^{19 janvier 2003}

a montée en puissance du terrorisme transnational a changé la perspective de la menace: les F/A-18 des Forces aériennes seront prêts jour et nuit à abattre tout aéroplane dangereux à proximité du World Economic Forum, qui aura lieu du 23 au 28 janvier à Davos.

Les risques majeurs inquiétant les organisateurs de cette réunion internationale, à laquelle plus de 2150 personnes vont participer, restent ceux posés par tous les éléments violents accompagnant les manifestations s'opposant à la mondialisation ou à ses modalités actuelles. Leurs représentants annoncent d'ailleurs clairement leur volonté de perturber et d'interrompre les rencontres qui se dérouleront dans le cadre du WEF. De ce fait, les mesures de sécurité prises pour assurer le bon déroulement de l'événement mobilisent quelque 1500 policiers, fournis par de nombreux cantons mais aussi venus d'Allemagne, et au maximum 1500 militaires de carrière et de milice.

Ainsi, l'armée suisse va engager au sol un contingent de 300 gardes-fortifications, de même que des éléments issus de la brigade territoriale 12 – les bat fus mont 148 et 236 en plus du bat EM br ter 12 et de l'EM de brigade – et du bat car mont 3. Toutefois, la grande nouveauté de cet engagement militaire prend place dans les cieux, car une zone d'exclusion aérienne sera imposée au-dessus de Davos, entre Sargans et le col de l'Albula ainsi qu'entre Andeer et la frontière, dans laquelle les avions de l'escadre de surveillance assureront la police aérienne avec la capacité d'abattre toute menace imminente. Dans la mesure où pareil dispositif sera répété durant le sommet du G8 à Evian, l'intérêt de cette innovation est réel.

La menace du terrorisme transnational a en effet amené le Conseil fédéral à autoriser le chef du Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports, Samuel Schmid, à donner l'ordre d'abattre tout aéroplane jugé dangereux dans la zone d'exclusion et à déléguer cette compétence en cas d'indisponibilité au Commandant des Forces aériennes – le commandant de corps Fehrlin. En d'autres termes, la proposition rendue publique peu après sa prise de fonction par le nouveau Chef de l'Etat-major général – le commandant de corps Keckeis – a été jugée adaptée aux risques contemporains et avalisée par l'exécutif national. Pour la première fois depuis la Guerre du Golfe, des avions de combat armés maintiendront la sécurité de l'espace aérien suisse.

Les pilotes de F/A-18 seront lourdement mis à contribution ces prochains jours. Concrètement, 2 Hornets seront en vol durant la journée et surveilleront l'espace aérien en conjonction avec les systèmes Florida et Taflir, ce qui nécessitera l'engagement de 6 à 10 chasseurs pour assurer les rotations nécessaires. Durant la nuit, 2 Hornets seront maintenus en alerte permanente à Payerne avec leurs pilotes déjà installés, de manière à pouvoir intervenir rapidement. Selon le commandant en remplacement de la brigade d'aviation 31, le colonel EMG Peter Egger, les F/A-18 seront en mesure de prendre l'air en 2 à 3 minutes, et de gagner la zone d'exclusion aérienne au-dessus de Davos en 12 minutes à vitesse subsonique, et en 7 minutes sans limitation de vitesse.

Les F/A-18 chargés d'identifier et le cas échéant d'abattre des aéroplanes menaçants seront armés d'obus de 20 mm et de missiles supersoniques. Il faut souligner que les pilotes professionnels composant l'escadre de surveillance sont entraînés régulièrement à l'engagement du canon rotatif de 20 mm: le tir air-air est pratiqué au-dessus du glacier du Rhône, où des F-5E Tiger tirent des sacs en guise de cibles, alors que le tir air-sol l'est sur les places de tir de l'Axalp au-dessus de Meiringen et de Forel dans le lac de Neuchâtel. Comme le rappelle le colonel EMG Egger, ces exercices de tir sont effectués en-dehors de la saison touristique. Par ailleurs, les pilotes participent régulièrement à des exercices de combat multinationaux où l'engagement de missiles est fidèlement simulé.

A la différence du G8 à Evian, les F/A-18 suisses seront pour ainsi dire seuls à remplir la mission de police aérienne, même s'ils pourront être secondés par des PC-7 et PC-9 ou des hélicoptères. Et c'est là que l'on remarque à quel point le choix du Hornet comme nouvel avion de combat, en 1992, était judicieux: avec sa vitesse élevée, son radar puissant, son armement diversifié et son autonomie respectable, le F/A-18 est en effet idéalement taillé pour la police de l'espace aérien suisse – tout en restant un appareil susceptible de voir ses capacités être encore développées, notamment pour inclure l'attaque air-sol avec des munitions de précision. En fait, un éventail élargi de missions complexes et décisives est précisément la conséquence des menaces contemporaines.

Il se trouvera toujours des adversaires de la sécurité collective pour affirmer que le terrorisme relève plus de la psychose que de la réalité. Mais c'est perdre de vue que les mesures de sécurité rigoureuses ont précisément pour effet de dissuader certains adversaires potentiels, alors que le laxisme et la dénégation peuvent au contraire les provoquer. Du 23 au 28 janvier, les F/A-18 au-dessus de Davos seront le premier signe tangible de la transformation que vit actuellement notre outil militaire.

Cap Ludovic Monnerat    

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