Le grand jeu de l'Inter-Services Intelligence, le service de renseignements pakistanais (1)
7 décembre 2003
orsqu'il est question de l'Afghanistan, il est
immanquablement évoqué l'implication du Pakistan, notamment dans la mise en
place du régime des Talibans, et l'un des acteurs majeurs de ce nouveau
« grand jeu » en Asie Centrale est l'ISI, les services secrets du
Pakistan - l'Inter-Services Intelligence. Première partie.
Comme tous les pays, le Pakistan possède un service secret,
mais l'ISI dans ses prérogatives et ses actions dépasse de loin celles qui sont
communément admises ailleurs. Créé en 1948 par un officier britannique, cet
organisme s'est fait connaître au fil des années pour ses actions entreprises
contre son voisin immédiat, l'Inde. Engagée dans une lutte sans merci avec ce
pays, sans avoir jusqu'à présent atteint le stade ultime du conflit nucléaire,
le Pakistan a vu ses services secrets se développer et prospérer, au point où
il est communément admis que l'ISI est aujourd'hui « un Etat dans
l'Etat », qu'il est si « indépendant » du pouvoir politique que
l'on peut se demander qui influence et dirige qui entre l'exécutif pakistanais
et l'ISI.
«... Aujourd'hui, si le Général Musharraf emboîte le pas des Américains, n'oublions
donc pas que les salafistes savent aussi ce que peut être une alliance
objective et ses avantages. »
La guerre de proximité
pakistanaise contre son voisin « utérin » a pour enjeu principal le
Jammu-Cachemire, province montagneuse située au nord de ce pays, et force est
de constater que l'ISI s'y est engagé grandement, en mettant en place depuis
plusieurs années des réseaux et des mouvements islamistes radicaux pour contrer
New Delhi. Ce conflit avec l'Inde a été pendant plusieurs décennies le
principal axe de développement et d'actions de l'ISI.
Cependant, à partir de
1979, avec l'invasion soviétique en Afghanistan, les services secrets
pakistanais ont réorienté leur politique, ne voulant pas manquer la
« chance » que représentait cette guerre pour influer d'une manière
ou d'une autre sur leur voisin occidental, mais aussi pour être plus présent en
Asie Centrale, une zone fort convoitée par nombre de puissances - régionales ou
non.
Aujourd'hui, après
l'attentat multicible du 11 septembre 2001 et la politique entreprise par
Washington, il apparaît nécessaire de se pencher sur le Pakistan - puisque ce
pays est devenu la pièce-clef des enjeux géopolitiques de cette région - et
plus particulièrement sur l'ISI, puisque ces services ont eu et continuent
d'avoir un rôle « actif » et prééminent en Afghanistan.
Pour ne pas trop nous
étendre, nous centrerons volontairement cette approche de l'ISI exclusivement
sur l'axe Islamabad-Kaboul, sans oublier de traiter de la question de la
drogue, moyen de financement de ses actions ; néanmoins, un large
développement sur la structure et l'histoire succincte de ce service s'avère
nécessaire pour prendre toute la mesure de la spécificité de cette unité de
renseignement et d'action.
Le pouvoir croissant de l'ISI
Le rôle d'une agence de renseignement est de servir de
première ligne de défense en fournissant au gouvernement des informations le
plus rapidement possible sur les menaces portées à la sécurité nationale. Au
Pakistan, si l'ISI a gagné en force et en importance, c'est que depuis
l'indépendance les dirigeants politiques et militaires pakistanais ont toujours
éprouvé un fort sentiment de menace sur leur sécurité intérieure, notamment en
ce qui concerne les problèmes que posent les provinces du Sindh ou du
Pachtounistan, problèmes qui ont acquis aujourd'hui de fortes dimensions
ethno-nationalistes.
On peut dire que le « père fondateur » de l'ISI,
ou plutôt celui qui lui a donné sa force et sa puissance actuelle, fut le
général Ghulam Jillani Khan ; ce dernier fut Directeur général de l'ISI
sous trois régimes, sous le Président Yahya Khan, le premier Ministre Ali Bhutto
et le Président Zia. Sous son commandement, l'ISI est passée d'un rôle
périphérique dans la République Islamique du Pakistan à une entité
incontournable et redoutable à tous points de vues. L'ISI a copié sa structure
sur le service secret iranien, la Savak ; et tout comme la Savak, l'ISI a
été entraîné par la CIA et le SDECE.
Il y a trois agences de renseignement au Pakistan :
l'ISI, le Renseignement Militaire (MI) et le Bureau du Renseignement
(Intelligence Bureau, IB). Chaque entité a ses responsabilités propres, mais
partagent cependant le même but : assurer la sécurité nationale du pays.
Généralement, l'ISI et le MI se concentrent sur les affaires touchant aux
intérêts militaires immédiats, alors que l'IB est normalement plus spécialisé
sur les activités politiques intérieures. L'IB surveille les politiciens, les
militants politiques, les personnes « suspectées d'activités
terroristes », et bien sûr les agents de renseignement étrangers ;
des rapports indiquent que l'IB pratiquerait communément les écoutes clandestines,
interceptant et ouvrant le courrier privé.
Néanmoins, le rôle de l'IB reste mineur par rapport à celui
de l'ISI. Soulignons pourtant que les relations entre l'IB et l'ISI n'ont pas
toujours été bonnes, et que cela n'a pas spécialement œuvré pour le bien du
pays, ni pour le succès des armes du Pakistan… Le Président Ayub Khan utilisa
l'ISI à des fins politiques, comme le firent d'ailleurs ses successeurs Yahya
Khan et l'ancien Premier Ministre Zulfiquar Ali Bhutto. Et ainsi, sous le
régime d'Ayub, début 1965, pendant la guerre entre l'Inde et le Pakistan, l'ISI
était-elle incapable de localiser les divisions blindées indiennes à cause de
ses préoccupations en politique intérieure.
L'ISI a une organisation structurelle monolithique qui
couvre à la fois les opérations de renseignement extérieures et intérieures du
pays. L'ISI est une agence totalement militaire, mais elle est sous les ordres
du Premier Ministre, avec néanmoins un ministère de tutelle - pour son budget -
qui est celui de la défense. Quant à l'IB, elle est en grande majorité composée
d'officiers de police mais grandement sous la coupe d'officiers de l'armée
(d'active et en retraite) ; elle est sous les ordres du Ministre de
l'Intérieur, et émarge à ce ministère. Par ailleurs, comme beaucoup de pays, le
Pakistan a eu de sérieux problèmes pour diriger et maintenir ses
« services », à tel point qu'en cinquante ans, il y a eu pas moins de
six interventions du Collège de Coordination des Chefs d'Etat-Major (CJCSC)
pour revoir son fonctionnement.
Pendant les premières
trente années qui ont suivi l'indépendance du Pakistan le 14 août 1947, l'ISI
était davantage concentrée sur le renseignement intérieur que sur le
renseignement extérieur. A compter des années soixante-dix, l'ISI s'est alors
plutôt limitée, dans ses actions, sur le problème indien ; ceci était dû
au fait que le Pakistan avait entamé pas moins de trois guerres avec son voisin
oriental, et qu'il était préoccupé par la menace que faisait peser l'armée
indienne sur sa sécurité nationale. Par la suite, avec l'invasion soviétique en
Afghanistan, l'ISI a modifié ses centres d'intérêts, et a développé grandement
son orientation « externe », dépassant même le cadre afghan, et
agissant sur l'ensemble des pays de l'Asie Centrale. Ainsi, pendant les années
quatre-vingt, l'ISI a été étroitement impliquée dans la guérilla menée contre
l'Armée Rouge.
L'ISI, qui compte au minimum vingt-cinq mille personnes, a
toujours été commandée par un lieutenant-général issu de l'Armée de Terre,
appelé Directeur Général (DG-ISI). Aujourd'hui, et ce depuis le 8 octobre 2001,
le DG est le lieutenant-général Ehsanul Haq, un Pathane (un Pachtoune du
Pakistan), anciennement Commandant du Corps d'Armée des forces pakistanaises
basé à Peshawar, mais aussi ancien Chef des renseignements militaires (MI,
Military Intelligence); il a remplacé le très controversé lieutenant-général
Mahmoud Ahmed lequel avait entretenu des liens étroits avec l'exécutif des
Talibans.
