L'essentiel de l'actualité militaire







L'essentiel des liens militaires


Documents militaires


Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

Dans un pays optimiste, les jeunes suisses renforcent leur attachement à l'armée de milice

11 septembre 2002


Protection de l'ONU à Genève, 1999M

enée par l'Académie militaire à l'ETH de Zurich, l'étude Sécurité 2002 montre que les Suisses sont en majorité optimistes et en sécurité, attachés à la neutralité et à l'aide internationale, et fidèles à l'armée de milice. L'évolution des jeunes renforce ces tendances et préfigure un avenir prometteur.

Au mois de février de cette année, 1201 personnes de toutes les régions linguistiques ont été interrogées par téléphone et ont répondu à un ensemble de 34 questions dans le cadre de l'étude Sécurité 2002. Désormais rituelle, cette recherche visant à évaluer les tendances de l'opinion suisse en matière de politique de sécurité et de défense reste un outil essentiel pour la compréhension des tendances façonnant la société helvétique. Par ailleurs, sa correspondance étroite avec le résultat des votations, comme l'a montré celle de mars dernier sur l'adhésion à l'ONU, confirme la précision de ses appréciations. Avec un taux d'erreur de ±3%, les tendances relevées d'une année à l'autre indiquent de véritables changements dans l'opinion publique.

«... 86% des personnes interrogées se sentent aujourd'hui en sûreté, et 76% sont optimistes quant au proche avenir de notre pays. »
«... 86% des personnes interrogées se sentent aujourd'hui en sûreté, et 76% sont optimistes quant au proche avenir de notre pays. »

La dernière mouture mise en ligne le 3 septembre, presque un an après les attentats terroristes aux Etats-Unis, contient ainsi nombre d'enseignements sur la manière avec les Suisses considèrent les problèmes de sécurité dans un environnement international troublé. En premier lieu, il faut ainsi relever que 86% des personnes interrogées se sentent aujourd'hui en sûreté, et que 76% sont optimistes quant au proche avenir de notre pays. Après la tuerie de Zoug, le grounding de Swissair, les turpitudes financières d'Expo.02 et le ralentissement économique, qui ont fondé une véritable sinistrose dans les médias, il est frappant de constater à quel point les citoyens helvétiques conservent une vision souriante de leur nation, alors même que près de la moitié d'entre eux (47%) prévoient une détérioration de la situation internationale.

Cette attitude s'explique largement par la confiance que les citoyens helvétiques placent ou refusent à leurs institutions publiques. Sur un barême croissant de 1 à 10 points, la police et l'armée avec respectivement 7.05 et 6.37 points sont les seuls à ne pas perdre d'estime, contrairement aux tribunaux (6.59), au Conseil fédéral (6.45), au Parlement (6.15) et surtout à l'économie (6.06), qui perd 0.7 point. Plus révélateur encore, les médias sont comme toujours au plus bas dans ce classement, avec 4.89 points. Même si les interviews ont eu lieu avant l'affaire Ringier/Borer, qui n'a certainement pas contribué à contredire cette relative méfiance, il faut donc constater que les gesticulations journalistiques n'ont qu'un impact limité sur l'opinion des Suisses.

Ce découplage entre perception intérieure et extérieure a toutefois un effet sur la volonté de coopération internationale. Seuls 53% des personnes interrogées, soit 6% de moins qu'en 2001, approuvent un rapprochement plus fort avec l'Union européenne, et cette proportion tombe à 40% lorsque l'adhésion est en question – contre 57% en août 1999. De même, si 58% des Suisses sont favorables à un engagement de troupes suisses dans les opérations onusiennes de maintien de la paix, cette proportion est en recul de 10%. Par ailleurs, le rapprochement avec l'OTAN n'est retenu que par un tiers des citoyens (-11%), pendant qu'un cinquième d'entre eux (-8%) est favorable à l'adhésion à l'Alliance atlantique. Si l'on considère que presque neuf citoyens sur dix (86%, +6%) veulent que la Suisse reste neutre et que 57% (+9%) estiment que la neutralité permet à notre pays de ne pas être impliqué dans les conflits internationaux, on mesure bel et bien une tendance au repli sur une posture politique traditionnelle.

En matière de coopération militaire à l'étranger, les sondés maintiennent cependant leur appui prioritaire aux missions de maintien de la paix (46%), par rapport notamment aux missions d'aide (32%). Si à peine 7% des citoyens conçoivent l'engagement de soldats suisses dans l'imposition de la paix, une minorité également faible (13%) s'oppose à toute forme d'emploi militaire au-delà des frontières. Par rapport au vote très serré sur la double révision de la Loi sur l'armée et l'administration militaire (LAAM), qui avait vu une courte majorité de 51% approuver en juin 2001 l'armement des soldats suisse à l'étranger, on ne relève donc pas de changement important. Comme le premier contingent armé de la Swisscoy termine en ce moment son instruction, il faudra toutefois attendre les expériences faites ces prochains mois.

Affiche votation 1989

L'étude Sécurité 2002 montre en revanche une évolution particulièrement intéressante quant au soutien à l'armée. Si une proportion constante de 71% des Suisses sont convaincus de la nécessité de l'outil militaire (contre plus de 78,5% lors de la votation du 2 décembre 2001), il faut noter un net accroissement (61%, +7%) du taux d'approbation dans la tranche des 18 à 29 ans ; ce qui est d'autant plus frappant qu'en 1999 moins de la moitié de ces jeunes estimaient l'armée nécessaire. De plus, 50% des sondés sont favorables au principe de la milice contre 40% au passage à une armée de métier, alors que les deux formes de recrutement étaient en équilibre ces dernières années. Là encore, ce sont les jeunes qui ont fait pencher la balance, puisque la préférence affichée en 2001 pour la professionnalisation (60%) s'est transformée en une parité.

Enfin, cette approbation pour l'institution militaire recouvre également la nouvelle Armée XXI, que 75% des sondés jugent globalement bonne, contre 7% qui la refusent. La connaissance des aspects saillants de la réforme peut être jugée satisfaisante, puisque 79% des Suisses ont conscience de la diminution des effectifs ou encore de la possibilité d'effectuer le service en un bloc. On constate toutefois, de manière générale, que ce sont les hommes (82%) bien plus que les femmes (59%) qui connaissent les changements liés à la réforme Armée XXI. De plus, si 61% des citoyens masculins s'intéressent à la politique de sécurité, cette proportion tombe à 47% pour les dames.

«... la fracture entre les générations au sujet du service militaire obligatoire se résorbe, et les jeunes adultes sont de plus en plus prêts à s'engager en servant la Confédération. »
«... la fracture entre les générations au sujet du service militaire obligatoire se résorbe, et les jeunes adultes sont de plus en plus prêts à s'engager en servant la Confédération. »

Il est néanmoins possible de tirer une conclusion contrastée de cette étude. Premièrement, les Suisses ont tendance à se sentir en sécurité dans un monde moins sûr, à croire en leur avenir en doutant de celui d'autrui ; or cette perception presque insulaire est en contradiction totale avec l'évolution des menaces en matière de sécurité, et notamment leur caractère transnational et chaotique. La belle confiance de nos concitoyens pourrait pâtir d'un soudain coup de tabac. Deuxièmement, la fracture entre les générations au sujet du service militaire obligatoire se résorbe clairement, et les jeunes adultes sont de plus en plus prêts à s'engager en servant la Confédération. Cette évolution marque une rupture avec le courant post-soixante-huitard et montre que la nouvelle génération tend à considérer de manière différente ses relations avec l'autorité étatique et militaire. Pour autant que cette tendance se confirme, voilà qui assure à l'armée de milice un avenir prometteur.




Cap Ludovic Monnerat    





Sites connexes





Haut de page

Première page





© 1998-2002 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur