L’instruction axée sur l’engagement dans les centres d’entraînement américains a été transformée
Version imprimable
8 janvier 2006
près avoir commis nombre d’erreurs en Irak et en Afghanistan, l’US Army a adapté la formation de ses unités en partance pour ces régions. Compte-rendu d’une visite à Fort Polk et autres aperçus du niveau d'instruction actuel.
Roulant sur une piste rudimentaire, brillant légèrement sous la lune, un pick-up noir transporte une bombe de 500 livres. Les murs de la base américaine apparaissent, mais aucun cri et aucun tir ne retentissent. Le soussigné effleure son détonateur.
Sans résistance, le véhicule avance le long de la base, puis nous nous faisons exploser. La première détonation, en un flash jaune, illumine la tour de garde et le visage anxieux d’un jeune GI. La deuxième, après que nous autres se sont mis à l’abri, est bien plus grande – une explosion qui résonne et un feu orange qui s’élève de 30 mètres dans le ciel nocturne, éclairant les maigres pins tout autour. Lorsque les flammes se réduisent, mon co-terroriste suicidaire crie à la sentinelle : « Va dire à tes camarades que vous êtes tous morts. »
«... Voici deux ans, avec peu d'acteurs civils sur le faux champ de bataille, le principal objectif des soldats consistait à les éviter pour tuer l'ennemi. A présent, l'essentiel de l'entraînement tourne autour des acteurs civils. »
Cela devrait leur apprendre à ne pas laisser ouvertes les approches de leur périmètre, une erreur qui a coûté de nombreuses vies américaines au début de l’insurrection en Irak. Mais ces soldats vont vivre. Leurs murs blancs sont factices, la bombe est un effet spécial à souffle réduit, et bien que situés en apparence dans la région afghane de « Talatha », ils se trouvent à Fort Polk, en Louisiane du Sud, dans 80'000 hectares de forêts de pins que l’armée utilise pour l’entraînement. Les soldats, membres d’une brigade d’infanterie de 3500 militaires qui termine ses préparatifs pour une mission en Afghanistan, seront extraits des bois pour 24 heures et, après une réprimande, réinsérés pour combattre à nouveau.
Une nouvelle dimension
Les voitures piégées ne sont pas la seule similitude irako-afghane que la brigade a rencontrée en novembre dernier au Joint Readiness Training Centre (JRTC) de Fort Polk. Les attaques à la bombe le long des routes (que l’on nomme engins explosifs improvisés, ou IED), à la roquette, au mortier, au roquettes antichars (RPG) et aux armes légères, simulées par des effets spéciaux et des lasers, se produisent sans cesse.
Les assaillants, 160 soldats américains spécialisés dans cette tâche et habillés en conséquence, existent sous deux formes : des terroristes membres d’Al-Qaïda, basés dans un secteur boisé hors limite nommé Pakistan, et des insurgés taliban qui vivent dans 18 villages artificiels. Avec eux se trouvent 800 autres acteurs, qui jouent des rôles tels que travailleurs humanitaires occidentaux, journalistes, gardiens de la paix, maires afghans, mollahs, policiers, docteurs et cultivateurs d’opium, tous avec des personnages, des noms et des histoires fictifs. Quelque 200 Américains d’origine afghane à l’air blasé sont complétés par des locaux en habits afghans. Un groupe de vétérans amputés du Vietnam, inondés de sang factice, font de remarquables victimes d’attentats.
Fort Polk a connu des changements immenses ces deux dernières années. Conçu pour l’infanterie légère et les forces spéciales, il a toujours intégré certains éléments de guérilla, comme les pièges explosifs et les attaques au RPG. Mais par le passé, les « insurgés » portaient des brassards bleus pour être distingués, une tactique étonnamment peu prisées des ennemis de l’Amérique en Irak et en Afghanistan. Par ailleurs, il n’y pas plus de 50 acteurs civils sur le champ de bataille.
