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En septembre 1939, alors que les Allemands étaient concentrés sur les combats en Pologne, l'armée française envahissait l'Allemagne à l'ouest

24 mars 2001 (traduit de l'anglais)Le général Gamelin
Texte original: Kevin R. Austra, US Army (ret.), paru dans
The History Net, septembre 1999


La Seconde guerre mondiale en Europe était vieille d'une semaine lorsque l'armée française traversa la frontière et entra en Allemagne. Le 7 septembre 1939, la grande crainte des généraux allemands d'une guerre sur deux fronts semblait s'être réalisée. Il apparaissait inconcevable que les Allemands puissent efficacement contrer la puissante armée française avec la Wehrmacht complètement engagée en Pologne.

Alors que les bombardiers en piqué Ju-87 Stuka décollaient pour de vertigineux plongeons sur des objectifs polonais, le général français Maurice Gamelin ordonna à ses Troisième, Quatrième et Cinquième armées de commencer l'opération Sarre. Les armées françaises s'avancèrent dans les saillants de Cadenbronn et de la frontière de Wendt, la où la frontière allemande s'enfonçait en France. Des unités légères de reconnaissance traversèrent la frontière le 7 septembre, suivies deux jours plus tard par des forces lourdes d'infanterie et mécanisées.

 

Une offensive devenue promenade

De manière surprenante, il n'y eut absolument aucune réponse des Allemands, et les fantassins passèrent devant des positions ennemies vides. La Ligne Siegfried tant vantée semblait abandonnée. Malgré ses débuts agressifs, l'intrusion française en Sarre se transforma en une telle promenade que les soldats et fonctionnaires allemands eurent le temps de rassembler leurs affaires et de partir bien avant les légions de Gamelin. Dans d'autres secteurs de chaque côté de l'incursion française, les fonctionnaires allemands et français habituels bavardaient par dessus leurs barricades routières en bois comme si de rien n'était. Malgré la déclaration de guerre, des villes frontalières en France continuaient à recevoir un approvisionnement ininterrompu en électricité en provenance de stations électriques allemandes. La nouvelle guerre en Europe, apparemment, était loin de l'horrible massacre de la Première guerre mondiale 25 ans plus tôt.

En traversant les villages allemands, les poilus trouvaient d'étranges affiches où figuraient des messages tels que "Soldats français, nous n'avons aucune dispute avec vous. Nous ne tirerons pas à moins que vous le fassiez." Au lieu de projectiles d'artillerie hurlants, les Allemands déversèrent sur les lignes françaises des messages de propagande avec des fourgons équipés de haut-parleurs ou érigèrent des panneaux d'affichage portant des messages de paix et de bonne volonté.

 

Char B1 bis

A l'allure d'un escargot

Les soldats français reçurent toutefois des accueils plus mortels. Pendant leur paisible repli, les Allemands saturèrent la zone frontière avec des explosifs. Des champs étaient minés, des portes étaient piégées et certaines enseignes nationales-socialistes sur les murs abritaient des explosifs cachés. Le moindre indice d'un obstacle explosif suffisait à stopper l'avance française à l'allure d'un escargot pendant des jours. Dans un cas, le général Gamelin ordonna personnellement à des soldats de dégager un passage à travers un champ de mines soupçonné en lançant un troupeau de porcs à travers. La rapide succession des détonations et le carnage qui en résulta ne fit rien pour encourager les soldats à s'avancer plus profondément dans le Reich.

Le 9 septembre, deux divisions motorisées, cinq bataillons de chars et de l'artillerie étaient rassemblés dans un fraction de territoire allemand occupé. En dépit d'une puissance de feu écrasante, la plupart des forces de Gamelin restaient en vue du territoire français. Leurs tanks, lorsqu'ils étaient employés, étaient engagés dans de petits raids de compagnie sur des points d'appui ou des casemates inoccupées, à la frontière allemande, pendant que des VIP de France observaient à distance de sécurité.

 

La doctrine blindée française

En 1939, l'armée française possédait parmi les meilleurs chars au monde. Dotés d'une mécaniques solide et puissamment armés, ils avaient un blindage plus épais que celui de n'importe quel char allemand et des équipages bien entraînés. S'il y avait un seul défaut dans la doctrine blindée française, il était lié aux principes d'engagement des chars. Dépourvus d'entraînement dans les manœuvres de chars à grande échelle, les Français tendaient à employer leurs blindés dans des attaques par petits paquets, sans coordination avec l'infanterie, l'artillerie et l'aviation.

Dans les rares exemples où les chars français se traînèrent à travers la frontière à portée des canons ennemis, les obus antichars allemands de 37 mm rebondissaient sans effet sur le blindage des Chars B-1 bis de 33 tonnes. Les chars français répliquèrent avec leurs canons de 47 mm sur tourelle à haute vélocité ou de 75 mm sous casemate. Les échanges isolés, toutefois, s'achevaient généralement par un match nul. Les Allemands disparaissaient et repositionnaient leur canons de petit calibre pendant que les charistes français se retiraient derrière une ligne protectrice d'infanterie. Ces escarmouches mirent en lumière une faille dans la conception des blindés français : le Char B-1 bis avait ses ouvertures de radiateur sur le côté, à un point où un impact d'obus antichar de petit calibre pouvait mettre le char hors combat.

 

Char Mark I A

La faiblesse de la Wehrmacht

Si le service de renseignements militaire français avait su qu'aucun panzer ne leur faisait face, la situation aurait pu être différente. Non seulement il n'y avait aucun blindé chenillé allemand à l'ouest du Rhin, mais en plus la Wehrmacht ne possédait aucune arme antichar capable de rejeter une invasion de blindés. La plus forte défense allemande s'avéra être les actualités filmées du blitzkrieg, qui intimidèrent et trompèrent les services de renseignement français.

A l'opposé de la propagande nazie prétendant à un potentiel militaire sans limite, l'armée allemande manquait d'équipements de combat. Ses unités étaient spectaculairement à court de mitrailleuses, de fusils d'assaut, d'artillerie et de chars. L'arme blindée tant vantée ne comptait qu'à peine 200 chars moyens Mark IV – le char plus moderne dans les stocks allemands – équipés de canons de 75 mm à basse vélocité. Le reste de la force comprenait des chars légers Mark II produits à la hâte et équipés de canons de 20 mm ou de mitrailleuses en tourelle, et même des Mark I faiblement blindés et armés de deux mitrailleuses. Conçus pour l'entraînement jusqu'à ce que des modèles plus lourds soient disponibles, ces chars légers étaient au mieux adaptés à des reconnaissances mécanisées. Le temps que des unités blindées puissent rapidement faire la navette jusqu'au front occidental, les Français auraient déjà pu occuper la Rhénanie.

La pénurie de transports motorisés en Allemagne amena la Wehrmacht à se procurer en dernière minute des véhicules de toutes tailles et de tous genres. L'acquisition hâtive de 16'000 véhicules supplémentaires accrut le fardeau de la maintenance. De nombreux véhicules provenaient des territoires récemment annexés, l'Autriche et la Tchécoslovaquie. Le problème de l'obtention des pièces de rechange pour les camions prit des proportions cauchemardesques, puisqu'il y avait en service dans l'armée 100 différents types de camions, 52 modèles de voitures et 150 sortes de motos. En conséquence, de nombreuses formations de reconnaissance de la Wehrmacht chevauchaient des side-cars arborant d'éclatantes couleurs civiles.

 

Le risque calculé de Hitler

Prenant un risque calculé, Hitler dépouilla les défenses occidentales dans l'idée de garantir une victoire écrasante à l'est. Ce qui restait à l'ouest du Rhin aurait à peine suffi à tenir à distance une attaque ennemie déterminée. Pendant que la bataille faisait rage en Pologne, 43 division allemandes diluées s'étiraient le long de la frontière allemande, du Danemark à la Suisse. En Sarre, le commandant de la Première armée allemande, le général Erwin von Witzleben, comptait 13 faibles divisions sous son commandement.

La menace d'une offensive française agressive tourmentait quotidiennement le commandant de la Première armée. Witzleben, qui avait en fait pris sa retraite du service quelques années plus tôt, convenait à peine pour un commandement opérationnel. Le général s'était invariablement trouvé à des positions mornes, et le poste en Sarre n'y faisait pas exception. La défense de Witzleben était entravée par un manque de canons antichars et d'artillerie, et par le fait que ses divisions d'infanterie n'avaient qu'un faible niveau et étaient équipées de mitrailleuses datant de la Première guerre mondiale. Face à Witzleben se trouvaient 10 divisions françaises complètement équipées et ancrées dans les défenses formidables de la Ligne Maginot.

 

Elément de la Ligne Maginot

Les raisons de la Ligne Maginot

Portant le nom d'André Maginot, ancien combattant et ministre français de la guerre jusqu'à sa mort en 1932, la Ligne Maginot était la ligne de fortifications la plus élaborée et la plus chère jamais construite. Les Français avaient étudié la faisabilité d'une barrière défensive permanente face à l'Allemagne après la fin de la Première guerre mondiale, en prenant pour modèles les forteresses de Verdun. Le premier paiement du projet à 500 millions de dollars fut approuvé par le Parlement en 1929, et les travaux commencèrent en 1930.

La construction de la ligne fortifiée n'était pas seulement le résultat du malaise d'après-guerre que ressentaient les Français pour leurs voisins orientaux. En 1928, l'Allemagne et sa faible armée de temps de paix limitée à 100'000 hommes, la Reichswehr, ne menaçait guère la France, ni n'aurait pu bouter les armées française, britannique et américaine hors de la Rhénanie occupée. Des préoccupations intérieures françaises incitèrent également à la militarisation de la région. En 1928, les départements français de l'Alsace et de la Lorraine – qui avaient été cédés à l'Allemagne par le traité de paix mettant un terme à la guerre franco-prussienne de 1870, et qui avaient été regagnés par la France suite au Traité de Versailles, à l'issue de la Première guerre mondiale – faisaient maintenant des pétitions pour devenir des régions autonomes.

La pensée que ces départements riches en ressources – repris si récemment à un coût incroyable – puissent quitter à nouveau la France était intolérable. Maginot ordonna la construction de la ligne comme un rappel permanent et concret de l'allégeance régionale. En effet, l'essentiel de la ligne proposée longeait une région de France habitée par près d'un million d'Alsaciens germanophones.

La Ligne Maginot compléta les fortifications existantes face à l'Allemagne et était particulièrement forte dans le corridor Saarbrücken – Metz, la route la plus directe pour Paris. En Alsace-Lorraine, la Ligne Maginot fut construite en 10 ans pour un coût de 323 millions de dollars. Les fortifications principales étaient achevées en 1935 et 300'000 soldats constituaient leur garnison.

 

Le feu de la Ligne annulé

Comme avec la plupart des dispositions défensives, la mentalité Maginot se concentra sur une barrière concrète comme couverture sécuritaire. La puissance de feu de la ligne était toutefois largement annulée, parce que les opérations en Allemagne mettaient les objectifs au-delà de la portée effective de l'artillerie lourde. Pour être de quelque utilité, les canons de Maginot auraient dû être avancés. Avec des expériences de la Première guerre mondiale comme la défense sanglante de Verdun en tête, les Français étaient peu disposés à quitter leurs fortifications pour des attaques irréfléchies sur la Ligne Siegfried.

La construction du Westwall, ou de la Ligne Siegfried comme il était appelé par les Alliés, commença en 1936, après l'occupation militaire sans opposition de la Rhénanie par l'Allemagne. Les forts et casemates s'étendaient de la frontière suisse aux Pays-Bas. Les fortifications les plus lourdes furent construites autour de Saarbrücken, où certains avant-postes de la Ligne Maginot se trouvaient à seulement 100 mètres de la frontière allemande. En tant que centre de la défense, la cité industrielle de Saarbrücken avait une importance militaire particulière puisqu'elle constituait l'entrée de la trouée de Kaiserslautern, une route d'invasion traditionnelle.

La trouée de Kaiserslautern menait directement à la cité de Worms, sur le Rhin.

 

Elément du Westwall

Les trois ceintures du Westwall

Réalisant l'importance de cette route à travers la Sarre, les Allemands avaient disposé leurs défenses du Westwall en profondeur, avec trois ceintures. La première ligne était répartie des deux côtés de la rivière Sarre et était constituée d'obstacles antichars, de bunkers et casemates dispersés et de champ de mines irrégulièrement organisés. Partout où cela était possible, les fortifications étaient construites dans des usines et fonderies existantes. La plus forte concentration de mines et de pièges se trouvaient sur cette ligne.

