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Les Etats-Unis achètent 32 Tiger suisses pour l'entraînement au combat de leurs pilotes

4 août 2002


F-5E TigerL

es Forces aériennes suisses vont bientôt se séparer de 32 avions monoplaces F-5E Tiger II qui vont retourner aux Etats-Unis: après une mise à jour approfondie, la Marine américaine et le Corps des Marines les utiliseront pour l'entraînement au combat de leurs pilotes de F/A-18 – notamment au sein de Top Gun, la prestigieuse école de la Navy.

Depuis plusieurs mois, l'armée suisse cherche à vendre tout ou partie de ses avions de combat F-5 Tiger II, dont l'acquisition remonte à plus de 20 ans. Après un marché avorté aux Philippines pour des raisons contractuelles, un accord a été trouvé avec les Etats-Unis: le Naval Aviation System Team (NavAir) va financer l'achat de 32 F-5E monoplaces suisses afin d'équiper les escadrilles faisant office d'adversaires pour les pilotes de F/A-18. Le montant de la transaction n'a pas été révélé.

«... comme les 85 Tiger suisses encore en service ont une durée de vie d'environ 10 ans, la question de leur remplacement se pose avec acuïté. »
«... comme les 85 Tiger suisses encore en service ont une durée de vie d'environ 10 ans, la question de leur remplacement se pose avec acuïté. »

Le Tiger est un avion de combat multirôle dont le développement remonte à 1954, lorsque la firme américaine Northrop décida de dessiner un chasseur supersonique peu coûteux et facile à entretenir. Deux ans plus tard, l'Air Force se contenta d'accepter la version d'entraînement sous la désignation de T-38 Talon; en 1962, toutefois, le Département de la Défense sélectionna l'appareil pour son programme d'assistance militaire, et plus de 879 F-5A Freedom Fighters furent vendus à 21 pays alliés, alors que 320 furent produits sous licence. Une version biplace, le F-5B, fut également construite.

Spécialisés dans l'attaque au sol, les F-5A avaient des capacités air-air limitées, et n'emportaient notamment aucun radar de tir. Ce qui n'empêcha pas l'Air Force d'emprunter 12 F-5A pour des essais opérationnels au Vietnam, en 1965, dans le cadre du programme "Skoshi Tiger" (petit tigre). Les résultats furent suffisamment positifs pour que l'appareil y gagne son surnom actuel.

En 1970, Northrop remporta la compétition visant à remplacer le F-5A par un chasseur de supériorité aérienne capable d'affronter les MiG-21 du Pacte de Varsovie, face à des concurrents comme le F-8 Crusader, le F-104 Starfighter et le F-4 Phantom. Le nouvel appareil, qui reçut la dénomination F-5E Tiger II, se différenciait notamment de son prédécesseur par des réacteurs plus puissants, une avionique plus perfectionnée et des attaches d'aile permanentes. Il effectua son premier vol en août 1972.

Quelque 330 exemplaires entrèrent en service aux Etats-Unis, notamment pour l'entraînement tactique, alors que 22 autres nations l'adoptèrent comme avion opérationnel; au total, 1419 Tiger II furent produits, dont une partie sous licence – en Corée du Sud, à Taïwan et bien entendu en Suisse. Une version biplace, le F-5F, fut également commercialisée, de même qu'une version de reconnaissance nommée RF-5E Tigereye. L'ultime développement du Tiger, le F-5G rebaptisé F-20 Tigershark, fut abandonné au début des années 80 pour ne pas entraver les ventes du F-16.


L'histoire des Tiger suisses

Dans notre pays, c'est au milieu des années 70 que l'acquisition d'un nouvel avion de combat fut envisagée; avec l'abandon des Venom et l'accroissement des missions d'appui au sol confiées aux Hunter, la couverture aérienne ne pouvait reposer sur les seuls Mirage III. Suite à des essais approfondis, le Parlement appouva en 1976 l'achat – pour 1,17 milliards de francs – de 72 Tiger, dont 6 appareils biplaces, qui furent livrés sous forme de modules et assemblés à la Fabrique fédérale d'avions d'Emmen. Les premiers Tiger suisses furent mis en service en 1978, et leur parfaite adaptation au système de milice incita le Parlement à accepter en 1981 pour 770 millions l'acquisition d'une seconde tranche de 38 appareils, comprenant à nouveau 6 modèles biplaces. Le dernier d'entre eux sortit d'usine en 1984.

L'agilité et la vitesse du Tiger en fit un excellent chasseur à basse et moyenne altitude: avec ses 2 réacteurs General Electric développant chacun 2268 kp de poussée pour un poids maximal de 11'900 kg au décollage, le F-5E/F atteint 1700 km/h; doté d'une charge utile de 2500 kg, il peut voler pendant 2 heures sans ravitaillement. En raison de leur entraînement intensif et réaliste, les Forces aériennes durent au fil des années déplorer la perte accidentelle de 7 appareils, alors que les nécessités d'une maintenance optimale ont déjà entraîné le grounding de toute la flotte. Toutefois, comme les 85 Tiger suisses encore en service ont une durée de vie d'environ 10 ans, la question de leur remplacement se pose avec acuïté.

