L'essentiel de l'actualité militaire







L'essentiel des liens militaires


Documents militaires


Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

Depuis le retrait du Liban, le Hezbollah a multiplié ses réseaux au sein de la société israélienne

25 octobre 2002


Sheik Hassan Nasrallah, Secrétaire général du HezbollahL

'inculpation d'un ancien lieutenant-colonel de Tsahal pour espionnage au profit du Hezbollah, rendue publique le 24 octobre, montre la pénétration que ce groupe est parvenu à réaliser au sein de la société israélienne. Même si l'officier en question était un bédouin et que la plupart des cas impliquent des Israéliens arabes, l'inquiétude règne désormais dans l'Etat hébreu.

La communauté israélienne du renseignement est fière de sa capacité à pénétrer le mouvement chiite Hezbollah et d'autres groupes anti-israéliens au Liban. Alors que la plupart des Libanais chiites traînés chaque année devant les tribunaux militaires de Beyrouth pour collaboration avec Israël sont probablement innocents, la paranoïa qui fonde leur accusation souligne clairement l'efficacité de l'espionnage israélien. Récemment, il est toutefois apparu que la situation s'inverse.

«... Ces deux dernières années, le Hezbollah a été étonnamment efficace dans le recrutement de citoyens israéliens arabes. »
«... Ces deux dernières années, le Hezbollah a été étonnamment efficace dans le recrutement de citoyens israéliens arabes. »

Ces deux dernières années, le Hezbollah a été étonnamment efficace dans le recrutement de citoyens israéliens arabes, pour récolter des renseignements sur les mouvements de Tsahal et sur les objectifs potentiels d'opérations terroristes, pour faire de la contrebande d'armes dans le pays à partir du Liban, et même pour préparer les kidnappings d'autres Israéliens. Si les groupes palestiniens ont également engagé un nombre modeste d'Israéliens arabes depuis le début de la deuxième Intifada, en septembre 2000, le succès du Hezbollah est étonnant.


Agents du Hezbollah en Terre Sainte

La majorité des 1,2 million de citoyens israéliens arabes s'identifient fortement aux Palestiniens, en raison de croyances religieuses communes (les deux communautés sont principalement sunnites), d'une expérience partagée de vie sous le règne israélien, et souvent de liens familiaux ; mais ils n'ont comparativement que peu de similitude avec la communauté chiite libanaise. En effet, la plupart des Israéliens arabes ayant collaboré avec le Hezbollah apparaissent avoir été motivés non par la solidarité religieuse ou nationale, mais par la perspective de gains financiers.

Le Hezbollah a occasionnellement réussi à infiltrer des agents libanais en Israël, habituellement des émigrants recrutés en Europe et portant des passeports étrangers. En 1996, par exemple, Israël a appréhendé un citoyen allemand naturalisé travaillant pour le Hezbollah, Hussein Makdad, qui avait sérieusement blessé en construisant une bombe dans un hôtel de Jérusalem-Est. En janvier 2001, les forces de sécurité israéliennes à Jérusalem ont arrêté Jihad Shuman, un Chiite libanais qui était entré dans le pays en décembre avec un passeport britannique.

Retrait israélien du Sud Liban

Le Hezbollah recrute également régulièrement des Palestiniens dans les territoires, souvent des militants affiliés à d'autres organisations, les entraîne et les équipe pour mener des attaques contre des Israéliens. L'un des plus fameux agents de ce type était Masoud Iyyad, un officier de la Force 17, la Garde présidentielle du Président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, qui a été tué par un hélicoptère israélien en février 2001.

Masoud, qui voyagea au Liban en été 2000, revint à Gaza et dirigea une cellule qui mena une demi-douzaine d'attaque à la bombe, à la grenade et au mortier entre décembre 2000 et janvier 2001.

