004 de tous les lance-mines tractés de 12 cm acquis en 1987 a certainement suscité davantage d'étonnement, même si le choix de l'Office fédéral des armes de combat à ce sujet date de plusieurs mois. Cela signifie en effet que des chars lance-mines usés et poussifs vont appuyer les bataillons de mêlée de l'Armée XXI, dont les moyens de combat seront nettement plus mobiles. Dans la mesure où la rapidité de mise en batterie du char lance-mines n'est qu'à peine supérieure à celle des pièces tractées, il est aisé d'en conclure qu'un nouveau char lance-mines devrait être introduit dans la décennie.

Par ailleurs, il faut relever qu'aucune décision n'a été prise concernant les chars de combat 87 et les obusiers blindés revalorisés 88/95, dont respectivement 148 et 108 exemplaires ont été mis sous cocon dans les PAA en 1998 pour des raisons d'économie. Avec 380 chars Leopard 2 pour l'équivalent de 3 brigades blindées – en théorie, puisque la conduite tactique XXI prévoit des brigades composites – et surtout 341 M-109 pour 9 brigades de combat, la vente d'une portion de ces systèmes semble inéluctable. Les clients potentiels ne manquent pas, mais la situation géopolitique actuelle complique singulièrement les transactions possibles. Par ailleurs, le nombre de Leopard – le véhicule actuellement le plus lourd de l'armée – a une influence déterminante sur les besoins en mobilité, franchissement ou déminage, de même que sur l'infanterie d'accompagnement.

Soulignons enfin que ni les 303 chasseurs de chars Piranha TOW, ni les 329 véhicules d'exploration blindés Eagle ne sont inclus au plan de renonciation, alors même que l'Armée XXI a dû créer huit nouveaux bataillons d'exploration pour leur conserver une fonction. On le sait, le DDPS propose de transformer la moitié des Piranha 6x6 en véhicules sanitaires blindés, et un prototype a d'ailleurs été présenté au public sur l'arteplage de Morat. En revanche, aucune démarche analogue n'a été annoncée au sujet des Eagle, dont la seconde tranche commandée en 1997 devait équiper des formations en cours de dissolution. Les prototypes proposés par Mowag ne manquent pourtant pas d'intérêt.


Liquidation aux Forces aériennes

Les Forces aériennes ne sont pas en reste, et vont en quelques années perdre 42% de leurs avions à réaction et 31% de leurs voilures tournantes. Comme prévu, les 20 derniers Mirage – de reconnaissance et d'entraînement – seront mis au rebut en 2005 après 40 ans de service, et les missions de reconnaissance vont être partiellement reprises par les drones ADS-95 Ranger. De même, les 12 appareils d'entraînement Hawk restants vont également être liquidés d'ici 2005, puisque les besoins en nouveaux pilotes de jets diminuent drastiquement. Cependant, la réduction en Tiger se limite à 31 appareils – ce qui correspond à l'intérêt des Etats-Unis pour leurs besoins d'entraînement – car les exigences posées par la surveillance permanente de l'espace aérien ne peuvent être remplies avec la flotte actuelle de F/A-18.

Collaboration Armée-CGFr

Il est donc clair que l'acquisition d'un nouvel avion de combat multirôle, capable d'assumer les fonctions de reconnaissance et d'attaque au sol jadis dévolues aux Mirage et Hunter, s'impose d'ici la fin de la décennie. La revendication des Forces aériennes a d'autant plus de sens que la revalorisation des F/A-18, acceptée l'an dernier par le Parlement, est un aspect essentiel de la capacité helvétique de collaborer avec les pays voisins en matière de sécurité aérienne. Toutefois, si pareille acquisition ne devrait guère soulever d'opposition intérieure – à l'exception des idéologues rituels et inénarrables selon lesquels l'institution militaire est un danger pour ceux qu'elle protège –, elle constituera en revanche un choix de politique étrangère significatif, entre des fournisseurs français (Rafale), suédois (Gripen), européens (Typhoon) et américains (F-35 JSF).

«... la réduction du nombre d'appareils va diminuer d'autant les engagements subsidiaires de l'armée au profit du Corps des gardes-frontière et des polices. »
«... la réduction du nombre d'appareils va diminuer d'autant les engagements subsidiaires de l'armée au profit du Corps des gardes-frontière et des polices. »

Les hélicoptères des Forces aériennes vont également se raréfier, puisque la flotte d'Alouette III va passer de 63 à 35 d'ici 2004 – prélude à sa disparition probable à l'horizon 2010. En soi, cette réduction ne va pas péjorer les capacités militaires dans la formation et dans le transport, puisque les 12 Cougar commandés en 1998 viennent d'entrer en service en complément des 15 Super Puma datant des années 80. Toutefois, la réduction du nombre d'appareils va diminuer d'autant les engagements subsidiaires de l'armée au profit du Corps des gardes-frontière et des polices, et que ceux-ci apprécient hautement. Dans la mesure où cette conséquence va à l'exact opposé de la stratégie nationale en matière de politique de sécurité, et notamment l'interopérabilité nationale, la demande des FA pour un nouvel hélicoptère de transport et de liaison se justifie pleinement.

Enfin, il faut également relever que la moitié des 90 unités de feu de la DCA moyenne va être supprimée en 3 ans, bien que les canons de 35 mm et leur système de guidage aient été récemment revalorisés. Dans la défense antiaérienne jusqu'à 3000 m, en effet, la couverture considérable offerte par les missiles Rapier et Stinger permettent de diminuer le nombre de canons.

Au total, les réductions annoncées vont permettre au DDPS d'économiser jusqu'à 130 millions de francs par an, se répartissant entre 55 pour les Forces aériennes et 75 pour les Forces terrestres. Des économies vont également être effectuées par plusieurs renonciations à des investissements planifiés, comme l'acquisition annulée d'un simulateur pour Hawk à 40 millions, la fermeture de l'aérodrome militaire de Tourtemagne (9 millions) et de certaines fortifications, ou encore l'inactivation de lance-mines de forteresse 59/83 et de canons de forteresse 93 Bison. Les conséquences humaines de ce plan seront toutefois loin d'être négligeables, puisque 1500 postes de travail vont être perdus à l'Office fédéral des exploitations des Forces terrestres, 500 dans le Corps des gardes-fortifications et 90 au sein de l'Office fédéral des exploitations des Forces aériennes.



Cap Ludovic Monnerat    




Le détail des réductions:

  • 69 chars de dépannage 65/88
  • 30 chars poseurs de ponts 68/88
  • 190 chars de combat 68/88
  • 217 obusiers blindés 64/74
  • 402 lance-mines 12 cm 64/87
  • 242 chars de grenadiers et de commandement 63/73
  • 368 chars de grenadiers et de commandement 63/89
  • 406 chars de commandement et de conduite de tir 63
  • 45 unités feu de défense contre avions 35 mm 63/90
  • 31 chasseurs monoplaces et biplace F-5E/F Tiger
  • 20 avions de reconnaissance et d'entraînement Mirage III RS/DS/BS
  • 12 avions d'entraînement Hawk
  • 28 hélicoptère de liaison Alouette III.



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