Programme char de grenadiers 2000: les tests commencent
21 juin 1998
La planification établie début 1997 est respectée: c'est la semaine prochaine que la procédure d'évaluation pratique du programme char de grenadiers 2000 devient réalité. Présents à Frauenfeld à l'occasion des Journées de l'armée, les trois modèles retenus - le CV 9030, le Warrior 2000 et le M 12 - feront l'objet durant 6 à 7 mois de tests intensifs qui, en conjonction avec avec le rapport prix/prestation, permettront de proposer une acquisition dans le cadre d'un programme d'armement après 1999.
Char de grenadiers 2000
La nécessité du programme char de grenadiers 2000 est apparue en 1992, dans les étapes de réalisation d'Armée 95: les brigades blindées disposant grâce au char de combat 87 Leo d'une mobilité et d'une puissance de feu importante, il convenait de mettre en service un nouveau char gren. Les 400 M-113 des brigades blindées ne sont en effet plus à niveau: malgré les mesures de maintien et d'accroissement de leur valeur de combat, ils demeurent incapables de suivre les Leopard, donc d'accomplir leur mission, et leur puissance de feu comme leur protection ne sont plus d'époque. 35 ans de bons et loyaux services sont assez.
Interrompue en 1993, la procédure d'évaluation a été reprise en février 1997: la Suisse a émis un appel d'offres pour un char de grenadiers apte au combat de jour comme de nuit et doté comme armement principal d'un canon de 30 mm stabilisé. Huit mois plus tard, cette première phase aboutit à une sélection de trois modèles: le récent CV 9030 de Hägglunds (Suède) ainsi que les développements du Warrior de GKN Defence (Angleterre) et du Marder de Kuka (Allemagne). A présent, le programme passe aux tests pratiques, qui commencent à la fin de ce mois.
Tests intensifs en Suisse
Dotés de hautes qualités en terme de puissance de feu, de mobilité, de systèmes optroniques et électroniques, ces chars exigent des tests intensifs pour être départagés. La procédure comprend tout d'abord une phase de formation, pendant trois semaines, du personnel du Groupement de l'armement. Seront ensuite menés durant 6 mois des tests comprenant déplacements, entretiens, tirs avec munition réelle et exercices avec simulateurs, avec bien sûr participation de la troupe.
Ces tests seront tous menés en Suisse, sur les places d'armes de Thoune (berceau de l'ER gren chars 21/221), de Wichlen et Hinterrhein pour les tirs mais surtout de Bure, celle-ci offrant des configurations de terrain idéales pour l'évaluation des qualités tactiques des chars.
Coût total évalué à plus d'un milliard
Les exigences militaires ne sont toutefois pas seules à déterminer le meilleur candidat: le rapport prix/prestations, ainsi que la participation de l'industrie suisse, entreront aussi largement en ligne de compte. La décision devrait être prise au plus tard à mi-1999; les 400 M-113 des brigades blindées seront remplacés par quelque 300 chars de grenadiers 2000, acquis en deux versions: char de grenadiers et char de commandement.
L'acquisition se fera par tranches, dont une première de 180 chars dans un programme d'armement d'après 1999, afin d'autoriser une mise en service échelonnée entre 2002 et 2006. Le coût total est estimé à plus d'un milliard de francs. Mais le remplacement des M-113 ne pourra pas s'arrêter là, et le choix devra également considérer la polyvalence du chassis retenu.
Autres M-113: décision à venir
Notre armée compte en effet plus de 1300 M-113, la plupart datant des années 60, qui devront bien être remplacés. Les compagnies gren chars des bataillons de chars type B, incorporés aux divisions de campagne, totalisent 156 chars gren; compte tenu de la réduction d'effectifs impliquée par le programme "PROGRESS" (suppression d'un bat chars par division, celui doté de chars 68) et de l'inconvénient majeur que serait la formation de recrues sur deux chars pareillement différents, une solution souple sera sans doute élaborée avec Armée 200x.
En revanche, les compagnies lance-mines chars (types A et B) totalisent 246 M-113, dont 144 chars lm 64, à qui il conviendra de trouver un successeur, également doté de capacités de mobilité et de communication modernes; idem pour les chars de conduite de tir ou de commandement des groupes d'obusiers blindés et des bataillons du génie - soit 288 chars pour les seules brigades blindées...
Le choix n'en sera que plus important.
Lt Ludovic Monnerat
Sources
Communiqués de presse du DDPS (1) (2), documentation Hägglunds, GKN Defence, Kuka
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