La deuxième ceinture défensive entourait le Hunsrück, une région montagneuse s'étendant à l'est presque jusqu'au Rhin et formant une barrière naturelle vers le cœur de l'Allemagne. Dans ce terrain accidenté, le deuxième ceinture nécessitait moins d'obstacles antichars. La plus grande concentration de défenses individuelles était regroupée autours des routes, lignes ferroviaires et chemins menant dans les collines. La ceinture Hunsrück contenait plus de positions pour l'artillerie lourde et davantage de bunkers de commandement.

La troisième ligne défensive du Westwall se trouvait 20 kilomètres plus à l'est et était formée de bunkers éparpillés et de positions renforcées autour des installations militaires existantes à Landstuhl et à Ramstein. Cette ligne constituait la dernière défense avant Kaiserslautern.

 

L'Allemagne virtuellement sans défense

Au contraire de sa coûteuse voisine française, la Ligne Siegfried n'était pas une ligne continue de forts. Bien qu'elle ait été conçue pour fournir des appuis de feu mutuels, il y avait trop de trous dans les positions défensives. En 1939, seuls 30% des défenses prévues étaient achevées. L'avancée des travaux était compliquée par le transfert de responsabilité de la Ligne Siegfried de l'armée au Ministère des Transports. Une grande part de la Ligne Siegfried avait été construite dans une telle hâte que de nombreux bunkers et casemates étaient disposés de manière incorrecte. Les unités du Corps des travailleurs nationaux-socialistes construisirent des bunkers et des fossés antichars sans retenue. La priorité était donnée aux secteurs situés près des routes principales, où elles bénéficiaient d'un accès facile. Durant une visite des forts à la frontière en 1938, Hitler fut impressionné par le nombre de casemates entourant visiblement les collines. En vérité, toutefois, des dizaines d'autres corridors naturels étaient négligés en faveur de ceux pouvant être vus par des fonctionnaires nazis de haut rang.

Avant l'invasion de la Pologne, l'armée allemande avait peu de difficultés à fournir des soldats à la Ligne Siegfried puisque la défense de la frontière occidentale était prioritaire durant l'annexion de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie. Les opérations en Pologne exigèrent cependant un effort substantiel et des unités de forteresse du Westwall furent absorbées par des unités régulières de l'armée. Les vides du Westwall laissaient la trouée de Kaiserslautern virtuellement sans défense.

 

Défilé de la Wehrmacht en Pologne

Le déséquilibre méconnu des forces

L'armée française avait certainement la force de faire mouvement sur Kaiserslautern. Le long de toute la frontière allemande, 85 divisions françaises faisaient face à 34 divisions nazies ; sur ces divisons allemandes, toutes sauf 11 étaient des unités de réserve. Mais les Français n'avaient pas conscience de la balance favorable des forces. De plus, les Français n'étaient généralement pas en faveur d'une autre guerre européenne et le moral de l'armée était plus bas que jamais.

Les civils français n'étaient guère comblés par la perspective d'une autre guerre si près de la France. La Première guerre mondiale avait presque détruit toute une génération et irrémédiablement divisé la société française. Il y avait également la question de la dévastation qui frapperait les villes françaises près de la zone des combats. Le territoire français près de la Sarre était sorti quasiment intact de la Première guerre mondiale, parce que le secteur faisait alors partie de l'Allemagne et était loin des régions ensanglantées de Verdun, de la Somme et de l'Argonne. En conséquence, peu de maisons, d'usines, de mines, de routes et de ponts ne furent endommagés dans la région de la Sarre. Maintenant que la frontière française s'était déplacée à l'est, il semblait probable que cette région soit en mesure d'être dévastée par la guerre.

 

Une fausse guerre de gentlemen

Le jour où l'armée française marcha sur l'Allemagne, le Corps expéditionnaire britannique débarquait en France. Bien que l'armée britannique ne soit pas tout à fait prête pour s'attaquer à la Wehrmacht, les dirigeant britanniques étaient avides d'une certaine forme d'action. Winston Churchill, alors à la tête de l'Amirauté britannique, proposa de mouiller des mines le long du Rhin. Mais les Français protestèrent, invoquant que les Allemands détruiraient les ponts sur la Seine en représailles. A la Chambre des communes britannique, il y avait une hésitation égale à mener la guerre de manière agressive. Lorsqu'il fut suggérer de bombarder la Forêt Noire pour entraîner des incendies incontrôlables en Allemagne, le Secrétaire d'Etat à l'Aviation Sir Kingsley Wood protesta, au motif que de telles attaques seraient perpétrées contre des propriétés privées. De plus, le Président du Conseil Edouard Daladier demanda à la Royal Air Force de s'abstenir de bombarder l'Allemagne. Cela devenait vite une guerre de gentlemen, les Allemands pour des raisons opérationnelles et les Français par timidité.

Au contraire des machines produites à la chaîne de la Luftwaffe, les avions français étaient virtuellement assemblés à la main et en petit nombre, même s'ils restaient formidables en mains de pilotes expérimentés. L'aviation française avait l'interdiction de mener des missions en Allemagne malgré ses capacités. Si les chefs militaires français avaient réalisé que la Luftwaffe était complètement engagée à l'est, l'effort aérien anglo-français aurait pu être plus agressif. A l'ouest, la Luftwaffe se limitait à quelques chasseurs désuets, pour la plupart des biplans. La plus grande partie des chasseurs Messerschmitt Me-109 disponibles était basée au nord, afin de protéger la Ruhr industrielle et les installations navales. La majorité des activités aériennes durant cette période, qui devint connue sous le nom de " drôle de guerre ", consistait en des missions de reconnaissances allemandes.

 

Char Mark II

En jubilant, Hitler attend

Durant tout ce que la majorité du commandement allemand considérait comme une crise en Sarre, Hitler conserva une attitude d'attente surprenante. Apparaissant généralement insouciant de l'activité à l'ouest, Hitler était en fait curieux quant à la conduite des Français. Il voulait vérifier si la Ligne Siegfried pourrait résister à une attaque décidée. De plus, dans l'éventualité d'un mouvement français vers la Ruhr à travers le Luxembourg ou la Belgique, il avait quelque intérêt à savoir si une contre-attaque allemande menée par des forces revenant de Pologne pourrait expulser les Français du sol allemand. Avec une certaine jubilation, Hitler considérait l'incursion en Sarre comme une provocation pour des opérations à l'ouest.

L'attitude curieuse d'Hitler envers ces événements fut apparente le 7 septembre, lorsqu'il nomma le général Kurt Freiherr von Hammerstein commandant du Détachement d'armée A, une force ad hoc pour la défense de la Ligne Siegfried. En choisissant Hammerstein, qui aurait dû prendre sa retraite et n'avait aucune autorité véritable sur ses forces, Hitler avait l'assurance d'aucune initiative allemande dans les secteurs menacés. Hitler croyait que les Français avaient attaqué là où le Westwall était le plus fort, et il réalisa que les Français n'avaient pas réussi à capturer une ville allemande majeure ou à engager le combat avec des unités allemandes malgré leurs gains territoriaux. Saarbrücken, la charnière industrielle de la Sarre, était si faiblement menacée que les moulins et les usines continuaient de fonctionner. Les seules rafales tirées sur Saarbrücken furent celles des appareils photos à téléobjectif des avant-postes de la lignes Maginot surplombant la cité.

 

Les soupçons de Gamelin

Gamelin devint de plus en plus soupçonneux quant à l'inactivité allemande prolongée. Interprétant mal cette absence de réaction, le général français ordonna à ses commandants de se tenir à distance de la ligne Siegfried et de planifier un rapide repli sur les positions dominantes de Spicheren en France. Politiquement, c'était aussi la voie la plus sûre. Une avance prolongée en Allemagne aurait signifié l'abandon de la coûteuse Ligne Maginot.

La lente offensive française atteignit son sommet le 12 septembre – une pénétration de 8 kilomètres en Allemagne. Il devenait évident que plus les éléments français de tête approchaient du Westwall, plus leur avance se faisait prudente. Dans un village, une seule mitrailleuse allemande contint l'avance française pendant plus d'un jour. Avec de tels retards, l'incursion en Sarre régressa en une démonstration confuse.

