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La guerre à la culture militaire menée
par les Alliés dans le Golfe

16 mars 2003

Soldat US pause KoweïtL

es soldats américains et britanniques stationnés dans la région du Golfe persique se préparent à mener une offensive en Irak, mais également à respecter en permanence les canons du politiquement correct. Au risque de saper la culture dont dépend leur succès au combat.

Quelle est la manière appropriée de s'adresse à une femme musulmane ? Est-il permis de montrer les plats de vos pieds dans un Etat arabe ? Qu'en est-il des tatouages blessants – sont-ils tabous ou non ? Et lorsque l'on mange dans un restaurant qatari, utilisez-vous la main gauche pour prendre la nourriture, ou la droite ?


«... Alors que le monde se demande quand la guerre va commencer, certains commandants US tentent rendre leur troupe plus ouverte culturellement et moins machiste. »


Voici quelques unes des questions épineuses discutées par les militaires masculins dans et autour du Golfe. Alors que le reste du monde se demande quand la guerre contre l'Irak va commencer, certains commandants américains ont été affectés à une tâche plus simple : comment rendre leur troupe plus ouverte culturellement et moins machiste, et assurer qu'ils se comporteront comme les "guerriers-diplomates" de notre nouvel âge humanitaire, au lieu de ressembler aux "guerriers" absolus d'antan.

Au Qatar, où des milliers de soldats US sont stationnés en préparation d'une invasion de l'Irak, les commandants ont mis sur pied une formation de base culturelle pour enseigner la vie locale à leurs responsables. Les officiers peuvent s'engager pour des cours de 5 jours enseignant les bases de la culture arabe, leur permettant de s'intégrer et d'apprendre durant leur déploiement. A bord des navires de l'US Navy rassemblés dans le Golfe, les capitaines ont déclaré la guerre… aux tatouages blessants. Une nouvelle règle de la Marine a banni les tatouages, l'art corporel et les marques qui sont excessifs, obscènes, explicitement sexuels ou qui symbolisent des discrimination fondées sur le sexe, le genre, la race, la religion, l'ethnie ou la nationalité.

En ce qui concerne les Britanniques, les militaires ont envoyé des troupes pour appuyer les forces US dans le Golfe, mais à domicile ils se sont empêtrés dans des débats sur leur culture "machiste" et sur la manière de rendre l'instruction moins fatigante pour les nouvelles recrues. Selon un rapport, les recrues recevront des mentors personnels ainsi que des chambres calmes pour la relaxation, et les cadres supérieurs ont banni le mot de "punition", affirmant qu'il n'est plus "approprié" pour des forces armées modernes.

Bush et Blair parlent de leur grande mission contre le perfide Saddam Hussein, mais dans les rangs de leurs machines militaires, il semble y avoir une grande incertitude sur les bases de la vie militaire. Comment cela est-il possible ?



Considération pour les autres

Ces débats vont bien plus loin que la manière d'entraîner et de discipliner les soldats individuels pour la guerre à venir en Irak. Ils reflètent des divisions plus profondes au sein des sociétés occidentales sur ce qu'elles représentent aujourd'hui et sur le genre d'image à projeter autour du monde. Et loin de submerger de tels désaccords domestiques par une grande mission unificatrice, l'attaque planifiée sur l'Irak les a mis au premier plan. Les guerres culturelles ont suivi les forces occidentales dans le Golfe.

Rien de tout cela ne signifie que les forces alliées ne vont pas bientôt déclencher leur attaque. Comme nous l'avons vu ces derniers mois, il y a un contraste frappant entre l'hésitations politique à domicile et les démonstrations de puissance militaire dans le Golfe. Il peut y avoir des réticences politiques parmi les leaders américains et britanniques pour savoir quand et comment déclencher la guerre – mais les avions de combat alliés bombardent les zones de non-survol irakiennes depuis des années, et les forces spéciales US sont apparemment déjà à Bagdad et préparent le terrain pour une invasion. Mais malgré toute la puissance militaire, les débats sur la nature des armées trahissent une profonde incertitude sur la mission de l'Occident.

Charistes US à la pause

Dans leur souci de rendre leurs troupes plus politiquement correctes, les militaires américains pourraient involontairement s'attaquer aux choses qui sont le propre d'une véritable armée. Au Qatar, l'armée américaine apprend à ses soldats à respecter la culture arabe. Les cours d'ouverture culturelle qataris essaient de résoudre le problème ancien de l'apparence vulgaire et arrogante des soldats US, dans les pays qui les ont autorisés à y stationner. "Les doutes sur la présence américaine persistent [au Qatar]", rapporte NBC News. "De sorte que l'armée a signé un contrat avec une société de tourisme pour éduquer les troupes US à la culture locale – une décision dont le Pentagone espère qu'elle minimisera les frictions entre les Américains et leurs hôtes qataris."


«... Les troupes US actuelles connaissent le besoin de désarmer Saddam, mais on leur apprend simultanément à respecter la culture des gens qu'ils pourraient devoir tuer. »


Mais les militaires espèrent que les leçons apprises au Qatar vont servir aux soldats US partout au Moyen-Orient – y compris durant l'action en Irak. Pour un commandant, l'ouverture culturelle peut être appliquée "même en situation de combat", pour le traitement des civils. Depuis le milieu des années 90, les militaires américains ont élargi leur rôle au-delà de la coercition et de la conquête en comprenant également des fonctions humanitaires. Un communiqué de l'US Army affirme ainsi : "Devoir, honneur, pays. Voilà les valeurs militaires professionnelles reconnues depuis longtemps et auxquelles les nouvelles recrues doivent aspirer. Ajoutez à présent une autre valeur de base : la considération pour les autres."

Cette vie de soldat culturellement ouverte est aux antipodes de la manière dont les troupes US étaient par le passé préparées au combat. Durant la Seconde guerre mondiale, et en particulier à la veille du bombardement nucléaire d'Hiroshima, la propagande américaine décrivait les Japonais comme de la "vermine" ; durant la guerre du Vietnam, selon un vétéran, les soldats américains étaient encouragés à considérer l'ennemi comme "moins qu'un humain". Pendant la première Guerre du Golfe en 1991, les troupes US ont été nourris par une propagande détaillant les exactions commises par les Irakiens sur les femmes et les enfants koweïtis ; même durant l'intervention en principe humanitaire de Somalie en 1993, les soldats américains désignaient péjorativement les Somaliens sous le terme de "skinnies", en les voyants comme des lunatiques à la gâchette facile dopés au quat.

Ces vues propagandistes des ennemis de l'Amérique peuvent avoir été ignobles, mais elles ont joué un rôle important pour les militaires. Les armées ont besoin d'être impitoyables, et déshumaniser l'ennemi a été une manière traditionnelle d'inspirer aux soldats le caractère nécessaire pour avancer et tuer. Les troupes US actuelles ont sans doute été éduquées sur le besoin de désarmer le "mauvais Saddam" et sa Garde républicaine maléfique, et sont préparées pour une bataille potentielle sanglante en Irak – mais on leur apprend simultanément à respecter la culture des gens qu'ils pourraient devoir tuer.



Vrai cauchemar administratif

Prise à la lettre, cette ouverture culturelle pourrait potentiellement s'opposer à une action décisive – comme les inspecteurs de l'ONU l'ont découvert à la fin janvier 2003. L'équipe d'inspection de Hans Blix peut être une force d'invasion qui ne dit pas son nom, avec le droit d'inspecter partout et n'importe où en Irak, de déclarer des "no-drive zones" et d'exiger la destruction d'armes inacceptables. Mais il se sont heurtés à la difficulté de savoir s'il était acceptable ou non d'inspecter des mosquées.

Un groupe d'inspecteur a déclenché une tornade en Irak lorsqu'ils ont visité la mosquée Al-Nidaa à Bagdad, le 20 janvier 2003. L'imam de la mosquée a dénoncé la visite comme une "provocation des musulmans", et dit que "grâce à Dieu ils ne sont pas venus durant une prière, parce que leurs vies auraient sinon été en danger". Au lieu de défendre leur droit d'inspecter n'importe quel endroit, l'équipe d'inspecteur est restée sur la défensive, en affirmant que les 4 inspecteurs avaient visité la mosquée "en tant que touristes" (bien que selon l'imam ils aient pris des photos et demandé "s'il y avaient un abri souterrain"), et en proclamant que l'équipe avait respecté l'Islam. "C'était une visite privée", a déclaré un porte-parole troublé de l'ONU, "ils voulaient juste visiter une mosquée."

Sergent US tatoué au Koweït

Ce n'est pas seulement la relation culturelle des soldats américains avec leurs opposants qui est remaniée – il en va de même avec leurs relations l'un avec l'autre. L'US Army s'est engagée à éradiquer le sexisme, le racisme et l'homophobie en créant un "climat de respect" dans les unités militaires. En phase avec ce mouvement, les bateaux de l'US Navy qui attendent actuellement la guerre dans le Golfe Persique ont sévi contre les tatouages blessants.

Selon l'édition du 29 janvier de Stars and Stripes, le magazine des Forces armées américaines, tout tatouage lié à une discrimination de sexe, de genre, de race, de religion ou d'ethnique est interdit, tout comme les "symboles dénotant une affiliation à un gang, à un groupe extrémiste ou suprémaciste, ou l'usage de drogue."


«... Les forces US se sont créé un cauchemar administratif potentiel en émettant des règles confuses sur le type de tatouage acceptable ou non selon les services. »


Les forces américaines se sont créé un cauchemar administratif potentiel en émettant des règles confuses sur le type de tatouage acceptable ou non selon les services. Dans la Marine, il y a des exceptions à la règle du tatouage si le tatouage fait partie des "pratiques religieuses" du marin – aussi longtemps que de telles exceptions "n'affectent pas de manière négative la cohésion, les standards ou la discipline de l'unité". Dans l'Air Force, les soldats qui ont déjà des tatouages douteux sont autorisés à les conserver – aussi longtemps qu'ils ne sont "ni excessifs, ni blessants". Et dans l'Armée de Terre, les tatouages ne devraient pas être visibles en portant l'uniforme, bien qu'un tatouage sur le mollet ou la cheville d'un soldat féminin est admissible – aussi longtemps qu'il est de "bon goût".

Il y a davantage que des apparences derrière la répression de la Marine. Celle-ci affirme qu'aucun tatouage ne devrait apparaître au public lorsque les marins sont en uniforme. Mais pour ce qui est des tatouages "extrémistes, indécents, sexistes ou racistes", ils sont en permanence inacceptables, "sans égard à l'emplacement sur le corps, tout comme avec ou sans uniforme". De sort que même un tatouage sexiste sur le derrière d'un marin, cachées par un plâtre ou rarement vues par autrui serait interdit.



Bombes politiquement incorrectes

Cette volonté de faire la chasse à tous les tatouages blessants, visibles ou non, suggère de la part de la Navy une tentative de répondre à un problème culturel, de même qu'une question d'apparence. Ce n'est pas tant la visibilité des tatouages blessants qui pose problème, mais le fait qu'ils existent et que des marins individuels les ont eus tout de suite. Pour la Marine, le vrai problème semble être la "culture des cantines" qui incite les marins à porter des tatouages qui sexualisent les femmes ou dénigrent les minorités ethniques, plutôt que les tatouages eux-mêmes.

Mais pour les soldats, porter des tatouages a été depuis de nombreuses années une manière de nourrir un sens de solidarité avec leurs camarades. Selon un docteur de l'US Navy, "certains jeunes marins, aviateurs, soldats et Marines considèrent une visite au salon de tatouage comme un rite de passage. Pour beaucoup, un tatouage sur leur chair est un souvenir durable de la camaraderie qu'ils ont une fois partagée". L'offensive de la Marine contre les tatouages blessants ne peut que ronger ce sens de la camaraderie. Maintenant, les tatouages seront considérés avec suspicion, les motivations du marin tatoué remises en question et peut-être sujettes à des enquêtes internes.

Inscription sur une bombe, opération Enduring Freedom

Il y a ensuite le problème apparemment majeur d'inscrire des messages homophobes sur des bombes. Durant la première Guerre du Golfe et des guerres subséquentes, les aviateurs US ont gribouillé des insultes sur des bombes avant de les larguer, allant de "Suce donc ceci, Saddam" à "Enfilez ça à Hussein". Mais à la suite d'un incident malheureux durant la guerre en Afghanistan, les messages des bombes pourraient devoir être nettoyés pour la guerre du Golfe à venir. En octobre 2001, au début de l'opération Enduring Freedom, des soldats américains ont écrit "Détournez ceci, pédés" – entraînant une vive réaction dans des parties de l'armée et des médias. L'Association des Lesbiennes et Gays des Forces armées britanniques s'est plainte que le message était "typique de l'homophobie qui existe chez les militaires américaines", et a également souligné que le message était imprécis : "c'est l'insulte la moins appropriée à utiliser étant donné le traitement des homosexuels par les Taliban. Les victimes attendues sont très peu probablement pédés…"


«... Les militaires américains ont des bombes qui peuvent être guidées par laser, mais ils ont un dilemme quant à ce qu'ils peuvent ou non écrire sur elles. »


Le Service Members' Legal Defense Network, une organisation américaine qui soutient les membres lesbiens et gays des Forces armées US, a déclaré : "Des messages comme celui-ci ne font que renforcer les idées de haine et de division contre lesquels notre nation cherche à se défendre." Richard Haymes, directeur exécutif du Projet Anti-Violence Gay et Lesbien de New York, a affirmé que le message sur la bombe dénigraient les Américains gays, lesbiens, bisexuels ou transsexuels qui ont péri dans les attaques sur le World Trade Center et le Pentagone.

