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Le père de la bombe islamique et les pires cauchemars de la prolifération

8 février 2003


Abdul Qadeer KhanS

i l'Iran, la Lybie ou l'Arabie Saoudite deviennent un jour des puissances nucléaires, ils vont probablement baptiser leurs installations du nom d'Abdul Qadeer Khan. Plus que quiconque, ce scientifique nucléaire pakistanais est considéré comme l'homme responsable de la diffusion d'armes et de technologie nucléaires à des Etats voyous en Asie et en Afrique.

Khan est peut-être la raison pour laquelle la Corée du Nord a des armes nucléaires aujourd'hui. Il est certainement la raison pour laquelle l'Iran, l'Irak et la Lybie pourraient avoir de telles armes demain. Qui est donc Adbul Qadeer Khan et qu'est-ce qui le rend aussi dangereux ?


«... Khan a conseillé la Corée du Nord sur la manière d'enrichir de l'uranium pour des armes nucléaires, et résoudre son incapacité à obtenir du plutonium militaire. »


Au Pakistan, Khan est un héros. Le "Père de la Bombe Islamique" est considéré comme le sauveur de ce pays musulman, qui s'est longtemps senti inférieur à l'Inde voisine. Le Gouvernement a construit des installations portant son nom. Des chansons ont été écrites à son sujet. "Je suis fier de mon œuvre pour mon pays", a-t-il déclaré dans une interview en 2001. "Elle a donné aux Pakistanais un sens de l'honneur, de la sécurité, et a été une grand réussite scientifique."



Espionnage en Europe

Ce qui trouble la communauté du renseignement américain, c'est que Khan – avec le soutien apparent du Président Pervez Musharraf – est allé bien au-delà du Pakistan. Des sources US affirment que Khan et ses collègues ont été impliqués dans des projets nucléaires en Iran et en Irak. Khan semble avoir été désireux de transférer la technologie nucléaire pakistanaise à quiconque est prêt à y mettre le prix, y compris Saddam Hussein.

Abdul Qadeer Khan

En 2001, le Pakistan a réduit la publicité de Khan. Il a été évincé à la tête du programme nucléaire pakistanais, puis présenté comme un citoyen privé à qui il arrive de voyager dans des Etats voyous. Pendant ce temps, Khan travaillait durement en Iran et en Corée du Nord. Des représentants américains estiment que Khan a conseillé la Corée du Nord sur la manière d'enrichir de l'uranium pour l'utiliser dans des armes nucléaires. Ceci avant tout pour résoudre l'incapacité nord-coréenne à obtenir du plutonium de qualité militaire par d'autres sources. Khan devrait connaître l'enrichissement de l'uranium, car c'est lui qui a mis au point des méthodes pour contourner les embargos et obtenir les systèmes nécessaires aux programmes d'armes nucléaires pakistanais.

La carte la plus précieuse dans le jeu de Khan était son accès aux installations nucléaires occidentales. Des représentants américains sont parvenus à la conclusion qu'au milieu des années 70, Khan a copié les plans des centrifugeuses à gaz dans l'usine d'enrichissement d'uranium Urenco aux Pays-Bas, au sein de laquelle il avait travaillé. Les autorités néerlandaises ont cherché à poursuivre Khan par contumace pour trahison, mais la question n'a jamais été approfondie.


«... Au milieu des années 70, Khan a copié les plans des centrifugeuses à gaz dans l'usine d'enrichissement d'uranium Urenco aux Pays-Bas, au sein de laquelle il avait travaillé. »


En 1976, Khan construisait secrètement des centrifugeuses à gaz dans les laboratoires de recherche A. Q. Khan, près d'Islamabad. La Chine est suspectée d'avoir fourni les plans d'assemblage pour un maximum de 60 armes nucléaires. C'est en 1998 que le Pakistan a testé sa première bombe nucléaire. "De nombreux fournisseurs se sont approché de nous avec les détails de leurs mécanismes et les chiffres des instruments et matériaux", a déclaré Khan à la revue pakistanaise Defense Journal. "Ils nous demandé d'acheter leurs biens."

