L'essentiel de l'actualité militaire







Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

Le nouveau véhicule pour commandants de tir permet de poursuivre la modernisation de l'artillerie

13 avril 2000


Le nouveau véhicule pour commandant de tir d'artillerie, avec les capteurs déployés

Le second objet du programme d'armement 2000, après l'acquisition de 186 chars de grenadiers CV-90, vise également à accroître l'efficacité des brigades blindées: 120 nouveaux véhicules pour commandants de tir devant remplacer les M-113 actuellement engagés dans ce rôle.

Mis au point en étroite collaboration avec Mowag sur la base du véhicule légèrement blindé à roues Eagle, dont notre armée possède déjà plus de 300 exemplaires comme véhicule d'exploration, ce nouvel outil permet de poursuivre de la modernisation de l'artillerie.

 

Exit les M-113 et Pinzgauer!

Il est vrai que la situation actuelle n'est guère enviable. Les commandants de tir issus des groupes d'obusiers blindés et attribués aux formations de combat, bataillons de chars/mécanisés ou régiments d'infanterie, reçoivent en effet un véhicule censé être adapté aux moyens de la formation appuyée: M-113 pour les corps de troupe mécanisés et Pinzgauer pour l'infanterie traditionnelle.

Inutile de préciser que l'un et l'autre font piètre figure. Dans certains cas, on atteint même une impossibilité totale, puisque ni les M-113, ni les Pinzgauer ne sont par exemple capables de suivre les chars de grenadiers à roues 93 des bataillons de fusiliers mécanisés. Un changement s'imposait.

 

Première tranche à 166 millions

L'acquisition de nouveaux véhicules pour commandants de tir vise à la fois à remédier à la vétusté des engins actuels et à mettre en service un système adapté aux performances nettement accrues de l'artillerie. A l'issue de tests menés notamment en 1999 par l'état-major de l'artillerie de Bière avec le Groupement de l'armement, un véhicule sur châssis Eagle - dérivé du Hummer américain - mis au point par Mowag a été retenu.

L'acquisition dans le cadre du programme d'armement 2000 prévoit une première tranche de 120 exemplaires, pour un montant de 166 millions. Ce nombre relativement bas s'explique par la volonté de ne pas anticiper sur les décisions en matière de structures prises dans le projet Armée XXI. De ce fait, les 120 premiers véhicules seront attribués entre 2002 et 2004 aux brigades blindées, de manière à améliorer la conduite du feu de l'artillerie et des lance-mines. Une amélioration de taille.

 

Le nouveau véhicule pour commandant de tir d'artillerie

GPS, imagerie thermique et télémètre laser

Le nouveau véhicule pour commandant de tir offre en effet des performances de haute qualité. Il se compose d'un châssis Eagle comparable au véhicule d'exploration 93/97, dans lequel la tourelle a été remplacée par une sorte de baie vitrée que viennent surplomber des capteurs fixés au sommet d'un bras déployable et rétractable en quelques secondes. Ces capteurs sont au nombre de trois: une caméra, un appareil à imagerie thermique et un télémètre laser.

Le fonctionnement du véhicule est le suivant. Le commandant de tir, assis au centre du véhicule, observe sur un écran les images prises par les capteurs visuels; il peut en permanence sélectionner une image normale ou infrarouge et dispose d'un zoom variable. A l'aide d'un joystick, il contrôle l'orientation des capteurs et peut choisir un point dont le télémètre laser va calculer l'éloignement. Le commandant peut ensuite, sur pression de quelques touches, envoyer un ordre de feu directement aux pièces par le biais d'INTAFF et de FARGO (systèmes intégrés de conduite des feux d'artillerie).

La totalité du processus ne prend que quelques secondes. Et comme aussi bien le GPS embarqué que le télémètre laser (même au-delà de 30 km) fournissent des données au mètre près, la précision des ordres de feu promet d'être sans précédent.

 

Le saut qualitatif de l'artillerie

De fait, cette acquisition renforce l'évolution drastique que connaît l'artillerie de notre armée. La modernisation des obusiers blindés M-109, à partir de 1995, a permis de disposer de pièces capables de tirer à partir de n'importe quel endroit, 30 secondes après la fin du mouvement, grâce à un système de navigation rendant caduc le sempiternel contrôle de l'alignement des pièces.

L'acquisition du système INTAFF, en 1997, a par ailleurs entièrement informatisé la conduite des feux, alors les munitions cargo 88/99 achetées l'an dernier ont encore renforcé l'efficacité antichar du feu indirect, en parallèle avec les projectiles à submunitions 98 Strix pour lance-mines de 12 cm. L'introduction d'INTAFF est en cours, alors que les Strix sont dans un premier temps réservés pour les lance-mines de forteresse. Un véritable saut qualitatif, même s'il reste incomplet.

 

Lacunes: contrebatterie et feu opératif

Car des lacunes subsistent encore au plan de l'équipement. D'une part, notre artillerie ne possède toujours pas de radar de contrebatterie, ce qui l'empêche en grande partie de remplir l'une des missions que lui assigne la Conduite tactique 95, à savoir la destruction des armes d'appui adverses. D'autre part, nos forces armées restent privées de tout feu opératif, puisque nos M-109 ont une portée insuffisante (28 km) et que nos F/A-18 ne sont pas engagés dans l'attaque au sol.

A l'heure où le couple drone/lance-roquettes multiples devient la règle au niveau brigade, nous ne pourrons prétendre à la crédibilité qui conditionne la coopération internationale et, en même temps, nous passer de telles capacités. D'autant que les investissement relatifs sont relativement modestes.

 

Vers un changement de paradigme

Il n'en demeure pas moins qu'au plan tactique notre artillerie atteint un haut degré de performances et se situe dans la moyenne supérieure des Forces armées occidentales. Au point que si l'artillerie devient le "Dieu de la guerre du XXIe siècle", comme un récent article de la revue Armada le suggérait, cet avènement ne peut rester sans influence sur la doctrine d'engagement des unités terrestres.

Si l'artillerie s'affirme comme le "tank killer" n°1, grâce à des projectiles - guidés ou non - à sous-munitions, et que son efficacité sur l'infanterie demeure considérable, c'est en effet le statut du feu direct comme moyen de combat principal des troupes terrestres qui est menacé. Ce qui constitue un véritable changement de paradigme, l'artillerie passant du rôle d'arme d'appui à celui d'arme principale.

Souhaitons qu'une telle évolution, dictée essentiellement par le progrès technologique et donc incontournable, soit prise en compte dans le cadre du projet Armée XXI.


Plt Ludovic Monnerat    






Sources

Groupement de l'Armement, Information du GDA sur le Programme d'armement 2000; démonstration du vhc pour cdt de tir, SFC I div camp 2, novembre 1999


Sites connexes





Première page



Actuel | Armée | Suisse | Monde | Forum | Direct | Matériel | Histoire | Archives | Activités | Liens


Nouveautés | Membres | Objectifs | Soutien | E-mail



© 2000 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur