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Colibri 2004 : les troupes allemandes et françaises s’entraînent à l’évacuation de citoyens menacés

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31 octobre 2004

Char léger WieselL

es opérations d’évacuation de non combattants s’inscrivent dans des contextes de crises lointaines et d’hostilités incertaines qui les rendent complexes à mener. La Bundeswehr et l’Armée de Terre se sont récemment entraînées, à l’occasion de la 40e édition d’un exercice binational.

Aérodrome de Trier-Föhren. Entre des petits avions de tourisme en mouvement, des avions de transport allemands de type Transall attendent. Des soldats déchargent la cargaison : de petits chars de grenadiers Wiesel – armés de missiles antichars et de mitrailleuses. Sous le souffle des propulseurs, des parachutistes sortent leurs sacs à dos des machines et s’accroupissent sur l’herbe humide. Le bruit est assourdissant. A l’horizon apparaissent 3 hélicoptères de transport CH-53 de la prochaine vague. Les Wiesel se dispersent au loin dans le terrain. Le Transall « vide » roule à nouveau pour son envol.


«... Les citoyens allemands, français et membres de l'UE ont la priorité. Si des places sont encore disponibles, les soldats peuvent également emmener des ressortissants de pays tiers. »


Le 40e exercice franco-allemand « COLIBRI » commence le 30 août par de spectaculaires opérations aéroportées : des forces allemandes opèrent à partir de l’aérodrome de Trier-Föhren, pendant que des parachutistes français occupent un aéroport près de Sarrelouis. Le scénario porte cette année sur l’évacuation de citoyens allemands et français d’un pays en crise, nommé Saarlandia. La population locale est déstabilisée par des troubles internes et fait face aux étrangers, sans toutefois devenir hostile. Le danger provient essentiellement de forces d’opposition paramilitaires.

Les 600 soldats allemands font partie de la formation qui dirige l’exercice, la brigade aéromobile 26, et de ses unités subordonnées. Ensuite viennent des éléments de la logistique, des spécialistes de la police militaire et des pionniers du génie aéromobiles. Un appui est en outre fourni par des moyens de combat, des sanitaires et l’information opérative [opérations psychologiques en langage international, note du traducteur]. En tout, 1200 soldats allemands et français participent à cet exercice long d’une semaine.



Entraînement des cadres avant tout

Nuit de jeudi, 2 septembre. A partir d’un Transall volant à une altitude de 3500 mètres, 25 soldats appartenant à la section parachutiste spéciale du bataillon parachutiste 261 sautent aux environs de l’aérodrome de Trier-Föhren. La phase cruciale de « COLIBRI » a débuté. Suspendus à leurs voiles, les paras planent et franchissent les quelques kilomètres qui les séparent de leur objectif, avant d’atterrir sous la protection des ténèbres. Les jours précédents, les éléments d’exploration profonde avaient déjà reconnu le petit aérodrome et l’avaient recommandé comme base opérationnelle avancée (BOA). La mission de la section spéciale consiste à négocier des droits d’utilisation de l’aérodrome avec les autorités locales. C’est ensuite que des forces supplémentaires équipées d’armements lourds pourront se poser. Avec environ 50 soldats, la section spéciale assure le secteur pendant la première nuit.

Le matin suivant, les éléments de renfort situés sur l’aéroport de Zweibrücken dans le pays voisin, Pfalzia, y établissent une base de soutien avancée. Ils devront procéder à l’opération d’évacuation dans le pays en proie aux troubles. Grâce au transport aérien, 400 soldats et 100 véhicules entre autres sont acheminés sur Trier. Pour le premier jour de transfert, 18 vols de Transall et 30 vols de CH-53 sont planifiés. A la fin du week-end, on en comptera plus de 200.

Entre la piste et le taxiway, quatre hélicoptères de transport CH-53 attendent l’autorisation de décoller, alors que quatre Pumas français sont en approche. Activité fébrile dans la tour. « Au total, nous attendons aujourd’hui 200 décollages et atterrissages », précise le sergent-major chef Stefan Emich, qui est le sergent-major du groupe d’engagement. Et tous ces vols ne sont pas militaires, car l’exploitation civile se poursuit : l’aérodrome de Trier est utilité par des sociétés de vol sportif. Des pilotes amateurs arrivent sans cesse à la tour pour s’acquitter des taxes. La ville de Trier a mis gratuitement la tour et des hangars vides à la disposition de la Bundeswehr. Les coûts pour le troupe se limitent aux décollages et atterrissages. Un signe de la vive reconnaissance dont jouit la Bundeswehr dans cette région.

Jusqu’au milieu de la nuit de samedi, des hélicoptères déchargent du personnel et du matériel, par des Bell UH-1D utilisant leur élingue. Le long de la piste, les soldats ont monté leur tente et se préparent pour le premier engagement : la nuit suivante – plusieurs soldats venant d’arriver – commence la première évacuation. A 2130, une colonne se met en mouvement, franchit le checkpoint renforcé de barbelés des éléments de sûreté, et s’avance sur la route de campagne. Un Wiesel roule devant, suivi de Wolfs [équivalent au Puch, NDT], de camions chargés de soldats et d’autres véhicules pour le transport des Echos – les citoyens à évacuer.

A la vitesse de 30 km/h, le convoi utilise des routes secondaires pour atteindre son objectif, le pas de tir à Hermeskeil. A bord se trouve le sous-officier Martin Jahn et ses camarades de la 261/2 : « l’opération se déroule sans problème. » Pour les soldats contractuels de la 2e compagnie, de tels exercices sont routiniers. Le bataillon 261 reprend actuellement la mission d’évacuation qui occupe depuis 2000 le bataillon parachutiste 263, afin de répartir la disponibilité opérationnelle sur davantage de soldats. En cas de crise, ils peuvent gagner un secteur d’engagement donné dans les délais les plus brefs.

Après l’évacuation, de nombreux soldats de la compagnie sont déçus, car ils avaient attendu davantage d’action de l’exercice. Une autre compagnie va se charger des deux autres évacuations. Pour se distraire, les soldats puisent dans leurs réserves de nourriture. Le commandant du groupement, le lieutenant-colonel Jost Fohmann, comprend ces soldats, mais « une opération d’évacuation se déroule bien lorsque aucune fusillade n’éclate. Lors d’un engagement, personne ne se plaindrait d’avoir trop peu de travail. »

En fait, « COLIBRI » est en premier lieu conçu pour l’entraînement des cadres. « Les défis d’un tel exercice sont posés dans le domaine logistique et opératif », explique Fohmann. Pour les soldats, il constitue une récompense pour leurs efforts. « Ici, ils peuvent montrer ouvertement ce qu’ils ont jusqu’alors appris avec succès dans leurs unités. » Le plus grand défi est ainsi constitué par le respect précis de la planification des transports aériens.



Priorité aux citoyens européens

Samedi matin, 0900. L’herbe qui longe la piste d’envol est encore humide. « Attaque aérienne ! » Le cri d’alarme chasse les soldats épuisés de leur sac de couchage. La plupart n’ont qu’à peine dormi. Sous le soleil, deux avions à hélices apparaissent à basse altitude au-dessus de l’aérodrome. Les Wiesel ouvrent le feu, les soldats courent à leurs positions et mettent des mitrailleuses en batterie. Les avions changent de cap. Personne ne se plaint de ce harcèlement matinal. « Enfin un peu d’action », éprouvent les conscrits de la 4/263. Ils avaient été informés lors de l’arrivée que des dissidents avaient volé des avions civils. La première grande mission les attend à midi : la deuxième évacuation. « COLIBRI » est le premier et dernier grand exercice de leurs 9 mois de service. La motivation est donc à la hauteur de l’événement. « Les 5 semaines d’instruction valaient vraiment la peine », estime l’appointé-chef Benjamin Wittmann.

La route menant de Trier à l’ancienne caserne française passe par le Moseltal. A l’entrée, une surprise attend le sergent-major Andreas Lanninger et son groupe : des paramilitaires ont dressé une barricade. Lanninger évalue la situation et entame des négociations. Il offre des cigarettes pour débloquer la situation. Soudain, le convoi arrive et le premier-lieutenant Claudius Manzetti prend le commandement. Avec des mots amicaux mais décidés, et en menaçant d’employer la force, il parvient enfin à faire dégager la route. Le convoi continue et entre dans le village d’exercice.

« A l’aide ! » [en français dans le texte, NDT] Des gens fatigués attendent et harcèlent les soldats dès leur arrivée. Le premier-lieutenant Manzetti fait descendre les soldats et prendre position. Les policiers militaires entrent ensuite en action : le lieutenant Alain Dewald, du commandement de la police militaire de Bruchsal, rassemble les citoyens étrangers pour la vérification. La première station est le contrôle d’identité, où les passeports sont vérifiés et comparés avec la liste d’évacuation. « Les citoyens allemands, français et membres de l’UE ont la priorité », explique Dewald. Si des places sont encore disponibles, les soldats peuvent également emmener des ressortissants de pays tiers. Les bagages sont contrôlés à la deuxième station, puis les policiers militaires fouillent les évacués à la recherche d’armes et d’objets dangereux. Au quatrième point, d’autres données personnelles seront enregistrées.

« Il manque une famille », annonce un citoyen allemand au chef de convoi. Manzetti décide d’attendre. Il doit à présent soupeser le danger croissant que courent les soldats et le plan horaire serré avec la mission d’évacuer tout le monde. « Nous attendons encore 30 minutes. » Les soldats de l’information opérative commencent à diffuser des messages avec leurs haut-parleurs.

L’ambassade allemande responsable des citoyens dans le pays en crise est appuyée lors d’une telle opération d’évacuation par une équipe de soutien en cas de crise fournie par la Bundeswehr. Elle établit des points de rassemblement et contribue à informer les personnes devant être évacuées. Les préparatifs se font autant que possible dans le calme. Si les citoyens nationaux refusent de partir, ils doivent signer sur place une déclaration de renonciation.

Cette année, la représentation des citoyens a été pour la première fois assurée par des soldats français et allemands. Cent cinquante acteurs ont été engagés comme évacués ou manifestants lors de l’opération. Pour les soldats, c’était un plaisir particulier. En revanche, il n’y a presque pas eu de contacts entre Allemands et Français durant l’exercice. Le groupement français « Tigre » et le groupement allemand « Leopard » ont opéré de manière séparée. Seul l’état-major de la force engagée était binational. Toutefois, les Allemands et les Français ont fait connaissance dans les trois journées d’instruction qui ont précédé la phase-clef de l’exercice.

Dans le convoi d’évacuation, les citoyens sont enregistrés et occupent les véhicules. « En avant ! », ordonne Manzetti. Les derniers manquants sont entre-temps arrivés, et le convoi prend le chemin du retour. Une autre évacuation à partir de la piste d’envol est prévue pour dimanche soir. « Les soldats doivent maîtriser les deux possibilités », explique le lieutenant-colonel Fohmann, « car parfois les points de rassemblement se trouvent hors de portée des aéronefs, ou alors les risques sont trop hauts. »

Peu après minuit, les derniers évacués parviennent au centre de contrôle de l’évacuation à Föhren. A l’issue d’une dernière nuit tranquille à Saarlandia, le mouvement de retour sur Zweibrücken est planifié pour le lundi. Au fil des minutes décollent et atterrissent les Transall allemands et français, afin de transporter le matériel et le personnel. Véhicules et soldats disparaissent peu à peu dans les machines. Les hommes se réjouissent maintenant de la soirée qu’ils passeront ensemble.

Dans la tour se trouvent encore les deux sergents-majors du groupe de conduite de l’engagement. « Nous venons les premiers et partons les derniers », soupire Emich. Aux environs de midi, le dernier Transall quitte l’aérodrome. Jusque-là, les soldats de la section spéciale se sont chargés de la sécurisation du bâtiment de la tour. Après plus de 72 heures, l’exercice « COLIBRI 2004 » s’achève également pour eux.



Texte original: Frank Schuldt, "Raus aus Saarlandia", Y. - Magazin der Bundeswehr, Oktober 2004  
Traduction et réécriture: Lt col EMG Ludovic Monnerat
  










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