«... En mai 2000, le retrait israélien du Liban Sud a grandement réduit la difficulté et le péril à traverser la frontière. »
«... En mai 2000, le retrait israélien du Liban Sud a grandement réduit la difficulté et le péril à traverser la frontière. »

Aucun cas d'Israélien arabe opérant au profit du Hezbollah n'a été confirmé jusqu'en 2000. Depuis, plusieurs facteurs apparaissent avoir facilité les efforts de recrutement du Hezbollah, et le plus important est logistique. En mai 2000, le retrait israélien du Liban Sud a grandement réduit la difficulté et le péril à traverser la frontière, en particulier près de Ghajar, un village divisé par la "ligne bleue" tracée par l'ONU. Alors que les motivations politiques semblent avoir été secondaires dans la plupart des cas, l'éruption de la deuxième Intifada, suivie en octobre 2000 par la répression de la police israélienne sur des manifestants israéliens arabes, qui fit 13 morts et 300 blessés, contribuèrent à légitimer l'engagement dans la lutte armée contre l'Etat.

Il faut également noter qu'à la suite du retrait israélien du Liban Sud, plusieurs chefs israéliens arabes ont eu tendance à exagérer les louanges au Hezbollah. Azmi Bishara, un membre de la Knesset, a ainsi loué "la fermeté et les sacrifices" du mouvement. Un autre député arabe, Taleb al-Sanaa, a pour sa part déclaré que le Secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, devrait recevoir la Prix Nobel de la Paix.

La première cellule de collaborateurs a été découverte en novembre 2000 avec l'arrestation de 7 habitants d'Abu Snan, un village à l'ouest de la Galilée, pour espionnage et complot visant à enlever des soldats israéliens. Selon les déclarations durant le procès, dans les jours suivant le retrait, des membres du réseau ont rejoint des centaines d'autres Israéliens arabes qui se dirigeaient vers la frontière pour rencontrer des proches venant des camps de réfugiés palestiniens au Liban. A cet endroit, ils furent recrutés par le parent de l'un des hommes – Jamal Suleiman, un ancien officier du Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, qui dirige une petite "succursale" palestinienne du Hezbollah nommée Ansarallah (Les Partisans de Dieu) dans le camp de réfugiés d'Ain al-Hilweh, près de Sidon. Suleiman les a payés 300 dollars et leur a fourni des téléphones cellulaires libanais et des noms de code pour transmettre secrètement au Hezbollah des informations sur les mouvements de troupes israéliens.

En juin 2001, 3 Israéliens arabes de Yafi'a et Kfar Kanna ont été inculpés pour avoir préparé le vol d'armes dans une base des Forces de défense israéliennes et l'envoi d'informations au Hezbollah. En septembre 2001, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté 4 Israéliens druzes à Rama et à Daliat al-Carmel pour la contrebande d'armes du Liban à Israël. Selon les enregistrements du procès, tous quatre avaient précédemment transporté de la drogue à travers la frontière pour un dealer libanais, qui par la suite a refusé de continuer ses fournitures à moins qu'ils n'acceptent également de transporter des armes pour le Hezbollah.

Le 27 juin 2002, une inculpation pour espionnage au profit du Hezbollah a été lancée contre Nissim Musa Nasser, un Israélien juif de 34 ans, né au Liban et vivant à Holon. Nasser, dont le père était chiite et la mère juive, avait conservé des contacts étroits par téléphone avec son frère vivant au Liban, depuis son émigration en Israël 10 ans plus tôt. En 2000, il commença à se plaindre auprès de son frère au sujet de ses graves problèmes financiers. Pendant une conversation, il apprit qu'un membre du Hezbollah capable de l'aider voulait s'entretenir avec lui. Par la suite, il a contacté à plusieurs reprises cet homme ; à l'une de ces occasions, un représentant haut placé du Hezbollah intervint sur la ligne et lui demanda de fournir au groupe une carte du secteur de Tel Aviv, avec les emplacements des installations de gaz et d'électricité. On demanda également à Nasser de rencontrer un officier supérieur des FDI qui était une de ses connaissances.

D'après l'inculpation, Nasser a effectivement acquis une carte indiquant les dépôts de gaz et les centrales électriques à Tel Aviv, qu'il a également photographiés de sa propre initiative. De plus, il a transmis à son contact du Hezbollah les détails de sa conversation avec l'officier des FDI, qui avait révélé qu'Israël n'avait pas l'intention d'envahir le Liban et qui avait décrit des plans secrets pour assassiner des chefs terroristes au Liban. Nasser, qui a reconnu la plupart des chefs d'accusation, a été arrêté avant de pouvoir rencontrer un représentant du Hezbollah à qui il devait fournir ses renseignement contre le paiement de 1000 dollars.

Frontière israélo-libanaise

Le 2 juillet, des fonctionnaires israéliens ont annoncé avoir découvert un plan du Hezbollah pour kidnapper des Israéliens à l'étranger, de manière similaire à l'enlèvement en octobre 2000 d'Elhana Tannenbaum, un colonel des FDI en retraite qui est toujours prisonnier. L'un des personnages-clefs impliqué dans ce complot se nomme Qayis Obeid, un Israélien arabe de Taibe qui s'est établi au Liban en septembre 2000 pour devenir un agent du Hezbollah. Selon des sources des forces de sécurité israéliennes, Obeid a contacté plusieurs citoyens israéliens en juin 2002 pour essayer de les tromper, à l'aide de fausses propositions commerciales, et les amener à voyager jusqu'à la frontière libanaise ou quelque part en Europe, où ils devaient être kidnappés. Plus tard, il est apparu que l'ancien Ministre de l'Energie Gonen Segev avait été visé par ce plan.

«... Dans les jours suivant le retrait, des membres du réseau ont rejoint des centaines d'autres Israéliens arabes qui se dirigeaient vers la frontière pour rencontrer des proches. »
«... Dans les jours suivant le retrait, des membres du réseau ont rejoint des centaines d'autres Israéliens arabes qui se dirigeaient vers la frontière pour rencontrer des proches. »

Le 12 juillet, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté 4 Israéliens arabes qui transportaient des armes et transmettaient des renseignements au Hezbollah contre de la drogue. Selon l'inculpation datant du mois d'août, Ibrahim Hayeb, un habitant de Nazareth âgé de 28 ans qui avait servi dans les FDI, a fourni au groupe des cartes, des logiciels et des données sécuritaires classifiées qu'il a obtenus avec l'assistance de son oncle, Haled, un ancien traqueur des FDI. Deux résidents de Ghajar, Hassin Hatib et Hatam Hatib, ont transporté les éléments de renseignement à travers la frontière et sont revenus avec 50 kg de haschisch, 3 grenades et 2 pistolets. Un deuxième envoi de matériel destiné au Hezbollah a été confisqué lors des arrestations.

Enfin, au milieu du mois de septembre, un groupe de 10 Bédouins était arrêté en Galilée pour espionnage au profit du Hezbollah, qui leur fournissait en échange de la drogue et de l'argent. Dans ce réseau qui est le plus grand à avoir été découvert figure le lieutenant-colonel Omar al-Kheib, un autre ancien traqueur des FDI qui a eu accès à des informations sensibles concernant les activités militaires israéliennes à proximité de la frontière libanaise. Les services de sécurité ont eu vent de leur activité en mars dernier, lorsqu'un téléphone portable appartenant à l'un des suspects arrêtés a été retrouvé sur le corps d'un terroriste qui a tué 6 personnes au nord d'Israël. A présent, ils redoutent que les informations croissantes obtenues par le Hezbollah ne permettent la mise sur pied d'attentats de grande envergure, comme les groupes terroristes anti-israéliens s'y emploient depuis plusieurs mois.




Texte original: Gary C. Gambill, "Hezbollah's Israeli Operatives", Middle East Intelligence Bulletin, Septembre 2002    
Traduction & réécriture: Cap Ludovic Monnerat
    









Haut de page

Première page





© 1998-2002 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur