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L’expérience montre les qualités des drones dans la surveillance et la reconnaissance

25 avril 2003

Drone ADS 95D

urant le dernier Swiss Raid Commando, un drone ADS 95 a été engagé au-dessus de la plaine de l’Orbe ainsi que du Jura vaudois et neuchâtelois. Les expériences faites avec cet appareil ont démontré ses remarquables qualités, de jour comme de nuit, mais aussi les limites inhérentes à sa conception.

Concours militaire créé en 1986, le Swiss Raid Commando 03 (SRC) est devenu depuis 1999 une opération interarmées exigeant des moyens aussi considérables que diversifiés. Pour la mise sur pied de la XVe édition, du 26 au 28 septembre derniers, ce ne sont pas moins de 3000 hommes provenant de 7 bataillons et de plusieurs écoles qui ont été engagés. De plus, la composante aérienne comprenait non seulement 5 Super Puma / Cougar et 2 Alouette III, mais également un drone ADS 95.



«... L'ADS 95 est un système dont les qualités mécaniques et optiques sont absolument remarquables. Son intégration à un système de commandement numérique décuplerait encore son potentiel. »


Ce déploiement d'un avion sans pilote avait essentiellement un caractère expérimental : il s'agissait de voir quelles prestations l'ADS 95 est en mesure de fournir et quelles servitudes sont liées à son emploi. Comme le soussigné était le client principal des prises de vues réalisées, en tant que sous-chef d'état-major conduite (la cellule S6 englobait les éléments de renseignements S2), il m'a paru intéressant de décrire les enseignements tirés de cet engagement.



Un système simple et performant

Le drone d’exploration 95 Ranger a été développé conjointement par les sociétés suisses Oerlikon Contraves et Ruag Aerospace avec les firmes israéliennes IAI et Tadiran. Quatre systèmes complets, chacun comprenant 7 drones et 2 stations de contrôle terrestres, ont été achetés en 1995 pour la somme de 350 millions de francs. L’appareil de série a fait son premier vol en mars 1998 au-dessus du territoire israélien, et les livraisons aux Forces aériennes ont commencé moins d’une année plus tard. Un exemplaire s’est écrasé en octobre 1999 lors d’un vol d’instruction.

Basé sur la longue expérience israélienne en matière de drones, l’ADS 95 a une envergure de 5,7 m et une longueur de 4,6 m, un poids maximal de 270 kg et une vitesse de pointe atteignant 220 km/h. Il dispose d’un système de décollage et d’atterrissage automatique comportant notamment un télémètre laser, et peut également être lancé à partir d’une catapulte hydropneumatique. Son autonomie atteint 4 heures, son altitude standard oscille entre 1000 et 3000 m au-dessus du sol, et la distance entre l’appareil et la station terrestre ne doit pas dépasser 100 km. La caméra stabilisée qu’il emmène, à la fois TV et FLIR, est donc utilisable de jour comme de nuit.

Le dispositif utilisé durant le SRC était le suivant : le drone décollait de Payerne – sauf une fois de Dübendorf – et volait directement jusqu’au secteur d’engagement, en liaison permanente avec un opérateur aux commandes (accessoirement, ce dernier est un pilote) dans la station terrestre principale située également à Payerne. Dans le quartier-général du SRC, à Chamblon, une station réceptrice fournissant l’image et les indicateurs de vol du drone avait été installée, et les instructions étaient données par radio au pilote. Les images essentielles étaient ensuite enregistrées sur des cassettes SVHS et disponibles pour la projection.

L’une des particularités de l’ADS 95 réside dans le fait que sa petite taille le rend difficile à détecter, malgré le rouge vif qu’il arbore partiellement ; cette caractéristique est certes essentielle pour un appareil sans pilote susceptible d’être engagé en milieu semi-permissif ou hostile, mais elle pose certains risques dans l’espace aérien civil. Afin de limiter ceux-ci, les vols de jour font donc l’objet d’une escorte prenant la forme d’un Pilatus PC-7 ou d’une Alouette III – en l’occurrence celle-ci pendant le SRC. En revanche, de nuit, le drone reste absolument seul, et la coordination avec les vols des Super Puma / Cougar revêt bien entendu une importance cruciale.

