L'essentiel de l'actualité militaire







L'essentiel des liens militaires


Documents militaires


Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

En nommant un aviateur à la tête de l'armée, le Conseil fédéral renforce son ouverture internationale

30 octobre 2002


Div C. KeckeisL

e divisionnaire Christophe Keckeis a été choisi par le Conseil fédéral pour être le prochain chef de l'Etat-major général, et simultanément le futur chef de l'armée. C'est donc un pilote de carrière qui aura la lourde tâche de faire décoller l'Armée XXI, et ce choix confirme l'esprit même de la réforme. Analyse.

Annoncée aujourd'hui par Samuel Schmid, le Chef du Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports, cette nomination constitue un pas essentiel dans la réalisation de la réforme Armée XXI. Alors même que le délai référendaire consécutif à l'approbation du Parlement n'est pas écoulé, elle montre en effet que le Conseil fédéral entend appliquer sans relâche la transformation nécessaire, en confiant à un homme neuf la responsabilité de l'ensemble. Enfin, le fait de désigner un pilote de carrière habitué aux environnements internationaux, et qui plus est doté d'un caractère trempé, indique sans conteste que la révolution promise dans le projet aura bel et bien lieu.

«... le fait de désigner un pilote de carrière habitué aux environnements internationaux indique que la révolution promise dans le projet aura bel et bien lieu. »
«... le fait de désigner un pilote de carrière habitué aux environnements internationaux indique que la révolution promise dans le projet aura bel et bien lieu. »

Bien entendu, ce choix constitue également et comme prévu un démenti cinglant pour les nombreux médias qui croyaient ne voir dans la mise au concours du poste, au mois d'août, que la nomination du chef d'une entreprise publique analogue aux CFF ou à la Poste. Certains ont même jugé bon de pronostiquer des candidatures de personnalités politiques privées de toute expérience militaire, ce que le profil exigé excluait pourtant clairement. Dans les faits, le chef de l'armée sera bien un personnage-clef non seulement dans le commandement de l'armée, mais également dans la diplomatie et la politique – puisque c'est lui qui par exemple aura tous les contacts et assistera à toutes les réunions ayant lieu entre les militaires du plus haut rang en Europe.


Responsabilité globale

Dans le cadre de la réforme Armée XXI, la création du poste de chef de l'armée a été avant tout déterminée par la nécessité d'obtenir au sommet de l'institution militaire l'unité de commandement qui est la règle à tous les autres échelons. Proposée par le général Guisan en 1946, cette modification structurelle avait été régulièrement rejetée jusque et y compris en 1994, lorsque Kaspar Villiger avait estimé que la division des responsabilités entre officiers généraux favorisait le primat du politique sur l'armée. La règle du chef militaire unique est pourtant commune à la plupart des nations occidentales; que celui-ci ait le titre d'inspecteur général ou de chef d'état-major des armées, il s'agit bien d'avoir un officier général à même d'exercer une responsabilité complète sur l'outil militaire et d'en répondre devant le Gouvernement.

Les concepteurs de la réforme ont eu à cœur de clairement séparer le chef de l'armée, nommé par le Conseil fédéral et portant le grade de commandant de corps, du commandant en chef élu par l'Assemblée fédérale et promu au grade de général. Pourtant, le futur chef de l'armée commandera les Forces terrestres et les Forces aériennes, l'instruction supérieure des cadres, la base logistique de l'armée, l'état-major de planification et l'état-major de conduite de l'armée. Cela signifie qu'il sera amené à prendre des décisions et à exercer sa responsabilité sur toutes les activités et toutes les structures de l'institution – à l'exception notable du Groupement de l'armement, dont la dimension militaro-industrielle justifie sa subordination au Chef du Département.

A partir de 2004, le principe du primus inter pares encore appliqué aujourd'hui – et qui a beaucoup fait pour l'immobilisme de notre armée – sera donc remplacé par un système hiérarchique purement militaire, où le dialogue et la concertation favorisent la décision au lieu de la retarder. Le futur commandant de corps Keckeis aura certes besoin d'une énergie considérable pour procéder aux transformations nécessaires et pour convaincre ses nouveaux subordonnés. Depuis le début de 1998, la réforme Armée XXI s'est constamment appuyée sur des chefs militaires à la fois ouverts et décidés pour faire avancer le projet dans la direction choisie par l'autorité politique; il n'en ira pas différemment à l'avenir.

Le choix du divisionnaire Christophe Keckeis pour ce rôle indique une volonté claire du Conseil fédéral. En effet, le futur chef de l'armée n'est pas un officier général comme les autres: c'est un pilote de chasse aux 4700 heures de vol, qui a dirigé le combat aérien et commandé l'escadre de surveillance, tout en participant comme pilote à l'évaluation du nouvel avion de combat. C'est également un officier d'état-major général détenteur d'une licence en sciences politiques, qui a effectué de nombreux séjours à l'étranger et dirigé l'opération "ALBA" en 1999, et qui en tant que chef des opérations des Forces aériennes et remplaçant de leur commandant est également membre du conseil d'administration de Skyguide.

Le signal fourni par cette nomination est donc évident: les innovations marquantes comprises dans le Plan directeur de l'Armée XXI, parmi lesquelles l'interopérabilité avec les pays qui nous entourent, la collaboration avec des forces armées étrangères y compris dans des cas de défense, ou encore l'utilisation de critères internationaux pour l'évaluation de l'instruction, seront concrétisées par un officier général qui en est convaincu. Par ailleurs, le premier militaire du pays ne sera pas un homme d'appareil obéissant servilement au Chef du Département, mais bien un subordonné loyal et franc, ayant autant à cœur de défendre ses subordonnés que de servir la nation. Tel est du moins l'espoir que nombreux sont à porter!



Cap Ludovic Monnerat    







Sites connexes





Haut de page

Première page





© 1998-2002 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur