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Le général Franks décrit la planification
et la conduite de la guerre en Irak

13 juillet 2003

Gen T. FranksL

e correspondant militaire de l'agence Knight Ridder, Joseph L. Galloway, popularisé dans le film récent We Were Soldiers Once, s'est entretenu pendant 90 minutes le 18 juin dernier avec le général Tommy Franks, au quartier-général du Central Command à Tampa. Les lignes ci-dessous sont la transcription éditée de cet entretien.

"Toute la partie des opérations spéciales d'Iraqi Freedom est terriblement importante, parce que c'était une composante majeure des opérations et cela reste le cas en Irak maintenant. Elle a constitué une partie essentielle du plan depuis la première fois que j'ai parlé au Président, à la fin de décembre 2001, à Crawford au Texas. Je m'y suis rendu pour lui présenter la situation en Afghanistan. A cet instant, selon mon souvenir, nous n'avions pas encore installé Hamid Karzai comme leader intérimaire, mais nous étions sur le point de le faire."


«... La planification de cette opération a duré une année, et elle a pu recevoir les contributions des meilleurs cerveaux militaires et civils dans ses itérations. »


"Je suis allé à Crawford à la demande [du Secrétaire à la Défense] Don Rumsfeld pour donner un briefing au Président sur l'Afghanistan, et je l'ai également briefé sur le premier format de ce qui allait devenir l'opération 'Iraqi Freedom'. Ce briefing pour le Président était pour l'essentiel le plan standard qui avait été assemblé durant les 10 à 11 ans après Desert Storm par un état-major de CentCom après l'autre. Un effort en évolution pendant 10 ans. Les opérations spéciales faisaient partie de ce plan."



Les mesures préparatoires

"C'est là qu'ont surgi les premières bribes d'informations selon lesquelles 'le général Franks veut la plus grande force terrestre au monde, répéter Desert Storm et ainsi de suite'. Le but de ce briefing n'était pas de suggérer un plan pour l'Irak, parce qu'il n'y avait aucune indication d'une guerre en Irak. Il s'agissait de fournir un rapport de situation à l'autorité de commandement nationale sur l'état de la planification dans l'éventualité où nous devions entrer en guerre contre l'Irak. C'est pourquoi je l'appelle un format [le général Franks parle en fait de 'bookend', littéralement serre-livres, note du traducteur] ; c'est le format lourd qui a été présenté dans le premier briefing donné au Président."

"Le Président en a pris connaissance, sans donner d'instruction pour poursuivre les travaux et faire plus ou moins. Je lui ai dit, sur la base de ma conversation avec le Secrétaire Rumsfeld, que ce qu'il voyait n'était ni une suggestion, ni une recommandation. C'était l'état actuel de la planification." 

"Le Secrétaire avait demandé dans cette période que tous les commandants de combat [c'est-à-dire les chefs des commandements territoriaux, Central Command, European Command, Pacific Command, Northern Command et Southern Command, NDT] de réviser les plans prévisionnels existants. Et pour une très bonne raison."

"Certains ont critiqué Don Rumsfeld pour avoir suggéré que tous les plans soient rénovés. J'ai en fait considéré qu'il avait précisément raison. Tous les plans devaient être revus parce de nombreuses choses avaient changé depuis le milieu des années 90, dont certainement la technologie et le positionnement de nos forces dans le monde."

"Le Secrétaire a donc dit, 'jetons un coup d'œil pour savoir où nous en sommes avec tous les plans.' Au CentCom, nous étions en train de faire cela pour le plan irakien, comme pour tous les plans d'évacuation de non-combattants et tout l'éventail de processus de planifications dans le commandement. Nous avions beaucoup de plans."

"C'était la première présentation que nous avons donnée de l'état de planification pour l'Irak. En décembre 2001. Par la suite, il est devenu évident au début de 2002 que le CentCom n'était pas exactement positionné de manière judicieuse par rapport à la zone de responsabilité. Pas seulement par rapport à l'Irak. Les stocks pré-positionnés de l'Armée étaient certainement solides en Koweït ; ils ne l'étaient pas encore au Qatar. Ils ne l'étaient pas non plus en ce qui concerne les stocks prépositionnés en mer [soit avant tout ceux déployés près de l'île de Diego Garcia, NDT] ; les stocks de munitions devaient effectuer des rotations. Nous avons pris tout cela en en compte plutôt que simplement refaire un plan pour l'Irak. Nous avons dit, comment devons-nous nous repositionner au Central Command pour tenir compte du fait que le futur ne ressemblera pas au passé ?"

"Parmi les choses que nous avons commencé à faire au début 2002 figurait le positionnement d'éléments au Qatar. Nous avons également commencé à déplacer certains équipements de l'Armée au Koweït en utilisant un navire nommé LSV (pour Logistics Support Vessel). Nous voulions que cela se fasse de manière aussi invisible que possible, et nous avons donc transporté avec un LSV des éléments de combat du Qatar au Koweït, pendant 6 à 8 mois, en déplaçant 28 pièces d'équipement à la fois. Parce que c'était très discret et parce que cela faisait quelque chose d'autre : vider une partie des entrepôts au Qatar, ce qui était important pour nous. Je voulais que ces entrepôts soient reconfigurés, dotés de l'air conditionné et organisés pour que 1000 à 1500 soldats puissent y vivre. Nous voulions aussi qu'une certaine bande passante commerciale soit amenée… un lien de communication civil massif."

"Nous avons travaillé sur cela 6 à 8 mois, et pendant ce temps nous avons fait évoluer un plan qui avait deux formats. Le premier que j'ai déjà mentionné, et qui était un format très lourd. Il y avait un autre format à un autre extrême, qui impliquait un peu moins de 80'000 hommes au sol. Nous avons dit que quelque part entre le très lourd et le très léger, avec un appui aérien massif, nous trouverions le plan approprié. Ce dernier serait toujours défini en fonction d'événements extérieurs."

"On peut vouloir de tout ses vœux partir en guerre avec un demi-million de soldats, mais avec la situation stratégique du Moyen-Orient, le comportement de Saddam Hussein, le risque de perdre un avion de Southern Watch ou de Northern Watch [les opérations imposant les zones de non-survol, NDT], et les conséquences qui pourraient en découler, on peut ne pas être en mesure d'avoir une force aussi imposante." 

"L'une des éléments sous-jacents est que nous voulions être aussi invisible que possible dans notre position ou dans l'établissement d'une autre disposition de nos forces dans la région. Nous ne voulions pas une montée en puissance massive des forces, parce que la dernière fois qu'il y a eu une montée en puissance massive le Koweït a perdu ses champs de pétrole. Nous voulions parvenir à une surprise au cas où nous devions entrer en guerre. De sorte que nous étions sur cette voie pas très visible, et cela a continué des mois durant en 2002." 

"A un instant donné, nous avons commencé à planifier des éventualités entre les deux formats ; le très lourd en premier, le très léger en deuxième, et nous étions tous d'accord qu'il y avait un éventail d'hypothèses entre les deux qui nous imposait d'essayer de trouver une dispositif permettant d'y répondre."

 



Le problème des ADM

"C'est à partir de ces hypothèses que la presse a décrété qu'il devait exister une Liste Rumsfeld des choses pouvant mal tourner. En fait, il y avait une telle liste, et elle a été alimentée non seulement par moi-même, mais par plusieurs commandants de combat, de même que par des gens de la Maison-Blanche. On s'asseyait ensemble, on se parlait au téléphone et on se disait : 'que se passe-t-il si la diplomatie ne parvient à prendre le contrôle des armes de destruction massive en Irak ?' Jamais nous sommes-nous demandé s'il y avait des armes de destruction massive en Irak. Les renseignements, bien qu'imprécis, étaient irrésistibles. Ils le sont toujours aujourd'hui."

"Les informations provenant des services de renseignements sont bien plus souvent imprécis que précis. De sorte que la base de l'évaluation de la situation avec les ADM provenait de la dernière Guerre du Golfe, du beau-fils qui nous a donné des informations avant de retourner en Irak et d'être exécuté, de pages et de pages d'interceptions, des infiltrations menées en Irak par des Kurdes avec lesquels nous avons parlé, donc de sources humaines. Un énorme volume d'informations qui n'était jamais assez précis pour nous dire, là se trouvent ces tonnes de sarin, là ces fûts de cela, bien qu'il y ait dans certains cas des indications selon lesquelles Habaniyah I ou II étaient des endroits où des armes biologiques et chimiques étaient créées."

"Nous avions une quantité énorme d'informations remontant à 1991 sur le fait que non seulement des ADM étaient présentes, mais qu'elles étaient continuellement recherchées par le régime [irakien]. Nous avons essayé que la diplomatie parvienne à désarmer ce pays en accord avec les résolutions du Conseil de sécurité à la fin de la dernière Guerre du Golfe."

"Et si la diplomatie ne fonctionnait pas ? Et si nous avions pris une décision politique selon laquelle le passé ne serait pas l'avenir, c'est-à-dire que si nous croyons qu'il a des ADM, nous ne le tolèrerons pas ? Si cette décision est prise, si la diplomatie ne parvient pas à obtenir le résultat attendu, alors il devient nécessaire de renverser le régime, et c'est là que la planification militaire entre en jeu."

"Deux formats, puis le début des interrogations. Que se passe-t-il s'il décide de créer une forteresse à Bagdad et que nous devons mener un combat en milieu urbain ? C'est une possibilité dont nous devons nous soucier. Que se passe-t-il s'il décide d'utiliser les ADM que nous croyons fermement en sa possession ? Des armes biologiques et chimiques, pas nucléaires. Nous ne connaissons pas l'avancement de ces capacités, mais nous connaissons des choses comme les L-29, de vieux avions transformés en drones. Nous avons des informations venant des renseignements que des réservoirs diffuseurs ont été ajoutés à ces appareils. Les L-29 sont devenus un système nommé Al Jemaah, testé à des portées dépassant les 500 km, et nous avons donc dit qu'il pourrait utiliser des ADM."

"Un troisième point : et s'il décide de détruire les champs de pétroles du sud ou du nord ? Que se passe-t-il s'il décide d'utiliser un certain nombre des deux douzaines de missiles Scud qui restent introuvables depuis la fin de la Guerre du Golfe pour attaquer ses voisins avec des ogives conventionnelle ou non ? Ce pourrait être Israël. Ce pourrait être la Jordanie. Ce pourrait être l'Arabie Saoudite. Ce pourrait être la Turquie. Ou le Koweït."

"Et ainsi je vous ai donné 5 scénarios d'une liste qui en compte 15 ou 20, qu'à mon avis la planification militaire devait considérer."



Vers le plan définitif

"Nous avons donc commencé à passer en revue, entre les formats, toutes les possibilités. Et nous nous sommes demandés, 'que se passe-t-il si on utilise le format avec une force terrestre très légère et une force aérienne très grande face à chacun de ces événements potentiels ? Que se passerait-il s'il décidait de lancer des ADM ou des munitions conventionnelles sur un pays voisin ? Comment notre force se comporterait dans un tel environnement ? Ou comment réagirait une petite force s'il décidait de détruire sa propre infrastructure pétrolière ? Ou s'il décidait de détruire tous ses écluses et barrages en permettant l'inondation du sud de l'Irak ? Comment se débrouillerait une force légère dans ce scénario ?"

"Par conséquent, nous avons joué les deux formats face à chacun des scénarios possibles et ajusté le concept planifié avec une méthode que Don Rumsfeld utilisait et continue à utiliser : l'itération. Nous avons équilibré le plan en utilisant une modélisation informatique, des concepts force contre force, jusqu'à ce que nous décidions d'avoir atteint le meilleur point, et c'est ainsi que le plan a été créé. Il a évolué et atteint son état final lorsque chacun d'entre nous, sachant que nous ne pourrions pas supprimer toute incertitude, a conclu qu'il ne s'agissait pas d'un pari mais d'un risque prudent. Et le plan sur lequel nous nous sommes mis d'accord est celui que vous avez vu être exécuté."

"Ce plan avait plusieurs caractéristiques. L'une d'entre elles était que nous devions agir par surprise, et nous l'avons fait. Une deuxième caractéristique était qu'il devait être flexible au niveau de son application et de ses composantes, c'est-à-dire suffisamment malléable pour engager en premier soit la puissance aérienne, soit la puissance terrestre. Pour avoir soit des Tomahawks en premier, ou des Tomahawk quelque part ailleurs. Pour introduire des forces d'opérations spéciales en grand nombre afin de répondre à chaque problème potentiel que nous pensions peut-être affronter."

"Ce plan n'appelait pas un déroulement automatique ; il avait besoin d'être conduit à partir d'une position avancée, car l'ennemi avait son mot à dire et pouvait décider de détruire ses champs de pétrole, tirer des missiles, anéantir ses ouvrages hydroélectriques, commettre des atrocités en grand nombre et attaquer les Kurdes."

"A quoi devait ressembler le plan ? Nous nous sommes dit qu'il devait avoir cinq fronts. Que nous soyons assez intelligents pour identifier en cours de route cinq fronts n'est pas la question. Dans mon esprit, j'ai identifié cinq fronts et je suppose qu'après quatre ou cinq de ces itérations, lorsque je suis allé à la Maison Blanche ou à Camp David, j'ai probablement parlé de ce que recouvraient ces cinq fronts. Nous savions que pour avoir la meilleure posture par rapports aux champs pétrolifères du nord et à des tirs de missiles sur la Turquie, pour pouvoir au mieux tenir les Irakiens hors des champs et loin des Kurdes, nous avions besoin d'un front nord."

"Nous avons donc décidé de mettre ce qui deviendra la 4e division d'infanterie pour un débarquement en Turquie. La 4e DI a été encolonnée, embarquée et envoyée en Méditerranée orientale, pour ensuite y attendre. Une partie du problème était liée au fait qu'il y avait 11 divisions de l'armée régulière irakienne et 2 divisions de la Garde républicaine au nord, et je voulais qu'elles restent là."



Une opération sur cinq fronts

"On a donc une efficacité tactique en étant capable d'introduire une division à partir du nord, mais on a une surprise stratégique simplement en positionnant la division en Méditerranée orientale. Nous pensions par des moyens du renseignement avoir une certaine influence sur le régime, et nous voulions qu'il croie qu'une force serait introduite au nord, et que l'horaire de cette insertion pourrait être discuté avec les Turcs. Nous voulions une certaine incertitude dans l'esprit de Saddam Hussein quant à savoir si les Turcs entendaient permettre le débarquement de cette force, et je l'ai donc gardée longtemps après que je sache qu'elle n'entrerait pas en action au nord."

"Nous savions avoir besoin d'un front nord, et si nous ne pouvions pas engager cette force lourde, nous devions le faire d'une autre manière. Nous avons décidé d'insérer entre 20 et 50 A Teams de forces spéciales avec un groupe [soit des équipes de 12 hommes, sous la conduite d'un commandement de niveau bataillonnaire, NDT] pour opérer dans le nord, à partir des territoires kurdes, et nous devions procéder à un enveloppement vertical en introduisant une brigade aéroportée au nord. Nous avons donc commencé à organiser ces forces in Italie."

