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La Roumanie veut affirmer son rôle stratégique en Mer Noire

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3 avril 2005

Carte Roumanie Mer NoireL

a Roumanie, située près de la Mer Noire et du Caucase, pourrait fournir à l’Occident une plateforme militaire décisive dans les futures opérations contre des groupes islamistes et le crime organisé. Cette ambition de devenir le principal allié des États-Unis dans la région de la Mer Noire pourrait néanmoins compliquer l’entrée du pays dans l’Union européenne.

Cette nouvelle politique étrangère roumaine tournée vers l’est ne fait pas l’affaire de tout le monde. Certains pensent que cela pourrait même compliquer l’accès de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, tandis que d’autres croient qu’il ne s’agit que de rhétorique. Le nouveau Président de la République, Traian Basescu, 53 ans, ancien capitaine au long cours, affirme que sa nouvelle stratégie centrée sur la Mer Noire est inévitable si la Roumanie tient à jouer un rôle important dans les batailles à venir liées à la sécurité, au pétrole, à l'immigration et - bien entendu - à la lutte au terrorisme.


«... Dans la mesure où l'OTAN prend une importance croissante dans les enjeux de sécurité globale, la Roumanie peut jouer un rôle déterminant sur la frontière est de l'Alliance. »


De plus, Bucarest met de l'avant l'idée d'un axe sécuritaire regroupant Washington, Londres, et Bucarest, mais aussi le Moyen Orient et Moscou. « Nous faisons face à plusieurs menaces à la sécurité, car la région de la Mer Noire devient un lieu de transit pour le terrorisme et pour les trafics de drogue et d'êtres humains vers l'UE », a soutenu Basescu récemment. « Tout cela représente un ensemble de menaces pour l'OTAN et les États membres de l'UE, comme pour d'autres pays de la région. »



Vers un « axe sécuritaire »

Bien que l’initiative de Basescu jouisse d’un large soutien en Roumanie, les voix dissidentes ne restent pas toutes silencieuses. En outre, son gouvernement avait soulevé plusieurs critiques à l’étranger pour son appui ostentatoire aux États-Unis durant la guerre en Irak, en particulier en France et en Allemagne. L’ancien Premier Ministre Adrian Nastase a souligné que l’emploi du mot « axe » - à propos de la collaboration entre Washington, Londres et Bucarest - était très malheureux. « Cela rappelle à beaucoup d’Européens la Seconde Guerre Mondiale », déplore Nastase. L’ancien Premier Ministre considère que la réorientation de la politique étrangère du pays en fonction d’un tel « axe » pouvait créer des tensions inutiles.

Plusieurs analystes politiques sont sceptiques à propos de la nouvelle stratégie roumaine orientée vers l’est, craignant qu’elle ne sape les efforts du pays pour se joindre à l’UE. « Avant de regarder vers l’est, Basescu devrait se rappeler que l’entrée dans l’UE est le principal objectif de la Roumanie », a dit Bogdan Chireac, éditorialiste au quotidien Adevarul. « La Roumanie ne doit pas avoir à choisir entre l’OTAN et l’UE », poursuit-il. « L’intérêt du pays est de resserer ses liens avec toutes les démocraties occidentales. »

Cependant, l’agenda ouvertement pro-américain du nouveau Président ne rencontre en Roumanie que peu de résistance sérieuse. Il n’y a pas de divergences politiques substancielles sur cette question. Le soutien à la coalition menée par les États-Unis contre le terrorisme s’étend à tout le spectre politique roumain et, contrairement à d’autres pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale, la Roumanie n’est pas déchirée entre un mécontentement croissant dû à la guerre en Irak et le désir d’entretenir des relations étroites avec Washington.

Après son entrée dans l’OTAN l’an dernier, la Roumanie avait rapidement démontré son support au projet d’invasion de l’Irak par les États-Unis en y envoyant des troupes. Environ 730 soldats roumains sont actuellement sur place et 500 autres en Afghanistan. Au rebours d’autres pays européens qui ont commencé à retirer leurs contingents d’Irak, Bucarest renforce sa force d’occupation, en expédiant 100 nouveaux soldats récemment. Il n’y a pas non plus beaucoup d’arguments pour justifier que la Roumanie, comme la Bulgarie, mette ses infrastructures militaires et ses ports à la disposition des États-Unis.

Bucarest a été ravi lorsque les USA ont annoncé qu’ils comptaient bien se prévaloir de l’offre roumaine. « L’armée américaine est prête à louer des installations militaires en Europe de l’Est, probablement avant la fin de l’année », a déclaré à la mi-janvier le général James Jones, Commandant des Forces de l’OTAN et des États-Unis en Europe, lors d’une visite en Roumanie. Le général Jones a inspecté des sites militaires qui pourraient éventuellement recevoir des troupes étasuniennes, et ce dans le cadre d’un nouveau plan du Pentagone visant à créer de nouvelles bases plus souples en Europe de l’Est. Il a remercié la Roumanie de sa contribution militaire en Afghanistan et en Irak et de son offre d’accueillir des unités de l’armée américaine. « Cela consoliderait le flanc de l’Alliance sur la Mer Noire », a-t-il précisé.

« En tant que membre de l’OTAN, la Roumanie a déjà prouvé qu’elle était un partenaire fiable, à plusieurs endroits dans le monde », a affirmé à l’IWPR Quinton Quayle, ambassadeur britannique à Bucarest. « L’Alliance repose sur les capacités spécifiquement militaires ou géo-stratégiques de ses membres », a-t-il ajouté, « et dans ce contexte, la position de la Roumanie sur les bords de la Mer Noire constitue un atout. »

Voilà exactement la teneur du message que Basescu veut promouvoir. « Dans la mesure où l’OTAN prend une importance croissante dans les enjeux de sécurité globale, la Roumanie peut jouer un rôle déterminant sur la frontière est de l’Alliance », a-t-il soutenu au récent Sommet de l’OTAN à Bruxelles.

Néanmoins, Vladimir Socor, analyste expérimenté à la Jamestown Foundation, explique que ce nouvel intérêt de la Roumanie pour la région de la Mer Noire risque de prendre une toute autre tournure avec les objectifs de la Russie, lesquels pourraient bien supplanter ceux de l’Alliance. « Les nouvelles propositions de Basescu concernant la sécurité sur la Mer Noire et la création d’un groupe opérationnel voué à combattre les trafics d’armes, de drogue, d’être humains et d’armes de destruction massive exclueraient dans les faits l’OTAN en tant que telle des opérations », écrivait récemment Socor dans l’Eurasia Daily Monitor, « et tiendraient les forces navales de l’Alliance hors de la Mer Noire. »

D’après Socor, le groupe opérationnel de pays proposé pour une coopération dans la région de la Mer Noire - trois pays membres de l’OTAN (Roumanie, Bulgarie et Turquie) et la Russie - faisait déjà partie des plans de l’Union Soviétique et de la Russie post-1991 pour « sous-régionaliser » les enjeux sécuritaires en Europe. « Ils offrent sciemment de créer des groupes composés de pays membres et non membres de l’OTAN dans des zones stratégiques, des groupes qui incluent toujours la Russie (qui se retrouve ainsi en position de force) et exclut toujours l’OTAN comme telle des accords », conclut Socor.




Texte original: Victor Roncea, IWPR, 26.2.05  
Traduction : Stéphane Surprenant, Le Courrier des Balkans
  









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