La Marine a répondu en exprimant une "désapprobation officielle" du message sur la bombe, admettant qu'il était "inapproprié". Le contre-amiral Stephen Pietropaoli a déclaré que l'équipage de l'USS Enterprise, dont un avion avait largué la bombe "blessante", a reçu l'ordre d'éditer plus en détail "les actes spontanés de littérature de nos marins. Nous avons passé le mot à nos commandants afin qu'ils disent, 'cela ne correspond pas à nos standards, les gars". Pietrapaoli a poursuivi : "L'essentiel de ce qui est écrit [sur les bombes] est des choses comme FDNY ou I [cœur] NY. Cela s'inscrit davantage dans la ligne de ce que nous voulons faire. Nous voulons que les messages restent positifs". Des messages positifs ? Sur des bombes ? Dont le boulot est de détruire et de tuer ?



Culture militaire menacée

Rien n'illustre mieux le fossé entre la puissance militaire de l'Amérique et sa profonde incertitude que l'incident du message sur la bombe. Les militaires américains ont des bombes qui peuvent être guidées par laser sur des immeubles individuels éloignés de centaines de kilomètres, mais ils ont un dilemme quant à ce qu'ils peuvent ou non écrire sur elles.

Il y a dans les Forces armées US une sérieuse contradiction dans le traitement des relations personnelles de ses soldats. D'un côté, les commandants US utilisent la proximité des troupes et leur sens de la solidarité comme un moyen de les amener à se battre. A une époque où les armées trouvent de plus en plus difficile de vendre une mission collective à leurs chefs (ou même de la définir pour elles-mêmes), les commandants US ont défini "n'abandonner personne" comme la devise-clé des militaires. Après avoir vu Black Hawk Down de Ridley Scott en janvier 2002, au sujet de la désastreuse intervention militaire américaine en Somalie en 1993, le secrétaire de l'US Army s'est exprimé avec enthousiasme : "le film a une ligne directrice, 'n'abandonner personne', qui est extrêmement importante aujourd'hui. Cette ligne pourrait aisément être utilisée par l'armée, parce qu'elle reflète les valeurs de bravoure et d'altruisme que nous voyons chez nos soldats…"

Scène du film Black Hawk Down

Bien entendu, "n'abandonner personne" a toujours été un principe central des opérations militaires – mais cela n'a jamais été un but en soi. Se concentrer sur ce principe pour lui-même présume déjà la défaite ou la retraite, ou le besoin de s'extraire promptement de quelque part. Si les valeurs et buts principaux d'une armée pour ses soldats consistent à protéger leurs camarades et s'échapper de quelque part avec aussi peu de pertes que possible, pourquoi donc encore avoir une armée ? Et pour quelle raison intervenir en premier lieu ?

Mais en même temps que l'armée exploite l'engagement des soldats les uns envers les autres, elle semble saper la véritable culture de camaraderie qui les unit. En examinant attentivement comment les soldats interagissent mutuellement, en faisant du tatouage un passe-temps suspect, et en mettant un frein à des expressions d'homophobie ou de sexisme, les commandants militaires pourraient s'attaquer à la culture qui unit les soldats individuels en temps de guerre.


«... Si le but principal des soldats consiste à protéger leurs camarades et s'échapper de quelque part avec des pertes minimales, pourquoi donc encore avoir une armée ? »


Et les militaires britanniques ? Malgré la rhétorique du Premier ministre Tony Blair contre le régime maléfique de Saddam Hussein, il est de plus en plus clair que les troupes britanniques ne sont pas prêtes à la guerre. A domicile, l'armée britannique est empêtrée dans des débats pour rendre son régime d'instruction "moins épuisant" comme d'un moyen pour rendre l'armée plus attractive à des recrues potentielles. Un officier supérieur a résumé le problème : "Avec le type de recrues que nous avons aujourd'hui, nous ne pouvons pas les pousser trop loin. Autrement, ils appellent simplement leur mère avec un téléphone portable, sont embarqués à l'entrée des casernes et nous ne les revoyons plus jamais…" Les militaires américains tentent au moins de régler leurs problèmes durant le service actif – les Britanniques semblent à peine capables de franchir les portes des casernes.

Les disputes actuelles des Forces armées US sur ce qu'elles représentent et comment elles devraient agir à l'étranger reflètent des désaccords bien plus grands sur la signification de l'Amérique aujourd'hui : son rôle dans le monde, si elle devrait être davantage interventionniste ou isolationniste ; quel genre d'image elle devrait donner d'elle-même – un conquérant à l'ancienne ou un constructeur de nations moderne ; et comment elle devrait être liée au gens du Tiers-Monde, dont la haine apparente des Etats-Unis ont suscité des ondes de choc à travers l'administration Bush.



Texte original: Brendan O'Neill, "Gulf War meets Culture War", spiked online, 27.2.2003    
Traduction et réécriture: Maj EMG Ludovic Monnerat
    






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