Les liens de Khan avec la Corée du Nord remontent au moins à 1992. Il était à Pyongyang cette année-là pour obtenir des missiles de portée intermédiaire No Dong, dans une tentative de renforcer la dissuasion envers l'Inde. En avril 1998, le Pakistan a lancé le premier No Dong, renommé le Ghauri I et capable d'emmener une ogive nucléaire. Le Pakistan n'avait pas d'argent pour les missiles nord-coréens. A la place, Khan a fourni la technologie nucléaire, et en particulier la conception des centrifugeuses pour l'uranium enrichi.

A partir de là, Khan a voyagé en Iran, où il a instruit des scientifiques et aidé Téhéran à construire des installations nucléaires. La coopération nucléaire a duré au moins de 1986 à 1994, une année lors de laquelle deux pays ont eu une dispute au sujet de l'Afghanistan. Des représentants américains pensent que Khan et le Pakistan ont repris la coopération nucléaire.


Le jeu du pouvoir

Khan et Saddam ont également des affaires en cours. Un mémorandum du renseignement irakien daté du 6 octobre 1990 précise que des émissaires de Khan ont offer leur aide à Bagdad pour établir une installation d'enrichissement d'uranium. Il n'était pas clair à partir du document irakien, retrouvé en 1995 par des inspecteurs des Nations Unies travaillant en Irak, si Saddam a accepté l'offre de Khan. Depuis longtemps, Saddam s'est efforcé d'empêcher toute fuite concernant le programme nucléaire irakien.

Missile pakistanais Ghauri à capacité nucléaire

Des hauts fonctionnaires américains pensent que Khan a été envoyé par le Pakistan pour signer des contrats nucléaires avec des pays comme la Lybie et l'Arabie Saoudite. On pense qu'il a envoyé des scientifiques et des ingénieurs nucléaires pakistanais dans ces pays arabes, ainsi que dans d'autres au Moyen-Orient. Une douzaine environ de scientifiques pakistanais ont déjà quitté leur pays et se sont probablement établis dans la région du Golfe. Ces scientifiques ont été formés en Chine et ont travaillé dans des usines nucléaires et des fabriques d'armement pakistanaises. L'emplacement exact des scientifiques n'est pas connu, mais leurs familles reçoivent de l'argent issu des banques du Golfe. Neuf d'entre eux sont censés avoir quitté l'usine de Chasnupp au Pakistan ces deux dernières années. Cette installation a été construite en coopération avec la Chine, qui a fourni une assistance nucléaire au Pakistan.


«... En avril 1998, le Pakistan a lancé le premier No Dong, renommé le Ghauri I et capable d'emmener une ogive nucléaire. »


Des hauts fonctionnaires estiment que les associés de Khan pourraient également avoir été en contact avec Oussama Ben Laden. Ce dernier a approché des scientifiques nucléaires pakistanais, selon certaines sources, pour qu'ils l'aident à assembler une bombe nucléaire. Un scientifique pakistanais, Sultan Bashireddin Mahmoud, a paraît-il rejeté l'offre de Ben Laden.

Quelles sont les motivations de Khan ? Ceux qui le connaissent affirment qu'il n'est pas un fondamentaliste musulman, ou même un idéologue. Il aime simplement le jeu du pouvoir. Musharraf paie Khan extrêmement bien et celui-ci possède plusieurs châteaux. Etre connu comme le père de la "bombe islamique" n'a pas non plus entaché sa réputation dans l'essentiel du monde.

Mais l'administration Bush n'a pas pipé mot au sujet de Khan et de ses employeurs pakistanais. Actuellement, le Pakistan est considéré comme un allié précieux en Afghanistan, et si cela signifie un peu plus de voyous nucléaires – qu'il en soit ainsi. "Le passé est le passé", a déclaré le Secrétaire d'Etat américain Colin Powell. "Je suis plus inquiet par ce qui se passe maintenant. Nous avons une nouvelle relation avec le Pakistan."



Texte original: "The father of the 'Islamic bomb' and the mother of all proliferation nightmares", Geostrategy-Direct, 14.1.03    
Traduction et réécriture: Cap Ludovic Monnerat
    






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