"Le deuxième front : nous savions que l'un des risques stratégiques, comme ce fut le cas en 1991, serait une attaque sur la Jordanie, Israël ou les deux. Nous devions prendre aussi vite que possible le contrôle du désert occidental, 25% du territoire irakien, et nous avons décidé que la meilleure manière d'y parvenir serait d'engager des forces d'opérations spéciales. Le nombre d'opérateurs nécessaires serait assez grand, entre 25 et 50 A Teams, renforcés par des éléments de trois autres nations. Le contrôle du désert occidental était donc un deuxième front, et nous savions qu'il fallait le faire très, très vite."

"Nous savions aussi qu'il y avait une possibilité que le régime pourrait mettre ses wagons en cercle ou créer une forteresse dans leur centre de gravité stratégique, qui était le secteur Bagdad-Tikrit. Pour influer sur cela, nous allions avoir besoin de traiter le problème non seulement à partir de l'extérieur, mais également à partir de l'intérieur, et nous pensions que cela pouvait être fait en utilisant deux outils."

"L'un était la puissance aérienne, pour empêcher la Garde républicaine de se replier sur Bagdad, et nous savions devoir le faire en cas de combat. Nous pensions aussi qu'il était possible de mener des infiltrations, spécialement dans les zones chiites, pour recruter des sources de renseignements et commencer à créer des problèmes pour le régime à Bagdad avant le début des hostilités. Nous avons donc introduit d'autres éléments gouvernementaux pour ce faire [une telle formulation s'applique le plus souvent aux agents de la CIA, NDT]. Et Bagdad est devenu le troisième front."

"Le quatrième front était la concentration de forces terrestres au Koweït devant entrer en Irak ; ce devait être l'effort principal du début à la fin, en recevant l'appui des autres efforts. La tâche assignée au lieutenant-général David McKiernan, le commandant de la force terrestre, était de fixer et de contourner les formations terrestres pour s'approcher de Bagdad et l'isoler aussi vite que possible, à partir de l'instant où l'ordre d'exécuter la campagne terrestre serait donné. Voilà le quatrième front."

"Le cinquième front était l'information. Nous voulions une combinaison de deux choses. L'une était un silence maximal au niveau du public à propos des choses que j'ai précédemment décrites, avec une déception dont je voulais abreuver le régime irakien pour l'amener à réagir comme nous le voulions. Par exemple, geler ses forces au nord ; hésiter quant aux sites d'atterrissages potentiels pour la 82e aéroportée ou d'opérations aéromobiles de la 101e. Nous avons donc mené des opérations de déception pour fournir au régime des informations qui entraîneraient l'incertitude ou le chaos."

"En même temps, nous voulions mener des opérations offensives de guerre électronique qui auraient pour effet d'interrompre les principales lignes de transmissions utilisées pour donner des ordres, et nous avions lié cela au front que j'ai décrit autour de Bagdad."

"Nous étions décidés à briser certaines lignes de transmissions. Franchement, nous voulions en laisser d'autres intactes, parce qu'il y a un bénéfice à comprendre quels ordres sont donnés. Nous avons donc interrompu sélectivement certaines lignes – les câbles à fibre optiques irakiens – et laissé en fonction d'autres moyens – y compris les radios, et les téléphones satellitaires et cellulaires."

"Si vous regardez le passé, le ciblage de Northern Watch et Southern Watch, vous verrez une concentration sur les nœuds de fibres optiques et les sites relais, parce nous voulions être en mesure de contraindre les formations ennemies à utiliser les radios à haute fréquence."



L'insertion des forces spéciales

"Alors que nous rebondissions entre les formats, nous nous sommes fixés sur un séquencement des composantes de l'opération. Si vous savez qu'il y aura un front nord, un front ouest et un front sud, une puissance aérienne constante et des campagnes d'informations à la fois passives et actives, comment peut-on séquencer tout cela ?"

"Nous avons mis en place une séquence qui d'emblée, avant le début des hostilités, a établi l'infrastructures des forces dans tous les domaines, de la construction de pistes d'aviation à celle de bâtiments pour les troupes dans plusieurs pays, et cela a continué pendant des mois avant le positionnement final des forces."

"Nous avons dit que l'une des premières choses à faire serait d'engager les membres des forces spéciales pour contrôler le désert occidental. Un fait peu connu est que l'insertion de ces éléments à l'ouest a précédé les opérations davantage médiatisées, aériennes et terrestres, à partir du sud. Lorsque ces opérations ont commencé, nous avions déjà entre 25 et 40 équipes de forces spéciales opérationnelles à l'ouest."

"Ils ont été en mesure de le faire sans être découverts, sauf que le régime savait qu'ils se trouvaient par là. Les Irakiens savaient qu'ils étaient là et ils ignoraient pourquoi. L'une des raisons pour cela était la destruction de 100 postes d'observation visuels entre la frontière jordano-irakienne, et entre la frontière avec l'Arabie Saoudite et le Koweït. Nous avons en fait détruit la moitié d'entre eux une nuit, introduit les opérateurs des forces spéciales, et détruit l'autre moitié la nuit suivante."

"Prenez la question de l'intégration des reporters. Eh bien, nous n'avons pas intégré de reporters aux forces d'opérations spéciales à ce stade, parce que nous ne voulions prendre aucun risque de fuite à la presse quant aux actions à l'ouest jusqu'à ce que nous ayons empêché le régime d'utiliser ses missiles Scud. Les forces spéciales ont donc été engagées en premier."

"Quelques heures avant l'expiration de l'ultimatum annoncé par le Président Bush, une période de 48 heures pendant laquelle le régime avait l'autorisation de quitter le pays, le Président a dit qu'il souhaitant avoir une vidéoconférence avec le Central Command. Je l'ai organisée."

"Douze à dix-huit heures avant le début des hostilités, nous avons eu une téléconférence avec le Président. J'ai présenté chacun des commandants des composantes, opérations spéciales, marine, aviation et terre. Le Président a demandé à chacun d'entre eux, 'Que pensez-vous de la stratégie, que pensez-vous des conditions et du dispositif actuels ?' Chacun a répondu très positivement avec une vive compréhension de leur situation, une satisfaction avec les forces et les règles d'engagements, et à la fin de la conférence (j'étais en Arabie Saoudite), le Président a demandé : 'Est-ce que vous avez des commentaires ?'"

"Dans l'Histoire, les annales devraient refléter le fait que cet homme a été incroyablement présidentiel. En résumant le tout, il a dit, 'Je crois que les forces militaires du pays sont en mesure de faire ce qui doit être fait, et vous avez donc l'ordre d'exécution, l'heure H sera celle-ci.'"



Les premières frappes aériennes

"Nous avions déjà introduit des forces spéciales à l'ouest et au nord avec les Kurdes, nous étions à 12 heures de l'expiration de l'ultimatum et le Président avait décidé de ne pas attaquer le régime avant la fin de ces 48 heures ; qu'il n'y aurait pas de stratagème, et qu'il conserverait l'avantage moral. Ceci sans égard au fait que nous ayons une localisation précise des leaders du régime ; ils ne seraient pas une cible jusqu'à ce que l'ultimatum expire."

"Quelque part entre 8 et 10 heures avant ce délai, j'ai reçu un appel du général Dick Myers dans la Situation Room de la Maison Blanche avec Don Rumsfeld et la directeur de la CIA George Tenet. J'avais avec moi au Qatar mes responsables du renseignement. Des informations nous parvenaient que la direction du régime se trouvait dans un emplacement particulier ; le président a pris la décision que cet emplacement ne serait pas attaqué avant l'expiration."

"Le Secrétaire m'a demandé si j'avais la capacité de frapper un tel emplacement. Il y aurait une fenêtre étroite entre l'expiration et l'aube. Quoi que nous fassions, nous voulions le faire de nuit. J'ai décidé de ne pas employer des Tomahawks et de ne pas effectuer le travail préparatoire consistant à détruire des radars d'alerte avancée. Nous le ferions avec des F-117. C'était la frappe des fermes de Tarnak, une enceinte où Saddam Hussein était censé se trouver, et elle s'est produite entre une et deux heures après l'expiration de l'ultimatum."

"Des gens m'ont demandé comment cela a perturbé le plan. Cela n'a eu absolument aucun effet sur le plan. Parce que les moyens n'avaient aucun autre rôle ; ils étaient là pour traiter des cibles périssables. Nous avons admis que les cibles périssables pourraient être un certain nombre de choses – des éléments du régime, la Garde républicaine, les centres de commandement et contrôle – et ils n'avaient absolument aucun lien avec la puissance aérienne, la puissance terrestre et les forces spéciales. Nous avons simple intégré à la séquence le fait que nous allions combattre des cibles périssables. Nous avons envoyé deux F-117, ils ont traité la cible et un autre objectif de haut niveau au cœur de Bagdad l'a été avec des Tomahawks ; nous avons touché deux cibles, l'une avec des jets, l'autre avec des missiles de croisière."

"J'ai évalué les dégâts sur les cibles comme étant appropriés ; les balles sont allées là où elles devaient aller. Nous avons ensuite exécuté la séquence."

"Nous nous sommes mis d'accord dans la planification du concept que le déroulement du début à la fin serait dicté par le champ de bataille, qu'il ne serait pas branché sur automatique, et il y avait donc un processus décisionnel qui disait, 'Nous pensons devoir commencer à engager les forces spéciales pour leurs tâches, et ensuite nous aurons une période où nous utiliserons la puissance aérienne, ce truc 'choc et stupeur', détruire les SAMs (les missiles sol-air), détruire les radars, voilà un morceau pour la puissance aérienne.'"

"Ensuite, nous allions utiliser la puissance terrestre pour aller jusqu'à Bagdad et l'isoler aussi vite que possible. Mais le séquencement de la puissance aérienne avant la puissance terrestre serait déterminé par la situation."



Les combats contre les paramilitaires

"Lorsque nous avons été prêts à déclencher les opérations, après les fermes de Tarnak, nous avions des forces spéciales à l'ouest, et j'ai commencé à recevoir des informations selon lesquelles nous apercevions le positionnement de quelques éléments de l'armée régulière, avec des chars, près des champs pétrolifères méridionaux. Nous avions des renseignements affirmant que ces champs pouvaient avoir été préparés pour une démolition et nous les observions très, très attentivement. J'ai donné un ordre préalable au commandant de la composante terrestre pour être prêt à anticiper de 24 heures l'entrée de forces terrestres en Irak, sur la base de renseignements additionnels au sujet du sud."

