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Victor Davis Hanson, Carnage & Culture,
Flammarion, 2002

7 septembre 2003

Victor Davis Hanson - Carnage & CultureL

a supériorité militaire de l’Occident et sa capacité à projeter des forces armées est une constante depuis l’Antiquité. Grâce à l’étude détaillée de 9 batailles qui ont marqué l’histoire, ce livre montre que son bagage culturel en est la cause majeure.

Historien militaire et éditorialiste réputé, Victor Davis Hanson est un spécialiste de la Grèce ancienne qui enseigne notamment à l’Université de Californie, tout en assurant l’exploitation d’un domaine agricole. Dans la lignée de John Keegan, il s’est attelé depuis plus d’une décennie à décrire la réalité des combats antiques, à montrer les valeurs portées par les combattants. Son premier ouvrage traduit en français, Le modèle occidental de la guerre, a initié une recherche qui trouve avec Carnage & Culture un aboutissement certain.

Sous-titré Les grandes batailles qui ont fait l’Occident, ce livre de 600 pages a pour ambition d’expliquer la supériorité militaire occidentale tout au long de l’histoire. Pour ce faire, l’auteur renoue avec une tradition en voie de désuétude, et propose d’étudier le déroulement et les protagonistes de 9 batailles presque toutes célèbres : Salamine (480), Gaugamèles (331), Cannes (216), Poitiers (732), Tenochtitlan (1521), Lépante (1571), Rorke’s Drift (1879), Midway (1942) et le Têt (1968).

Le choix de ces combats, qui vont du succès éclatant à la défaite écrasante, n’est pas limitatif : Victor Davis Hanson les utilise avant tout pour révéler les traits d’une époque, les différences des belligérants, et parsème ses analyses d’éléments tirés d’affrontements contemporains. Il est ainsi impossible d’évoquer Salamine sans le désastre des Thermopyles, Rorke’s Drift – un affrontement mineur mais significatif – sans le massacre d’Ishandlwana, ou Midway sans les heurts de la Mer de Corail.

Ces batailles permettent cependant de vérifier une constante : les combattants occidentaux ont toujours été plus libres, plus indépendants, plus autocritiques et plus pragmatiques que leurs adversaires non-occidentaux. Même sous les régimes européens les plus autocratiques, la discussion et la critique a largement influencé le déroulement des opérations militaires. A l’inverse, leurs adversaires ont souvent payé le prix de croyances irrationnelles et d’autorités déifiées.

Par ailleurs, le modèle de la guerre occidental doit beaucoup à la polis grecque, à une époque où les armées étaient formées de citoyens-soldats réunis en rangs de hoplites : la nécessité de rapidement retourner aux champs imposait des hostilités abrégées, et donc la recherche constante de batailles décisives. L’auteur montre de manière convaincante que ce bagage culturel a fait – et fait encore – des armées occidentales les machines à tuer les plus efficaces de la planète.

Bien entendu, supériorité ne signifie pas invincibilité : les avantages dus au rationalisme empirique, au militarisme civique ou à l’individualisme critique ne parviennent pas toujours à compenser les erreurs de dirigeants incompétents. Mais si Cannes n’a pas provoqué l’effondrement de Rome ou si la Noche Triste n’a pas stoppé l’invasion espagnole en Amérique centrale, c’est que l’ensemble des valeurs portées par les Romains et les Castillans étaient militairement plus efficaces, à terme, que celles de leurs adversaires.

La grande originalité de ce livre passionnant est de montrer que cette supériorité n’a rien à voir avec la morale, la justice ou le courage des belligérants. Les tentatives idéologiquement marquées d’expliquer la suprématie de l’Occident par la géographie ou l’économie sont ici balayées par la précision des analyses, la justesse des comparaisons et la perspective historique. Les parallèles entre les guerres du Péloponnèse et du Vietnam en matière de critique, par exemple, sont éclatants.

Victor Davis Hanson conclut par une vision inquiétante, celle d’un monde occidentalisé où l’efficacité militaire brute conduit à des guerres plus meurtrières encore que celles du siècle dernier. A l’heure où la théorie du «choc des civilisations» est bien davantage en vogue, cette considération mérite autant d’attention que l’ouvrage tout entier.




Maj EMG Ludovic Monnerat    









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