Notons ici que le fait d'avoir choisi de mettre au sommet de
l'ISI quelqu'un qui a été six mois à la tête du Commandement du Corps d'Armée
de Peshawar, relève d'un choix judicieux ; en effet, le Commandant du
Corps de Peshawar est celui qui fournit de l'aide et qui sert de base
logistique aux Talibans. Ainsi, le nouveau DG-ISI est-il très au fait des
pratiques talibanes, connaissant leurs bases, l'état de leurs avoirs, leurs
secrets. Néanmoins on peut se demander si changer la tête d'un service comme
l'ISI peut suffire à changer les mentalités des personnes y travaillant,
engagés dans l'action depuis longtemps, et qui ont « pratiqué » des
réseaux et entretenu des contacts étroits dans les milieux religieux
salafistes.
Celui qui a nommé le
nouveau chef de l'ISI est le général Pervez Musharraf ; ce dernier est
arrivé au pouvoir, rappelons-le, par un coup d'Etat le 12 octobre 1999. On ne
peut pas dire que Musharraf soit un défenseur affiché des islamistes
radicaux ; et il apparaîtrait même à première vue comme un laïc, pour
autant que cela signifie quelque chose dans une République Islamique. Dans son
premier discours à la nation, il critiquait d'ailleurs « les éléments qui
exploitent la religion au bénéfice d'intérêts particuliers ». Musharraf
est aussi un fervent admirateur de Mustapha Kemal, et il parle d'ailleurs le turc
couramment. Mais ceci ne permet cependant pas d'avancer qu'il soit opposé aux
islamistes. A ce sujet, notons sa longue et grande amitié pour le
lieutenant-général (CR) Javed Nasir, fondamentaliste déoband s'il en est, et
ancien DG-ISI ; et aussi ce que dit un analyste américain éminent, Selig
Harrison, qui avance que le général Musharraf aurait des liens très anciens
avec les groupes fondamentalistes islamiques comme Harkat-ul-Mujahideen (HUM)
et le Harkat ul Ansar.
D'ailleurs, il est rapporté
que peu après sa nomination comme Chef d'Etat-Major, Musharraf aurait promu un
certain nombre d'officiers aux liens très étroits avec les fondamentalistes.
Aujourd'hui, si le Général Musharraf emboîte le pas des Américains, n'oublions
donc pas que les salafistes savent aussi ce que peut être une alliance
objective et ses avantages. Un ambassadeur d'un pays asiatique musulman
avançait d'ailleurs qu'il y avait au Pakistan une bombe à retardement prête à
exploser : « En Indonésie ou en Turquie, vous avez une armée et des
classes moyennes qui défendent les valeurs séculières, mais ici au Pakistan,
l'armée ne fera aucune résistance à un mouvement islamique et aucun parti ne
souhaitera se lever contre le fondamentalisme. »
La diffusion du
fondamentalisme islamique provient de plus en plus de l'armée pakistanaise
elle-même, constate Elie Krakowski, chercheur à l'Institute for Afghan
Studies ; beaucoup plus de jeunes officiers sortent des madrassas que des
écoles et collèges nationaux, et près de 30% des officiers de l'Armée de Terre
d'aujourd'hui disent être « des militants islamiques et réceptifs aux
appels des partis religieux en faveur d'une révolution islamique au
Pakistan ». L'Inter-Services Intelligence étant un organisme militaire
à 100%, il n'échappe pas, bien sûr, à ce courant islamiste.
