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L’exercice multinational VIKING 05 : un investissement majeur au service de l’interopérabilité

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8 janvier 2006

VIKING 05D

u 5 au 16 décembre a eu lieu la quatrième édition de l’exercice biennal VIKING. Plus de 2000 participants dans 11 sites différents ont été impliqués dans 9 jours d’opérations simulées et ont renforcé les capacités et le savoir-faire des états-majors non membres de l’OTAN aux opérations de promotion de la paix.

L’armée suisse participe depuis 1999 de manière importante aux exercices d’état-major mis sur pied par les Forces armées suédoises. Avec VIKING 05, elle a même fait un effort supplémentaire : non seulement 33 officiers ont participé à l’exercice en Suède, dont 12 dans les états-majors exercés, mais un état-major multinational de brigade avec plusieurs bataillons a été mis sur pied à Lucerne, notamment avec l’intégration du stage de formation d’état-major général I. Au total, 170 Suisses ont pris part à cette quatrième édition.


«... Le contexte de l'exercice était celui d'une force multinationale mandatée par l'ONU pour intervenir dans une zone de conflit afin d'y maintenir une paix précaire, autour de nations artificielles recouvrant toute la Scandinavie »


Ce chiffre et cet engagement montrent l’intérêt que représente l’entraînement des états-majors dans le cadre du Partenariat pour la Paix. Si les 25 nations représentées comptaient une moitié de membres de l’OTAN, la grande majorité des officiers exercés provenaient en effet de pays neutres, et en particulier de Suède, d’Autriche et de Suisse. Une manière pour ces pays de renforcer leur interopérabilité avec l’Alliance atlantique, de participer plus facilement à ses opérations de promotion de la paix, sans pour autant renoncer à leur indépendance.



Un environnement complexe et réaliste

Le contexte de l’exercice était celui d’une force multinationale mandatée par l’ONU pour intervenir dans une zone de conflit afin d’y maintenir une paix précaire. Le scénario, développé à partir des éditions précédentes, était articulé autour de nations artificielles recouvrant toute la Scandinavie et reprenant sans la modifier sa géographie réelle. Le secteur d’engagement correspondait au territoire de la République de Bogaland, un pays déchiré entre deux ethnies – les Kasuriens et les Midans – et situé au sud de la Suède, avec des villes majeures telles que Stockholm, Uppsala, Västeras, Örebro, Södertälje ou Nörrköping, mais aussi toute l’île de Gotland. La situation était d’ailleurs très différente entre cette île, où se déroulait un conflit de basse intensité entre des groupes irréguliers, et le reste du pays, coupé en deux par une zone de séparation et sans hostilités ouvertes.

Judicieusement nommée Bogaland Force, ou BFOR, la force de maintien de la paix devait ainsi gérer deux situations à la fois différentes et interdépendantes. Le début de l’exercice était fixé au jour J+9, ce qui correspondait au débarquement de la BFOR sur l’île de Gotland et au 9e jour de sa présence sur le continent ; l’activité principale des états-majors exercés était donc de conduire une opération venant d’entrer dans sa phase cruciale, et de parvenir aussi vite que possible à faire respecter les dispositions de l’accord de paix signé entre toutes les parties. Mais si celles-ci donnaient l’impression de voir appliquer ces dispositions, avec notamment un retrait des forces lourdes et une interdiction de survol, des groupes irréguliers menés par des chefs de guerre s’en prenaient directement à la population civile et même aux soldats de la BFOR.

Celle-ci était structurée comme une force de circonstance multinationale interforces (Combined Joint Task Force, CJTF) de l’OTAN, à ceci près que la composante d’opérations spéciales n’avait pas été intégrée à l’exercice ; le caractère non classifié et diffusable sur Internet de celui-ci l’explique aisément. Ses différents éléments étaient cependant décentralisés pour l’exercice de la manière suivante :

  • Le niveau CJTF était partiellement simulé et correspondait surtout à la direction d’exercice, avec tous les éléments de contrôle nécessaires, ce qui représentait 500 personnes à Kungsängen ;


  • La composante terrestre (LCC), la composante aérienne (ACC) et la composante maritime (MCC) étaient basées à Enköping et rassemblaient environ 600 personnes ;


  • Les unités de la composante terrestre étaient distribuées, avec la 1ère brigade multinationale en Suisse (Lucerne), la 2e brigade – attribuée au MCC – en Finlande (Niinisalo), la 3e brigade en Slovénie (Ljubljana) avec 1 bataillon en Croatie (Zagreb), la 4e brigade en France (Limoges), la 5e brigade en Ukraine (Kiev), le 6e bataillon en Irlande (Curregh) et le 7e groupement de combat en Suède (Skövde).

Tous les participants à l’exercice étaient reliés à un seul et unique réseau, avec un courrier électronique interne et une gestion de dossiers transparents. Il était par exemple possible d’aller rechercher des informations dans les répertoires de la composante aérienne ou d’une brigade donnée pour vérifier quelque chose. Les contacts téléphoniques étaient également possibles de façon rapide entre les sites, même si la meilleure manière d’échanger les informations essentielles restait la vidéoconférence menée quotidiennement par les commandants des composantes avec leurs subordonnés directs. L’établissement et l’exploitation des moyens télématiques pour VIKING 05 étaient ainsi un défi immense, avec 11 sites dans 8 pays différents, mais qui a été relevé avec succès par les forces armées suédoises.

L’environnement créé dans l’exercice pour simuler l’opération réelle était également un succès. D’une part, la dimension militaire était simulée avec des cellules de réponse, c’est-à-dire des états-majors – voire des commandants d’unité – jouant leur propre rôle vis-à-vis des échelons supérieurs, et des opérateurs du système de simulation TYR, qui permet d’intégrer les mouvements et les actions basiques des formations. D’autre part, la dimension civile était simulée par des jeux de rôles de grandeur nature, avec par exemple des étudiants suédois en journalisme jouant le rôle de journalistes dans des conférences de presse quotidiennes, ou des membres d’agences onusiennes ou d’ONG représentant ces organisations lors de rencontres civilo-militaires.

Pour un officier engagé dans l’un des états-majors exercés, comme le soussigné l’a été, le déroulement des journées était ainsi très réaliste par rapport à sa fonction dans une opération réelle : la lecture des rapports de renseignements et d’activités des formations subordonnées, le contact téléphonique ou électronique avec les officiers de sa branche dans le sens vertical ou horizontal, le dépouillement des articles de presse ou la consultation des actualités télévisées, les briefings faits au commandement avec ses décisions concernant des ordres partiels ou des planifications prévisionnelles – tout était intégré dans l’exercice. De ce fait, ce dernier constituait une excellente formation pratique aux opérations de maintien de la paix menées dans le cadre de l’OTAN.



Lt col EMG Ludovic Monnerat  










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