Plusieurs options ont été envisagées, notamment dans le cadre du processus Armée XXI. Un rétrofittage des F-5E proposé par la société israélienne IAI aurait permis de conserver les Tiger jusqu'en 2020 à un prix relativement modeste – probablement entre 300 et 400 millions francs, puisque la Turquie a lancé l'amélioration de 48 F-5E pour 75 millions de dollars. Mais les impératifs liés à la coopération militaire en Europe, à eux seuls, péjorent cette option: comme tous les pays qui nous entourent auront en 2010 une flotte aérienne composée surtout d'Eurofighter et de Rafale, l'aptitude à interopérabilité suppose un appareil globalement équivalent, et en nombre supérieur aux 33 F/A-18C/D qui nous restent de l'acquisition faite en 1992.

Dans ce contexte, il a été décidé en 2000 de vendre la flotte de F-5E/F et de la remplacer par des appareils neufs, qu'il s'agisse de F/A-18 supplémentaires – mais dont la production a cessé – ou d'avions plus récents, comme le Saab JAS39 Gripen ou le F-35 Joint Strike Fighter de Lockheed Martin. Le premier client potentiel était les Philippines, dont les Forces aériennes possèdent quelques vieux F-5A offerts à prix d'ami – 100 dollars pièce! – par la Corée du Sud. Malgré des discussions ouvertes depuis 1999, la guérilla menée par le groupe islamiste Abu Sayyaf a vite contrarié une vente éventuelle, qui finalement a été bloquée début 2002 par le Gouvernement américain en raison d'un droit de veto contractuel.

Un client mieux en accord avec la loi sur l'exportation du matériel de guerre, le Brésil, s'est également annoncé à cette période: disposant de 48 F-5E/F achetés enre 1975 et 1976, les Forces aériennes brésiliennes sont intéressées par l'achat de 15 Tigers monoplaces destinés à être transformés en biplace d'entraînement. Pour un montant estimé par certaines sources à 120 millions, mais qui pourrait également donner lieu à un paiement sous forme de matières premières selon d'autres sources, cette transaction n'a pas encore été conclue. Les Etats-Unis seront donc le premier client des F-5 suisses.

Annoncé par Defense Systems Daily le 2 août, l'achat de 32 F-5E par l'US Navy n'est pas vraiment une surprise. En effet, la marine américaine utilise depuis le milieu des années 70 une quinzaine de Tiger II à l'US Navy Fighters Weapons School, plus connue sous le nom de Top Gun: la faible signature radar du F-5E, due à sa petite taille, son agilité et sa vitesse en ont fait un sparring partner idéal, à même de menacer à courte distance les grands appareils embarqués que sont les Tomcat, Hornet et Super Hornet. De plus, les caractéristiques du Tiger II ne sont pas sans rappeler celles de certains avions soviétiques.

En 1996, la marine a transféré l'école Top Gun de Miramar à Fallon, dans le Nevada, avant d'y affecter une escadrille d'entraînement tactique qui est appelée à être la seule de ce type dans le service, le Fighter Composite Squadron (VFC) 13, les "Saints". Ironiquement, dans une perspective helvétique du moins, cette escadrille a troqué ses 12 F/A-18 contre 25 F-5E pour sa mission d'adversaire permanent. Par ailleurs, le Corps des Marines possède également une escadrille de Tiger II ayant une mission semblable: le Fighter Attack Training Squadron (VMFAT) 401, les "Snipers", basé à Yuma en Arizona. Ce sont ces deux formations qui vont recevoir les 32 avions suisses et les utiliser pour l'entraînement au combat des pilotes de F/A-18.

L'intérêt des Etats-Unis pour nos appareils s'explique principalement pour deux raisons: d'une part, une force d'opposition composée de F-5E coûte un tiers du prix d'une escadrille utilisant des F/A-18 pour ce rôle; d'autre part, les appareils jouant ce rôle sont lourdement sollicités, et les Tiger de la marine ont ainsi 7000 heures de vol, contre moins de 3000 pour leurs homologues helvétiques. Toutefois, ces derniers subiront une transformation considérable: un nouveau système d'évaluation des performances, une instrumentation améliorée avec indicateur sonore des G, un récepteur d'alerte radar, des contre-mesures anti-radar et IR, ou encore un siège éjectable amélioré seront intégrés. Les réservoirs et les stabilisateurs verticaux seront également remplacés.

Le prix et les détails de la transaction n'a certes pas été dévoilés, mais en extrapolant le prix articulé pour la vente prévue au Brésil, on peut penser que 200 à 300 millions de francs constitue une fourchette réaliste. Une rentrée d'argent bienvenue pour le budget de l'armée, et qui pourrait permettre l'acquisition d'avions de combat ou de reconnaissance supplémentaires.




Cap Ludovic Monnerat    





Sources

Defense Daily Systems, "Swiss Tigers to fill aggressor role for F-18s", 2.8.02; Sao Paulo Gazeta Mercantil, "Brazil To Purchase F-5E Fighter Jets From Switzerland", 24.1.02; Federation of American Scientist, GlobalSecurity.org, DDPS.


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