Les événements à l'est dictèrent en définitive le retrait français. L'armée soviétique envahit la Pologne le 17 septembre. Manifestement, la guerre européenne devenait rapidement une guerre mondiale. La Sarre n'était plus un centre de gravité et les Français imaginèrent de nouveaux projets pour vaincre les Allemands et les Russes sur des champs de bataille éloignés de la France. Les gouvernements allemand et soviétiques lancèrent des campagnes séparées pour la paix. Un rejet complet de ces initiatives et une escalade des hostilités par les Français aurait apparemment incité à la guerre mondiale. Il y avait également le danger que les Italiens prennent part au conflit.

 

Un repli sans unanimité

Gamelin fit la remarque que toute l'opération en Sarre n'était rien de plus qu'un " petit test ". Avec 35 divisions polonaises anéanties une semaine seulement après l'invasion allemande, les militaires français conclurent que le détournement de ressources vers l'ouest n'était qu'une question de temps. Gamelin émit son Instruction Personnelle secrète No. 4, ordonnant à ses forces de suspendre leur avance.

Le 21 septembre, Gamelin renonça à toute perspective de poursuite de l'offensive et ordonna à l'armée française de se replier sur la Ligne Maginot dans l'éventualité d'une contre-attaque allemande. Tous les généraux français ne furent pas d'accord avec cette évaluation. Le général Henri Giraud, commandant de la Septième Armée, voyait une opportunité presque incroyable pour les forces françaises dans la Sarre. Il croyait qu'un corps aurait pu s'emparer de la zone entre Saarbrücken et Trier. Un tel mouvement aurait non seulement embarrassé l'Allemagne, mais également assuré le corridor de Metz vers la France et les routes ouvertes à de nouvelles opérations vers le Rhin en direction de Coblence ou de Mannheim. Dans l'un ou l'autre cas, il semblait possible que les Forces françaises soient capables d'atteindre le Rhin.

 

La une du Matin, le 11 mai 1940

Le retour en force de la Wehrmacht

Le haut commandement allemand admit timidement l'évaluation de Hitler quant à la répugnance française. Quand le destin de la Pologne fut scellé, les troupes allemandes furent à même de faire la navette pour l'ouest. Le général von Hammerstein fut relevé de son commandement impotent sans cérémonie, et les garnisons du Westwall se détendirent.

Le général allemand Siegfried Westphal a reconnu que la situation à l'ouest était dangereuse et a estimé que les Français auraient pu atteindre le Rhin en deux semaines s'ils avaient essayé. Le commandement français avait d'autres craintes. L'artillerie allemande était maintenant à portée des éléments avancés de la Ligne Maginot, et les avions de chasse de la Luftwaffe revenaient dans le ciel occidental. Les commandants français, adossés à la Ligne Maginot, se retirèrent obligeamment.

Le 30 septembre, l'armée française reçut secrètement l'ordre de se replier sur la patrie, le mouvement devant être effectué de nuit. Le repli fut aussi lent que le fut l'avance. Ce ne fut pas avant le 17 octobre que les dernières forces françaises de couverture quittèrent le territoire allemand.

 

La fin d'une opportunité unique

La Première Armée allemande de Witzleben, renforcée par une division d'infanterie, déclencha le 16 octobre une attaque générale qui fit à peine plus que suivre quelques unités françaises d'arrière-garde. La contre-offensive dura jusqu'au 24 octobre. La Première Armée entra en France et fut ainsi la première force militaire allemande à le faire depuis août 1914. Les Allemands poursuivirent leur avance sans opposition et occupèrent une tranche de territoire français pendant 5 mois, jusqu'au blitzkrieg du 10 mai 1940 qui écrasa le pays. Un communiqué français annonça une forte attaque allemande, avec des rapports ultérieurs sur de sévères pertes ennemies. Les Allemands, en fait, ne dénombrèrent qu'un total de 198 morts dans cette action.

Avec l'opportunité en 14 jours de contrecarrer le Troisième Reich s'acheva pour la France la seule offensive de la guerre, annonçant le début de la drôle de guerre. Pire, l'inexplicable léthargie française dans la Sarre condamna la France à la défaite 7 mois plus tard et garantit quatre années d'occupation nazie.


Traduction : Cap Ludovic Monnerat    








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