Les changements sont coûteux : les dépenses de base par brigade pour un mois au JRTC sont passées de 2 à 9 millions de dollars. Et des changements similaires sont en cours aux deux autres centres d’entraînement au combat de l’Army, où des batailles avec de niveau bataillon ou brigade sont simulées. Fort Irwin, en Californie, était consacré aux combats de chars. Voici deux ans, pas un seul bâtiment n’existait sur ses 240'000 hectares de désert. Il compte aujourd’hui une dizaine de faux villages, et des plans existent pour une ville factice de 50 millions de dollars. Deux entreprises à Hollywood ont été engagées pour améliorer les flashes et les explosions ainsi que pour donner des leçons aux acteurs.
C’est en raison de ses revers en Irak et en Afghanistan que l’US Army essaie de changer. Le défi est immense, et le passé récent donne quelques raisons d’être cynique. Depuis leur retrait du Vietnam en 1973, les Etats-Unis ont mené des dizaines de contre-insurrections et de petites guerres. Mais la plupart de celles-ci, en Amérique centrale, étaient des opérations spéciales. Et dans des endroits tels que la Somalie et Haïti, ils ont souvent commis les mêmes erreurs que contre le Vietcong. Si les règles d’engagement sont devenues plus strictes, il y avait toujours trop de frappes sur des cibles innocentes, trop de puissance de feu et pas assez d’efforts pour comprendre la culture. Face à une insurrection, la tactique préférée de l’US Army était l’attrition.
Bien entendu, chaque guerre est différente des autres. Aucune campagne précédent n’aurait pu fournir un modèle pour le succès en Irak. Les attentats suicides sont une menace que l’on ne peut comparer aux guérillas marxistes. Mais l’histoire suggère quelques principes solides pour des campagnes victorieuses contre des insurrections ; et trop souvent, en Irak, les troupes américaines les ont ignorés. Une comparaison pré-irakienne entre les armées britanniques et américaines est instructive.
Dans la routine de la planification et de l’entraînement, les Britanniques s’attendaient à trouver des civils sur leur champ de bataille ; pas les Américains. Les Britanniques ont enseigné les vertus de la maîtrise, afin de limiter les pertes civiles et leurs dommages stratégiques. Les Américains étaient entraînés à anéantir l’ennemi. Les soldats britanniques étaient entraînés au contrôle des foules et aux dialogues de base ; les soldats américains l’étaient rarement. En avril 2003, des soldats américains nerveux avaient ouvert le feu dans une foule d’opposants à Falloujah, tuant et blessant nombre d’entre eux. En quelques semaines, la ville irakienne s’est dressée contre l’occupation, ce qui a abouti à deux terribles batailles en 2004.
Dans le sud irakien davantage pacifique, pendant ce temps, les Britanniques ont tiré parti de leur entraînement. Leur premier objectif a consisté à gagner la confiance de la population. Une manière de le faire passait par les opérations d’information (IO), ce qui signifie, au niveau le plus simple, générer de bonnes relations publiques pour l’armée. « Les Brits font cela de façon routinière ; ils avaient une appréciation bien plus fine de la culture en Irak », affirme le lieutenant-colonel Chuck Eassa, chef remplaçant des IO à Fort Leavenworth au Kansas. Pour les forces américaines en Irak, dit-il, les IO étaient un « ensemble de compétence très restreint ». Chaque division de 19'000 soldats ne comptait que 2 officiers IO.
Une autre manière de gagner la confiance était l’habitude britannique de ranger les casques et de patrouiller à pied. Cela n’est pas toujours possible : lorsqu’une insurrection chiite a éclaté au sud de l’Irak en 2004, les Britanniques se sont abrités derrière leurs blindés et ont tués des fanatiques par vagues entières. Mais lorsque la violence a décru, ils avaient la flexibilité de revenir à des tactiques plus amicales. Voir un sergent britannique au sud de l’Irak descendre d’un Land Rover entièrement équipé pour la guerre, évaluer l’humeur locale et puis dire à ses hommes, « Ok les gars, enlevez les casques », est impressionnant. Selon le lieutenant-général Sir John Kiszely, ancien commandant en second des forces coalisées en Irak et actuel chef de l’académie de défense britannique, « à l’avenir, probablement 9 opérations sur 10 ne seront pas purement du combat. Le soldat du futur devra être un guerrier, mais aussi bien plus que cela. »
Un changement difficile
L’impréparation de l’US Army à traiter avec les civiles vient en partie d’une dépendance envers le renseignement électronique, et non humain. Lorsque des combats faisaient rage à la fin 2004 à Mossoul, peu après les forces de police se sont effondrées, un lieutenant-colonel a montré au soussigné son poste de commandement. Sur une grappe d’écrans d’ordinateurs, il pouvait voir en temps réel où était chacun de ses véhicules blindés Stryker et ce qu’il voyait. « C’est comme le disait Sun Tzu », s’enthousiasmait-il en rappelant l’ancien stratège militaire chinois, « pour gagner une guerre, vous avez besoin de trois choses : voir le champ de bataille, vous voir vous-mêmes… maintenant, je suppose que je n’ai plus qu’à voir l’ennemi. » Et si l’ennemi se cache parmi la population, la technologie peut fournir une aide mais pas se charger du travail.
Dans une récente comparaison entre les approches britannique et américaine nommée « Counter-insurgency lessons from Malaya and Vietnam », John Nagl, un officier à la retraite des US Marines, affirme que l’expertise relative des Britanniques n’était pas simplement le produit de son histoire impériale. Au Vietnam, après tout, l’Amérique avait une grande expérience en tant que puissance occupante. De plus, en Malaisie comme en Irlande du Nord, les Britanniques avaient initialement la main lourde et n’obtenaient guère de succès. La différence, dit Nagl, est que la petite armée britannique était capable d’apprendre de ses erreurs et de changer, pendant que l’armée américaine plus grande ne l’était pas. Celle-ci peut-elle réellement faire mieux en Afghanistan et en Irak ?
Les indices sont mitigés, mais encourageants. Prenez par exemple la manière qu’a l’US Army d’impliquer tous ses soldats dans l’établissement des TTP – les tactiques, techniques et procédures qui disent comment agir sur le champ de bataille. L’objectif est que chaque TTP, due à l’apparition d’un nouveau type de bombe à Bagdad ou d’une nouvelle méthode pour en désamorcer une, intègre des leçons pour la doctrine, l’entraînement, les acquisitions ou encore la recherche et développement de l’armée.
Chaque brigade en Irak et en Afghanistan dispose aujourd’hui d’un site intranet sécurisé, que les soldats sont incités à remplir avec leurs observations et leurs demandes. Au début de 2005, un espace chat sécurisé nommé Battle Command Knowledge System est apparu. En plus de mettre en circulation des milliers de questions tactiques et leurs réponses, il peut aider des soldats à trouver des experts techniques, à apprendre des langues, à contacter des homologues dans la zone de combat, ou à guigner à travers la caméra web d’un véhicule blindé en Irak.
A Fort Leavenworth, le bien nommé Centre for Army Lessons Learned (CALL) a catalogué 6200 observations du champ de bataille ou du terrain d’entraînement ces 4 dernières années et produit 400 rapports à leur sujet. Son état-major a triplé. « Ils ont reçu une pleine dose de stéroïdes », déclare le lieutenant-général David Petraeus, commandant de Fort Leavenworth, qui est récemment rentré d’Irak.
Les cyniques identifient quelques aspects familiers dans tout ceci. Bien que le Pentagone dépense une fortune dans des processus démocratiques, certains pensent qu’il reste faible dans l’analyse et incapable de pratiquer l’autocritique. « Leçons apprises », après tout, n’est pas la même chose que leçons apprises – comme l’admet le patron du CALL, le colonel Larry Saul. D’après lui, une leçon essentielle de l’Irak et de l’Afghanistan est que les soldats américains doivent connaître certains mots dans la langue locale. Lorsqu’on lui certifie que presque aucun d’entre eux ne connaît six mots en arabe, en dari ou en pashto, il le reconnaît : « je peux amener un cheval au bord de l’eau mais pas le faire boire. »
Les indices sont effectivement mitigés, mais il y a de nombreux signes de progrès, même en Irak. L’US Army a entraîné plus de 100 bataillons irakiens en un plus d’une année ; en combattant à leurs côtés, elle est parvenue à mieux comprendre leur culture. Elle est également plus mesurée ; des atrocités comme les morts de Falloujah sont maintenant moins probables.
Dans un exemple récemment salué par George W. Bush, le 3e régiment de cavalerie blindée a effectué en septembre une attaque modèle sur des insurgés dans la ville septentrionale de Tal Afar, premièrement en la vidant de sa population civile, puis en donnant aux soldats irakiens le lead dans l’offensive. Ce succès était en grande partie une réponse à l’échec, selon le commandant de régiment, le colonel H. R. McMaster. Lors d’un précédent déploiement en Irak, dans la province occidentale d’Anbar, l’unité a commis des dommages terribles avec des fouilles maison par maison aléatoires et agressives, des arrestations en masse et un contrôle brutal des foules. Depuis son arrivée à Tal Afar en avril dernier, elle a patrouillé souvent et à pied, recherchant des renseignements de source humaine, et a évité de faire des arrestations indiscriminées.
Mais le colonel McMaster était relativement chanceux. Il avait des troupes expérimentées en nombre suffisant pour contrôler son secteur. La division de Marines actuellement à Anbar, la province irakienne la plus violence, est trop étalée et trop attaquée pour développer un tel comportement. Incapables de contrôles les villes rebelles de la vallée de l’Euphrate, souvent appuyés par des frappes aériennes mais rarement par des soldats irakiens, les Marines mènent un combat d’intensité moyenne.
D’autres obstacles s’opposent à l’amélioration de l’aptitude à la contre-insurrection au sein de l’armée. L’un d’eux est le bilan lamentable de nombreuses agences civiles en Irak. Quelque 20 milliards de dollars ont été dépensés dans la restauration des services de base en Irak, avec des améliorations à peine perceptibles – pas vraiment une manière de gagner les cœurs et les esprits. Un autre obstacle est l’obsession de la protection des forces. A Mossoul, le soussigné a sillonné un souk avec un capitaine américaine dynamique et réfléchi qui discutait et faisait des signes aux marchands, essayant de gagner leur confiance. Mais avec son visage caché derrière un casque, des écouteurs et des lunettes de soleil, les femmes et les enfants qui l’ont vu ont pris la fuite.
Il faut du temps pour changer l’approche d’une armée. L’esprit du guerrier, comme les Américains appellent leur propension à la vie machiste du soldat, ou le fait de tuer des gens, sont profondément ancrés dans leur culture militaire. En Afghanistan, dans la violente province de Helmand, un capitaine américain des forces spéciales – avec une vaste expérience en contre-insurrection – analysait de la sorte ses furtifs ennemis les Taliban : « Ce sont des couards. Pourquoi ne viennent-ils pas se battre comme des hommes ? » Apparemment, il ne s’était pas demandé comment il se battrait s’il n’avait pas de gilet pare-éclats, pas de radio, pas d’autre arme qu’un vieux fusil et en sachant qu’il se battait comme un homme, il serait promptement éliminé.
Une doctrine adaptée
Hors du champ de bataille, l’apprentissage de l’US Army est plus facile à mesurer. A Fort Leavenworth, de grands changements ont été apportés. L’édition de 1976 de « Operations », le manuel standard des meilleures méthodes de combat, ne mentionnait pas la contre-insurrection, et le règlement dédié à celle-ci n’avait pas été révisé depuis 1965. Mais la section de la version actuelle de « Operations » traitant de la contre-insurrection est en cours de révision, et une nouvelle version du règlement spécifique, écrit avec une contribution britannique, a été distribuée en tant que brouillon le 1er octobre.
Selon les auteurs de la nouvelle doctrine, au Combined Arms Doctrine Directorate de Leavenworth, des changements essentiels vont souligner l’importance stratégique des populations civiles. La doctrine de base de l’armée doit passer des opérations offensives de haute intensité aux opérations de sécurité et de stabilisation de basse intensité – gagner les cœurs et les esprits au lieu de créer le choc et l’effroi. La nouvelle doctrine va accentuer la possibilité que les deux niveaux doivent coexister – l’armée devant par exemple autant que possible faire preuve de mesure dans ses opérations offensives. De plus, la révision de « Operations » va mettre en évidence le besoin de protéger les civils contre les menaces extérieures (comme les terroristes islamistes) et le désordre intérieur (comme les pillards), tout en assurant la fourniture de services essentiels, y compris l’électricité et l’eau.
La règlement provisoire de contre-insurrection reflète également les lacunes récentes. Il suggère des méthodes pour empêcher une guerre conventionnelle de se transformer en insurrection. L’une d’entre elles consiste à éviter d’excéder les civils, parmi lesquels les insurgés peuvent se cacher, en étant plus sensibles aux différences ethniques, tribales et religieuses.
D’autres coins de Fort Leavenworth sont agités par le changement. Une « Université Rouge » a été établie pour enseigner le « red teaming », ou l’anticipation des ennemis et des alliés ; elle recevra ses premiers étudiants en janvier. Un « red team », spécialisé dans la prédiction de menaces futures et dans leur application à l’entraînement, a été dédoublé depuis 2002. Les cours consacrés aux opérations d’information ont été prolongés de 2 à 10 semaines. A l’école d’état-major de l’armée tout comme une école plus sélective pour ses planification, nommée School for Advanced Military Studies, le plus grand changement survenu est le fait que 45% des étudiants ont une expérience de combat récente. Cette armée entièrement professionnelle va plus sûrement se souvenir de ses leçons que l’armée de conscription qui s’est retirée du Vietnam.
Mais c’est aux centres d’entraînement tactiques, y compris dans ces bois de pins en Louisiane, que les efforts de l’armée sont les plus visibles. Voici deux ans, avec peu d’acteurs civils sur le faux champ de bataille, le principal objectif des soldats consistait à les éviter pour tuer l’ennemi. A présent, l’essentiel de l’entraînement tourne autour des acteurs civils. Même lorsqu’ils lancent une attaque, les soldats doivent conserver à l’esprit le besoin central de stabilité.
Selon le brigadier-général Michael Barbero, le commandent de Fort Polk, « nous travaillons dur pour insérer des niveaux de gris, pour apprendre aux commandants non seulement à défoncer les portes, mais à s’intégrer à la population et à obtenir du renseignement. » Ce changement, incidemment, rend les centres d’entraînement tactiques très similaires à l’Operational Training Advisory Group de l’armée britannique, qui utilisé les jeux de rôles depuis deux décennies. La plus grande différence est l’argent. Les soldats américains sont attaqués avec des lasers et des effets spéciaux de qualité hollywoodienne ; dans les fausses batailles de Tin City, un ville factice dans la campagne du Kent, les soldats britanniques malchanceux sont allumés par des engins incendiaires.
Une expression favorite à Fort Polk est la « gestion des conséquences », où la pondération des buts d’une opérations contre ses autres résultats. Pendant leurs rencontres quotidiennes, les officiers instructeurs discutent, souvent très en détail, les dernières actions de la brigade, et planifient en conséquence leurs réactions. Par exemple, un commandant de compagnie n’a pas livré des médicaments au dispensaire d’un village, tenue par un « docteur Jihad », contrairement à sa promesse. En réponse, un « journaliste » est chargé de rapporter l’histoire au Talatha Times. Ceci amène des combattants d’Al-Qaïda à apporter des médicaments au dispensaire et, par ce biais, de créer des liens avec les Taliban locaux. Les deux groupes collaborent dans une attaque féroce sur la compagnie américaine fautive, en utilisant des voitures piégées, des explosifs improvisés ainsi que du feu indirect et direct, tuant et blessant des dizaines de soldats. Cela leur apprendra à tenir leurs promesses.
On ignore combien de temps les centres d’entraînement tactiques vont conserver leurs ressources luxueuses. Depuis le début de 2003, chaque rotation d’entraînement a été conçue pour préparer une brigade ou un bataillon pour une mission en Irak on en Afghanistan. Lorsque l’Amérique retirera ses troupes d’Irak, l’entraînement général et non lié à une mission va reprendre, et le budget pour ce faire sera réduit. Mais le brigadier-général Barbero dit espérer conserver suffisamment d’argent pour un nombre convenable d’acteurs sur son faux champ de bataille. Et il s’attend, culturellement, à ce qu’ils soient toujours musulmans.
Texte original: Special Report, "How to do better", The Economist, 14.12.05
Traduction, édition et réécriture: Lt col EMG Ludovic Monnerat