L'essentiel de l'actualité militaire







Toutes les dates des ER


Cliquez ici pour soutenir CheckPoint!


Toutes les unités actuellement en action


Le Swiss Army Theme pour Windows 95


Webring Armée suisse

Swiss Company: le Conseil fédéral envoie 160 soldats non armés dans un Kosovo en ruines

27 juin 1999


Véhicule blindé à roues allemand de la KFOR au Kosovo

Plusieurs fois revendiquée par Adolf Ogi, la participation suisse à la KFOR (Kosovo Force), force multinationale de maintien de la paix, a pris forme le 23 juin, jour de l'annonce de l'envoi d'une Swiss Company au Kosovo.

Parallèle à la prolongation de la mission des Super Puma en Albanie, cette décision apparaît toutefois symbolique à plus d'un titre, puisque ces quelque 160 soldats suisses volontaires ne seront pas armés et verront leur sécurité assurée par d'autres troupes, dans un Kosovo où des dizaines de milliers d'armes légères circulent librement.


Sécurité par la coopération

Après plusieurs semaines de tergiversations et de recherches de nations partenaires, le Conseil fédéral a finalement décidé d'envoyer un contingent participer à la KFOR. Ce qui s'inscrit tout naturellement dans la ligne du Rapport sur la politique de sécurité 2000 récemment publié, "La sécurité par la coopération": la nécessité de créer des "conditions au Kosovo susceptibles de permettre le retour rapide dans leur pays des Kosovars albanais expulsés" est ainsi avancée comme principale justification de cette participation.

C'est ainsi que 160 soldats suisses, instructeurs, gardes-fortifications et miliciens, tous volontaires, seront engagés pour au moins 8 mois au Kosovo, dans le cadre de la KFOR, à partir du mois de septembre. Le crédit débloqué à cet effet s'élève à 54,8 millions de francs. La Swiss Company (SWISSCOY) ne sera toutefois pas subordonnée à l'OTAN: la structure, l’organisation interne, l’administration, la logistique et les mesures disciplinaires relèveront de la seule responsabilité du commandant suisse.

La SWISSCOY fera en fait office de compagnie de service au sein du détachement autrichien: préparation et distribution d’eau potable, transports (dans des conteneurs spéciaux), génie (infrastructure de camps et reconstruction d’infrastructures civiles), appui médical (y compris des capacités de transport par hélicoptère) ainsi que préparation et gestion de l’infrastructure de ravitaillement feront partie de ses tâches. En contrepartie, les Autrichiens assureront la sécurité de la SWISSCOY.


Soldat allemand de la KFOR en train de désarmer des membres de l'UCK

Sans arme au sortir d'une guerre

Car le détachement helvétique, une fois encore, ira sans arme dans une province mise à feu et à sang; seuls quelques gardes-fortifications, comme en Albanie, seront armés de pistolets ou de pistolets-mitrailleurs, voire de fusils d'assauts, ceci en conformité avec la loi sur l'armée et sur l'administration militaire. Arguant du fait que lors de l'engagement de la SWISSCOY la KFOR sera en position au Kosovo depuis 3 mois, le Département fédéral de la Défense explique qu'il ne faut pas "s'attendre à des actions de combat ouvertes et organisées", même si "les combattants non désarmés, les restes de forces paramilitaires et les civils armés représenteront un danger."

C'est donc dans une situation ouvertement qualifiée de dangereuse que les soldats suisses seront envoyés sans moyens d'autodéfense ni de protection collective. L'absurdité et le ridicule des bérets jaunes en Bosnie sera donc répété et suscitera une fois encore l'incompréhension de nos pays voisins. A la différence que, en à peine plus d'une semaine, la KFOR a déjà perdu 3 militaires. Que penser de ces Suisses qui, soldats de beau temps, ne consentent qu'à un maigre détachement se chargeant de missions logistiques et laissant à d'autres le soin, bien plus délicat, d'assurer leur propre sécurité?


Autriche: un bataillon mécanisé pour la KFOR

La Swiss Company soutiendra un bataillon d'infanterie mécanisée autrichien, lequel fera partie - tout comme des contingents hollandais, suédois et slovaque - de la brigade allemande de la KFOR. Le contingent autrichien (AUCON) exclut une participation à des engagements et à des actions destinés à imposer la paix, même si le mandat de la KFOR prévoit de telles situations. Il ne se charge pas moins de son propre domaine de responsabilité au moyen de points d'appui, d'escortes, de protection d'objets, de surveillance et de contrôles de trafic.

A cet effet, les Autrichiens ont décidé d'engager un bataillon d'infanterie mécanisée, un Jägerbataillon à une compagnie d'état-major et deux compagnies mécanisées, pour lequel ils cherchent encore à l'heure actuelle des volontaires. Ce qui signifie que non seulement leurs 450 soldats seront dotés de leur armement personnel et collectif habituel (fusils d'assaut, mitrailleuses, armes antichar et à tir indirect), mais qu'en plus ils bénéficieront de la puissance de feu et de la protection passive de leurs véhicules blindés à roues Pandur, dont les caractéristiques sont très proches de nos chars de grenadiers 93 Piranha.


Véhicule blindé à roues Pandur, équipant le Jägerbataillon autrichien

Super Puma: 6 mois de plus

L'engagement des militaires suisses dans les Balkans sera par ailleurs prolongé en Albanie également: le détachement de quelques 50 personnes et leurs 3 Super Puma opérationnels depuis le 6 avril dernier - opération Alba - voit sa mission être prolongée de 6 mois. Le coût de cette décision est évalué à 11 millions.

En deux mois et demi, les trois hélicoptères suisses ont entrepris 538 vols l’approvisionnement vers les camps de réfugiés du nord de l’Albanie. A cette occasion, 2900 personnes ont été transportées, 323 évacuations médicales ont été effectuées et 711 tonnes de matériel de secours ont été apportées sur les lieux. L’opération ALBA reçoit l’appui d’un avion de transport du type Casa 235 loué par les Forces aériennes espagnoles, avion qui assure la liaison entre la Suisse et l’Albanie.


Mettre fin au "Sonderfall"

Ce nouvel engagement de l'armée suisse a le mérite de montrer, si besoin était, que l'Europe de l'après-guerre froide multiplie les missions de type infraguerrier de moyenne et longue durée. Les réponses que lui apporte notre pays sont pour le moins décevantes: à l'intérieur, les limites en terme d'effectifs et de polyvalence sont clairement atteintes et indiquent que l'Armée 95 mène à une impasse; à l'extérieur, les velléités minimalistes et les scrupules neutralistes de la Suisse entraînent des engagements boiteux et incompris.

Comme l'affaire Sion 2006 l'a démontré, il est urgent de mettre fin au "Sonderfall" helvétique. Privilégier l'ouverture. Collaborer, échanger, s'engager. Et prendre nos responsabilités dans la sécurité non plus seulement du pays, mais bien du continent - pour l'instant.


Plt Ludovic Monnerat






Sources

Communiqué de presse du DDPS, site Österreichs Bundesheer



Sites connexes





Première page



Actuel | Armée | Suisse | Monde | Forum | Direct | Matériel | Histoire | Archives | Activités | Liens


Nouveautés | Membres | Objectifs | Soutien | E-mail



© 1999 CheckPoint
Reproduction d'extraits avec mention de la provenance et de l'auteur