La structure de l'ISI
Le Directeur Général de l'ISI, aujourd'hui donc le
Lieutenant-Général Ehsanul Haq, est secondé par trois directeurs généraux
adjoints (DDG, Deputy Directors-General), le premier responsable de la branche
« politique » (DDG), le second de la branche « extérieure »
(DDG-I) et le troisième responsable de la partie
« administration »(DDG-II). L'ISI, dont le quartier général est situé
derrière les hauts murs le long de l'avenue Khayban-e-Suharwady au cœur
d'Islamabad, est structurée en huit divisions :
- Le
Bureau de coordination du renseignement (Joint Intelligence Bureau, JIB),
responsable de la collecte du renseignement émanant de sources ouvertes
(Open Source Intelligence, OSINT) et du renseignement humain (HUMINT),
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Pakistan ;
- Le
Bureau de coordination du contre-espionnage (Joint Counter-Intelligence
Bureau, JCIB), responsable du contre-espionnage aussi bien
sur le territoire pakistanais qu'à l'extérieur de celui-ci ; c'est la
DST pakistanaise. Quatre directeurs en assurent le commandement : le
directeur chargé de la surveillance de terrain, des diplomates étrangers
et des non-pakistanais présents sur le territoire de la République
Islamique du Pakistan ; le directeur chargé des affaires politiques
externes ; le directeur plus spécialement en charge de l'Asie, de
l'Europe et du Moyen-orient ; enfin, un directeur attaché auprès du
Secrétariat du Premier Ministre. Le JCIB recèle également une unité
appelée Section de Sécurité Inter Arme (Inter Service Security Section,
ISSS) dont la tâche principale est la surveillance des personnels de
l'ISI. Le JCIB est présent sous forme de détachements à Lahore, Peshawar,
Karachi, Kohat, Rawalpindi, Mardan, Nowshera, Attock, Hyderabad, Tulbul, Gilgit,
etc. ;
- Le
Bureau de coordination du renseignement électronique (Joint Signals
Intelligence Bureau, JSIB), responsable, lui, de tout
ce qui touche de près ou de loin aux communications à l'intérieur et à
l'extérieur du Pakistan, ceci sous la coupe d'un directeur technique du
rang de colonel. Un grand nombre d'officier et d'hommes travaillant au
JSIB sont issus de l'Arme des Transmissions. Le JSIB a des représentations
situées à Karachi, Lahore et Peshawar, ces trois unités étant chacune
dirigée par un directeur adjoint. Trois autres directeurs adjoints
assistent le directeur technique, le premier chargé des communications
radio, le second des écoutes et le troisième de la photographie. Notons
qu'un grand nombre de stations
d'écoutes du JSIB sont situées le long de la frontière avec l'Inde
(Bharat). C'est le JSIB qui fournit en matériel radio les agents opérant
au Cachemire ;
- La
Coordination du renseignement Nord (Joint Intelligence North, JIN),
chargée de la guerre au Jammu-Cachemire et du contrôle de l'Afghanistan
par le biais des Talibans. Elle est chargée de l'« Armée de l'Islam » regroupant des
organisations comme le groupe Al Quaeda (La Base) d'Oussama Ben laden, le
Harkat-ul-Mujahideen (HUM) et le Jaish-e-Mohammad (JEM) de Maulana Massoud
Azhar, le Laskar-e-Toiba, ainsi que le Al Badr. Le Lieutenant-Général
Mohammad Aziz, Commandant de Corps d'Armée à Lahore serait le Chef
d'Etat-Major clandestin de cette « Armée de l'Islam ».
Notons que le HUM serait membre du Front Islamique
International d'Oussama Ben Laden selon le Pattern
of Global Terrorism pour l'année 2000, établi par la Division
anti-terroriste du Secrétariat d'Etat américain, rendu public le 30 avril 2001.
Le HUM (Harkat-ul-Mujahideen) est basé à Muzaffarabad, à Rawalpindi ainsi que
dans plusieurs autres villes du Pakistan et d'Afghanistan, mais ses membres
mènent des insurrections et des activités terroristes principalement au
Cachemire ; ses militants étant entraînés en Afghanistan et au Pakistan.
Ce mouvement reçoit des fonds de l'Arabie Saoudite et d'autres pays du Golfe,
comme du Pakistan et du Cachemire.
Quant au JEM (Jaish-e-Mohammad), il est lui aussi basé au
Pakistan ; il s'est développé rapidement en taille et en capacités depuis
que l'ultra fondamentaliste Maulana Massoud Azhar en a annoncé sa création en
février 2001. Le JEM aspire à l'unité du Cachemire et du Pakistan, et il est
politiquement aligné avec le parti radical pro Taliban, Jamiat-i Ulema-i Islam
(JUI). C'est d'ailleurs le JUI qui est, avec d'autres mouvements salafistes,
maître recruteur des milliers de pakistanais combattant en Afghanistan. Le
secrétaire général de ce parti, le Docteur Khalid Mehmoud Soomro, déclarait
sans complexe : « Soyons clairs ; les groupes Jihad ne peuvent
fonctionner ni survivre sans un patronage officiel [pakistanais] . Y aurait-il
d'ailleurs un seul centre d'entraînement à la Jihad en mesure d'opérer sans le
consentement de l'armée pakistanaise ? D'où pensez-vous que leurs fonds
proviennent ? Ils ne pourraient sûrement pas subsister des seuls dons
issus d'individus. Ces groupes ont des téléphones mobiles, des land cruisers et
des armes.»