"J'ai alors vu que trois puits de pétrole avaient été mis en feu. J'ai également eu une estimation supplémentaire du renseignement sur l'emplacement des chars, de l'artillerie et des soldats dans les champs pétrolifères, sur ce que faisaient les 6e, 10e, 14e, 51e et 18e divisions irakiennes, et j'en ai conclu que nous avions de très bonnes chances de sécuriser ces champs en attaquant 24 heures plus tôt."

"J'ai décidé de le faire, j'ai transmis cette décision et dit au Secrétaire que j'allais déclencher en premier la poussée terrestre et suivre 14 heures plus tard avec A Day, c'est-à-dire le jour aérien. Lorsque les forces spéciales ont été engagées, c'était S Day ; G Day pour les forces terrestres et A Day pour la puissance aérienne."

"Cinq fronts pouvant au besoin être séquencés selon ce que nous voyons au sol. J'étais satisfait que nos éléments des forces spéciales étaient actifs à l'ouest, j'étais satisfait que nous ayons la capacité d'anticiper le 24 heures la mise en branle des forces terrestres, et c'est ainsi que le tout s'est déroulé."

"Les types au sol savaient qu'ils ne devaient pas être liés avec cette concentration de forces au sud, qu'ils devaient isoler et fixer ces divisions, sécuriser les champs pétrolifères et utiliser le gros des forces pour foncer sur Bagdad aussi vite que possible."

"L'opération terrestre a commencé avec la MEF (1ère force expéditionnaire de Marines), la 1ère division blindée des Britanniques avec leurs commandos, et la 3e DI. Les Brits et les Marines ont ensuite isolé Umm Qasr et Bassorah, alors qu'à leur gauche la 3e division avançait sur Bagdad."

"Ils ont rencontré des forces paramilitaires, des fedayeens dans une sorte de défense urbaine autour d'Al Nasiriyah, mais ce n'était pas une vraie défense en raison de la médiocrité des tactiques irakiennes. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il n'y a pas eu de fusillades énormes."

"La 3e d'infanterie et les Marines ont été très braves ; ils ont fait un superbe travail en accomplissant la mission qui leur avait été assignée. Lorsque ces escadrons de la morts, fedayeens ou baasistes ont commencé à attaquer les convois par des embuscades, j'étais intéressé de voir quelles tactiques ils utiliseraient. Ils émergeaient d'un secteur comme Nasiriyah et attaquaient nos forces sur les lignes de communication principales. Cela n'était pas inattendu."

"Mais au lieu de s'établir dans des positions pour défendre Nasiriyah, Najaf, Karbala ou Kut, ils se sont simplement repliés dans la ville et sont allés au QG des services secrets, de la police d'Etat ou du parti Ba'as, en roulant en camion jusque devant le bâtiment avant d'y entrer pour vaquer à leurs activités. Nos troupes ont rapidement reconnu ce fait, et du coup une grande partie de la solution contre les fedayeens consistait à les combattre sur les lignes de communication jusqu'à ce qu'ils se retirent dans leurs quartiers-généraux, puis de détruire ceux-ci."

"D'Umm Qasr à Nasiriyah la tactique est restée la même, et une grande quantité d'entre eux a été détruite alors qu'ils se rassemblaient dans les bâtiments de leurs QG. Nous avons également remarqué, et cela s'est produit un jour ou deux avant le sauvetage du soldat Jessica Lynch, que si nous engagions des forces blindées – chars et transporteurs de troupes – dans les zones urbaines, les fedayeens se sacrifiaient en grimpant sur les chars. Ils n'avaient aucune tactique pour faire face aux blindés. Les Marines ont avancé avec succès dans Nasiriyah et ont nettoyé un grand QG un jour ou deux avant que les forces spéciales ne soient engagées pour Lynch."

"J'étais certain que cette technique serait très efficace contre les paramilitaires : engager des blindées en zone urbaine. Premièrement, les Britanniques sont entrés dans Bassorah. Puis les Marines ont fait une incursion à Nasiriyah avec des formations blindées. Très efficace. La même chose avec la 101e lorsqu'elle est entrée à Najaf. Ainsi, ce qui est devenu plus tard les raids éclairs dans Bagdad a été préparé par les combats dans chacune de ces cités, et c'est comme cela que McKiernan et Scott Wallace [le commandant du Ve Corps, NDT] ont déterminé la tactique et la technique pour prendre Bagdad."



L'impact de la technologie

"Ceci est contraire à l'histoire. Il y a deux faits essentiels qui sont associés à cela. Premièrement, toute cette expérience ne donne pas précisément une image de l'avenir. Deuxièmement, nos remarquables forces armées ont fait la preuve de leur agilité. Et peut-être un troisième : je crois que toutes ces forces, les Brits, la 3e mécanisée, McKiernan, Scott Wallace, avaient grâce à la technologie des informations bien plus précises."

"Nous parlons beaucoup de technologie ; nous l'avons vue à l'usage avec les armes de précision. La précision est une bonne chose. Nous avons confirmé une deuxième chose : la vitesse tue. En utilisant un terme de la doctrine soviétique, on dirait à l'intérieur du cycle décisionnel. Nos forces étaient en fait à l'intérieur de la capacité de réaction ennemie. Nous nous sommes dits qu'ils étaient 48 ou 72 heures en retard par rapport à notre capacité de voir ce qu'ils faisaient."

"C'est certainement une révolution. Je regardais le système de suivi de la force bleue. C'est la première fois dans notre histoire que nous avons employé une telle chose pour de larges forces conventionnelles ; que nous avons observé sur une large échelle non seulement l'ennemi, mais également les forces amies, en sachant avec précision et jusqu'au niveau section où elles se trouvaient."

"Je me rappelle de mon expérience au Vietnam : nous ne voulions pas que le gars volant au-dessus, et que nous appelions Boule de Neige 6, nous dise ce que nos sections devaient faire. Je me suis assuré de ne jamais faire cela. Mais cela signifie pas que chacun d'entre nous n'avait pas la capacité de savoir où elles étaient en permanence. Sun Tzu avait raison lorsqu'il disait que vous devez connaître à la fois votre ennemi et vous-même. Je pense qu'à cette occasion nous avions une connaissance de nous-mêmes meilleure que dans toute notre histoire."

"Mon histoire favorite est lorsque j'observais la 3e DI qui avançait à travers la trouée de Karbala, à l'est du lac, et la MEF qui montait un peu à l'est en avançant vers Kut. Je regardais l'écran plat et j'ai soudain vu une petite icône bleue, un petit point sur l'écran, qui montrait où se trouvait une unité de niveau compagnie."

"J'ai remarqué qu'il y avait un point bleu 13 à 16 km devant un grand tas de points bleus. Ce point bleu semblait remonter l'Autoroute 8 jusqu'au sud de Bagdad et mettre le cap sur l'aéroport Saddam. Je regardé ce point et je me suis : 'voilà un point très intéressant.'"

"Il représentait l'un des escadrons du 3/7 de cavalerie. Je regardais ce point et j'avais plusieurs écrans plats sur le mur. J'ai commencé à zapper sur l'un d'entre eux qui avait une liaison satellite avec tous les réseaux, tout depuis Al-Jazeera jusqu'à Fox et CNN. Puis j'ai trouvé le reporter intégré qui était avec cet escadron du 3/7. Il faisait un reportage en direct d'un raid éclair le long de l'Autoroute 8, parlant en même temps que les tirs, et c'était bien cette unité précise que j'observais sur l'écran. C'est l'une des mes histoires favorites parce qu'elle illustre la puissance de l'information, la puissance de la technologie."

"Dans les 5 minutes qui ont suivi, David McKiernan m'a appelé sur le téléphone et il a dit, 'êtes-vous au courant pour cette unité qui avance sur l'aéroport ?' Ce qui était l'un des objectifs que nous voulions prendre pour transporter notre ravitaillement et comme point stratégique. Il a dit, 'vous voyez sans doute l'icône bleue du 3/7 se déplacer vers l'aéroport, mais ne vous inquiétez pas : ses amis sont 14 km derrière lui, et ils s'approchent rapidement. Ils seront tous à l'aéroport dans une heure.'"

"La combinaison de ces technologies était très, très puissante, et en même temps que cet avantage, nous savions avec certitude que le régime était incapable de communiquer avec ses forces de la Garde républicaine pour leur donner l'ordre de répondre, de réagir. La combinaison de puissance aérienne et de guerre électronique ainsi que la vitesse de mouvement de nos forces magnifiques a permis d'isoler Bagdad et de sécuriser les champs pétrolifères méridionaux."



Face aux doutes et à la critique

"Je me rappelle lorsque notre humeur est devenue sombre. C'est l'une des caractéristiques de la guerre qui à mon sens n'a pas changé en 2500 ans, depuis que Sun Tzu a travaillé pour l'Empereur Wu et entraîné la garde du palais. C'est la dimension humaine."

"Quand je pensais aux jeunes gens de la 507e compagnie de maintenance qui avaient été capturés, et quand je regardais le Ministre de l'information irakien en sachant que nos jeunes gens avaient été tués ou capturés, alors que la météo était devenue terriblement gênante pendant trois jours environ, alors je caractériserais la conjugaison de ces événements comme un moment difficile."

"Mais quoi qu'il en soit, je vous dirais aussi qu'il n'y a jamais eu de doute dans mon esprit qu'à la fin tout serait exactement comme nous l'avons dit : le régime aurait disparu et les Irakiens seraient libres. Un moment difficile en matière de confiance, je n'en ai jamais eu."

"Jim Wilkinson (officier des relations publiques du Central Command) vous dirait qu'un matin particulièrement mauvais, je me suis rendu à une conférence avec mon état-major, et chacun d'entre eux ainsi que les commandants sur le terrain sentaient ce moment difficile, en raison de la dimension humaine du combat, et il n'y a aucune différence entre être assis dans le Bureau Ovale en tant que Président ou à la tête d'une section : lorsque vous réalisez que cela vous coûte des vies, c'est un moment difficile."

"Mon commentaire à mes collaborateurs et à mes commandants a été celui-ci : 'bon, tout le monde, écoutez ! Ne doutez jamais de ce que vous faites. Vous faite un boulot fantastique, alors redressez la tête et tout ira pour le mieux.'"

"Je pense que le combat a une courbe sinusoïdale en termes d'adrénaline disponible pour le corps, en termes d'émotions qu'un soldat ou un commandant ressent, mais en définitive le résultat n'est jamais en question."

"Les experts disaient que la force est trop petite, que les risques sont trop grands, et j'observe que je n'ai jamais pris un expert pour travailler et que je ne le ferai jamais. Je ne crois pas à cela. Je crois que le Premier Amendement de la Constitution est une chose merveilleuse et que les gens, qu'ils aient porté l'uniforme et soient à la retraite ou représentent les médias, ont le droit de leurs opinions."

"Je ne les condamne pas. Je dirais simplement que dans cette circonstance particulière, si la force qui est entrée en Irak n'avait pas eu la 4e DI, la 1ère division blindée et un régiment de cavalerie blindée en route et commençant à décharger de l'équipement au Koweït, cela aurait été un pari. Mais le fait que cette force était l'élément de tête d'une grande puissance de combat supplémentaire, dont les éléments commençaient déjà à arriver au Koweït, a retiré le pari de l'équation pour le placer au niveau d'un risque que je qualifie de prudent."

"Je penserai cela aussi longtemps que je vivrai. Il n'y a jamais aucun doute dans mon esprit que la qualité des gens, du commandement et contrôle, de l'équipement ainsi que la résolution profonde de mon pays ont porté tout cela au-delà de la limite de la négociation avant que le combat ne commence. Si nous nous battons, nous gagnons. Je ne pense pas que quiconque impliqué dans la planification en ait jamais douté, en fait."



Une vision optimiste de l'Irak

"L'une des choses remarquables au sujet de ce plan est qu'il n'a pas été assemblé par rapport à un aperçu de l'ennemi. Ce n'était pas un scénario de planification compressé. La planification de cette opération a duré une année, et elle a pu recevoir les contributions des meilleurs cerveaux militaires et civils dans ses itérations. Dans mon esprit, le processus itératif s'est révélé une bonne chose."

"Peut-être à un certain point allons-nous nous demander, 'quelles sont les caractéristiques d'un bon plan ?' Elles sont liées à des choses comme les principes de la guerre ; certains principes ne changent jamais. Les opérations offensives. Toujours connaître l'objectif. La flexibilité. On veut être configuré pour avoir le nombre maximum d'options."

"Ce n'était pas le plan de Tom Franks. Ce n'était pas le plan de Don Rumsfeld. Il n'y a eu aucune friction entre Franks et Rumsfeld sur ce plan. C'était un plan national. Il a impliqué les chefs des armées ; il a impliqué les secrétaires des armées ; il a impliqué le Président lui-même ; il a impliqué Don Rumsfeld ; il m'a impliqué ; il a impliqué tous nos états-majors. Je pense que nous avons bénéficié du long cycle de planification, d'une opportunité pour être prêt."

"Il y a des gens qui demandent : 'Qu'en est-il de toutes les frictions ? Mon Dieu, des Américains se fond abattre, des gens pratiquent le pillage.' Nul doute dans mon esprit ou pour quiconque impliqué dans la planification que cela n'allait pas être une opération de 3 mois ou de 6 mois."

"Si vous regardez le richesse de ce pays, non seulement au niveau des dollars et du pétrole, mais en terme de richesse pour la société à l'origine de la civilisation, et si vous regardez les caractéristiques des gens, les Chiites, les Kurdes, les tribus, on peut se douter qu'il faudra un certain temps à une société privée de liberté pendant des décennies pour savoir qui sont les jusqu'au-boutistes incapables de changer, et nous nous débarrasserons d'eux."

"Où va émerger une direction ? Où vont se passer les choses qui permettront aux Irakiens de prendre en mains leur destin ? C'est ce qu'ils font maintenant."

"Nous devons simplement rester jusqu'à ce que le travail soit fait. Je suis optimiste. La raison de cet optimisme est que je suis allé à Bagdad plusieurs fois, et à plusieurs endroits de l'Irak depuis que l'opération a commencé, et je vous dirai simplement qu'en comparant que l'on voit en Irak aujourd'hui avec ce que l'on voyait 3 mois plus tôt, cela a énormément bougé dans la bonne direction."

"Je vous dirai que pour chaque aspect négatif que nous voyons quant à des comportements grincheux en Irak aujourd'hui, il y a entre 25 et 50 choses merveilleuses qui se passent. Je ne suis pas Little Johnny Sunshine ; je ne vais pas dire à tout le monde que la paix va éclore demain après-midi, et qu'elle sera rapide et simple. Absolument pas."

"Nous continuerons à avoir des problèmes avec les Baasistes ; nous continuerons à avoir des problèmes avec des gens qui sont incertains, qui en veulent davantage, maintenant qu'ils sont libres. Ils veulent faire l'expérience de la richesse pour eux-mêmes et leur famille, et ils veulent le faire rapidement. Dans certains cas, cela va prendre du temps. Au final, c'est le peuple irakien qui y gagnera. Aucun doute à ce sujet."




Texte original: Joseph L. Galloway, "General Tommy Franks discusses conducting the war in Iraq"
Knight Ridder Newspapers
, 19.6.03    
Traduction et réécriture : Maj EMG Ludovic Monnerat
    






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