L’engagement de l’ADS 95 au profit du SRC s’est fait pendant trois séquences d’environ 3 heures, chacune en fonction d’objectif bien différents :

  • Le jeudi 25.9.03, le drone a été engagé de jour au-dessus du Jura vaudois et neuchâtelois afin d’identifier et de filmer des objectifs fixes de la phase action, alors en cours de montage. Il s’agissait de réaliser des bandes susceptibles d’être ensuite utilisées lors d’un briefing aux raiders pour montrer des images animées et détaillées des infrastructures qu’ils seraient chargés de détruire ou des bâtiments abritant des prisonniers à libérer. L’ADS 95 a fait merveille dans cette utilisation : la capacité du système a automatiquement orienter sa caméra sur un point donné après l’entrée des coordonnées correspondantes, le zoom puissant de l’image et sa parfaite stabilisation quelle que soit la position de l’appareil permettent de prendre rapidement des images remarquablement précises. L’identification de bâtiments isolés dans une localité est parfaitement possible. De plus, la distance du drone par rapport à l’objectif, dépassant parfois 3 km, autorise des prises de vues presque horizontales, et donc plus faciles à exploiter. La seule faiblesse actuelle du système réside dans les cassettes SVHS, qui exigent une numérisation subséquente pour être ensuite exploitables ; une sortie sur DVD-R serait ici idéale.


  • Le vendredi 26.9.03, le drone a été engagé de jour au-dessus de la plaine de l’Orbe afin de surveiller le déroulement de la phase sélection. Il s’agissait de faciliter la conduite de la phase en identifiant les fortes concentrations de raiders et les bouchons qui en résultent sur les postes. L’ADS 95 a montré les limites du système dans cette utilisation : la recherche libre d’éléments dignes d’attention dans un secteur comprenant Baulmes, Vugelles, Yverdon et Chamblon constitue une tâche mal adaptée au drone. La difficulté à distinguer les raiders de l’activité normale de la région, la dimension considérable de la zone à surveiller et le nombre de postes distincts (38) ont réduit la contribution du drone dans cette phase. Il en serait allé différemment si nous avions limité le nombre de postes à évaluer et la zone à survoler, car cela aurait permis une surveillance constante des points les plus critiques. En tout état de cause, il est inutile d’employer un drone sans savoir exactement ce que l’on recherche et sans connaître précisément les zones susceptibles de l’abriter.


  • Le samedi 27.9.03, le drone a été engagé de nuit au-dessus du Jura vaudois et neuchâtelois afin de renforcer la conduite de la phase action. Il s’agissait de détecter les raiders alors en phase d’approche de l’objectif dans un terrain hostile et de fournir aux plastrons, qui prenaient la forme de patrouilles motorisées, les informations permettant de les intercepter. L’ADS 95 a prouvé ses qualités tactiques dans cette utilisation : les performances remarquables de sa caméra FLIR et la capacité du système à pouvoir suivre des itinéraires donnés ont permis de repérer plusieurs patrouilles de raiders avançant sur des chemins vicinaux ou évoluant en bordure de forêts. L’observation nocturne, nettement plus aisée, fournit ainsi une contribution de premier plan à la surveillance d’un secteur donné, ce d’autant plus que l’éloignement du drone empêche les individus repérés de l’entendre. Le plus difficile, dans ces conditions, reste le guidage du pilote et le choix des zones à observer en fonction de la position du drone. Exploiter au maximum l’emploi d’un drone à partir d’un PC de Grande Unité exige des officiers de renseignement une formation spécifique encore inexistante.



Au final, l’expérience a été jugée très positive aussi bien par les Forces aériennes que par la cellule conduite de l’état-major du SRC, de sorte qu’elle sera probablement reconduite à l’occasion du SRC 05 sous une forme qui reste encore à définir. Que les capacités des drones leur accordent une place de choix dans les outils modernes des Forces armées allait de soi ; il restait néanmoins à faire quelques expériences concrètes et à en fournir le contenu non classifié à une audience aussi large que possible, ce qui est l’objectif de ces quelques lignes. L’ADS 95 est un système simple et performant dont les qualités mécaniques et optiques sont absolument remarquables. Son intégration à un système de commandement numérique décuplerait encore son potentiel.



Maj EMG Ludovic Monnerat  









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