En ce qui concerne plus particulièrement le LET
(Laskar-e-Toiba), regroupé à Murdke (près de Lahore) et à Muzaffarabad, il
entraîne ses militants dans des camps mobiles de l'autre côté du Cachemire
pakistanais ainsi qu'en Afghanistan. Le LET avance que « plus de 300 de
ses martyrs ont été tués auprès des Forces Islamiques en Afghanistan, au
Tadjikistan, en Bosnie, en Tchétchénie, au Liban, au Cashmire et ailleurs. »
Pour en
revenir au JIN (Joint Intelligence North), il serait également chargé du
contrôle sur la culture de l'opium, le raffinement de l'héroïne comme de la
contrebande entre le territoire pakistanais et afghan. La sous-section traitant
particulièrement de l'Afghanistan est structurée en trois branches : la
première s'occupant de l'entraînement et des opérations, la seconde de la
distribution des armes et du support logistique, la dernière traitant du
problème des réfugiés afghans et de la guerre psychologique. C'est cette
dernière qui a réussi un des plus beaux « coups » en pratiquant la
désinformation au détriment des afghans anti-Talibans.
Il faut relater ici
cette opération car ses conséquences sont aujourd'hui encore bien vivaces. On
peut vérifier que pour qualifier les opposants aux Talibans, le terme
habituellement usité est celui d' «Alliance du Nord » ; or,
cette appellation n'est autre qu'un terme qui a été crée de toute pièce par le
JIN afin de stigmatiser et discréditer ces forces d'opposition, et faire croire
à l'opinion internationale qu'il ne s'agit que d'un groupuscule
géographiquement et ethniquement circonscrit, alors que ce n'est pas le cas. Le
seul terme propre et adéquat pour qualifier impartialement la coalition
anti-Taliban est et a toujours été "Front Uni" ou, dans sa forme
intégrale, "Front Uni Islamique et National pour le Salut de
l'Afghanistan", le Jabha-yi Muttahid-i Islami-yi Milli bara-yi Nijat-i
Afghanistan. En un premier temps le JIN a fait circuler cette fausse appellation
dans les médias pakistanais, et par le principe bien connu des relais, elle est
devenue celle de tous les médias occidentaux sans exception…
-
La Coordination du renseignement divers (Joint Intelligence Miscellaneous, JIM), en
charge des actions secrètes partout dans le monde et de l'acquisition du
renseignement sur le nucléaire et la technique balistique (missiles). C'est le
JIM qui a permis au Pakistan d'avoir « la bombe ». Le JIM est
commandé par un directeur des opérations qui est lui même secondé par deux
adjoints, le premier chargé de l'Europe et des Etats-Unis, le second de l'Asie
et du Moyen-Orient.
-
La
Coordination du renseignement X (Joint Intelligence X, JIX),
responsable de l'administration et de la comptabilité des services. Il assure
également une aide substantielle au profit des différentes branches de l'ISI ; c'est le JIX qui
prépare les estimations du renseignement et l'évaluation des menaces. Le directeur du JIX est secondé par
cinq adjoints, lesquels ont pour tâche : l'administration, le budget, les
comptes, les transports et les activités diverses.
-
La
Coordination du renseignement technique (Joint Intelligence Technical, JIT), qui a la
charge de la collecte de tous les renseignements d'ordre technique (TECHINT)
autres que ceux touchant aux communications, mais également des recherches et
développements portant sur les « artifices » et autres
« gadgets » propres aux services spéciaux du monde entier.
- La
Branche spéciale (Special Wing), qui a pour mission
d'entraîner et de former au renseignement des Forces Armées au sein de
l'Académie du Renseignement des Services de Défense (ISI Academy), et qui
est aussi responsable des liaisons avec les services et les organismes de
sécurité étrangers (Military Liaison Section, MLS). L'Académie est dirigée
par un directeur adjoint, qui est assisté par un officier chargé
spécialement des questions des langues étrangères, et d'un autre officier
chargé de l'entraînement technique.
Philippe Raggi, membre de l'Académie Internationale de Géopolitique et du Centre Français de Recherche sur le
Renseignement (CF2R)
Paru dans Guerre
secrète contre Al Qaeda, sous la direction d'Eric Dénécé (Ed. Ellipses), et
dans Renseignement & Opérations
Spéciales n°9 (Ed. de L'Harmattan).