L'engagement de l'armée dans l'accueil et l'encadrement de requérants d'asile non enregistrés se révèle positif
26 novembre 1998
Voici trois semaines que l'armée suisse participe à l'accueil de réfugiés sur notre sol, un engagement subsidiaire qui a fait la une des médias.
Grâce à un travail sobre et efficace, et nonobstant les jérémiades d'une certaine presse, le premier bilan se révèle positif.
Le Conseil fédéral engage l'armée
Depuis le début de l'année, la guerre civile du Kosovo a entraîné une importante augmentation du nombre de réfugiés entrant dans notre pays. Dans un premier temps, la "pression" sur les frontières - principalement au Tessin - a amené les autorités à adjoindre des membres du CGF et des futurs sous-officiers instructeurs aux garde-frontières. Les autorités civiles n'en sont pas moins peu à peu débordées.
Le 21 octobre dernier, le Conseil fédéral engage donc l'armée en lui donnant pour mission d'assister 2000 réfugiés dans les cantonnements de la troupe pour une durée de six mois. Décision symbolique, attendue mais aussi logique: avec Armée 95, la diminution d'effectifs a libéré plusieurs stationnements, alors que les engagements subsidiaires en faveur des autorités civiles font partie des missions de l'armée.
Priorité: territoriaux, sanitaires et infanterie
L'engagement est passé à échelle 1:1 le 9 novembre, lorsque le régiment territorial 44 - saint-gallois - a pris son dispositif au cantonnement de fortune du Gurnigelbad, dans les Préalpes bernoises. Une semaine plus tard, c'est le régiment territorial 15 - vaudois - qui le remplace, tout en exploitant un deuxième stationnement dans la même région, judicieusement nommé "Untere Gäntrischhütte" (le soussigné y a séjourné une semaine lors d'un camp de ski). Car la priorité dans l'engagement de la troupe est la suivante: d'abord les formations territoriales, puis les formations sanitaires, et enfin les formations d'infanterie classique.
Placée sous la direction de l'Office fédéral des réfugiés, la troupe a pour mission d'assurer le bon déroulement du quotidien dans les cantonnements, grâce à des contrôles d'accès et à un service sanitaire, mais aussi d'effectuer une surveillance armée à l'extérieur du bâtiment. Comme lors d'une mission de garde classique.
Une certaine presse déconfite
Cela a suffi pour qu'une certaine presse, traditionnellement opposée à l'armée, enfourche son cheval favori et hurle au scandale (cf. notamment Le Temps du 10 novembre) au vu de patrouilles armées. La connaissance du sujet n'étant apparemment pas une condition préalable à la publication, rappelons que le Conseil fédéral a précisé qu'à l'extérieur des centres d'hébergement provisoires, l'ordonnance du 26 octobre 1994 concernant les pouvoirs de police de l'armée est applicable. C'est-à-dire, en résumé, que la troupe en est responsable de la sécurité et se dote des moyens nécessaires à cet effet.
Trois semaines plus tard, ces jérémiades vite tombées dans l'oubli rendent leurs auteurs plutôt déconfits: grâce au travail sobre et sérieux que fournissent cadres et soldats, grâce également à la souplesse et au bon sens dont font preuve les membres de notre armée de milice, la mission se déroule sans anicroche et l'engagement militaire est positif. Les réfugiés ne sont pas le moins du monde effrayés par nos soldats; ceux-ci, disponibles mais stricts, doivent parfois intervenir pour calmer les esprits.
Dispositif simple mais efficace
Le dispositif adopté notamment par le régiment territorial 15, commandé par le colonel Olivier Durgnat, comprend trois éléments. Premièrement, à l'intérieur des cantonnements, des soldats volontaires non armés (si ce n'est d'un spray au poivre) se chargeant de l'accueil et de l'encadrement proprement dit, ainsi que de fouilles courtoises mais complètes pour éviter toute introduction d'armes. Des soldats féminins sont naturellement aussi engagés dans ce cadre.
Deuxièmement, dans les environs immédiats des bâtiments, une patrouille munie d'une radio - et non armée pour les Vaudois, au contraire du régiment territorial 44. Troisièmement, enfin, un véhicule emmenant une réserve armée effectuant des patrouilles entre les deux cantonnements, également équipé d'une radio. Le matériel utilisé correspond au standard, même si les pièces d'équipement les plus récentes - intensificateurs de lumière résiduelle 95 par exemple - font partie de la dotation.
Engagement de six mois?
La mission du Conseil fédéral porte sur six mois; elle concerne pour l'heure quelque 5600 militaires, qui ont pour la plupart subi des déplacements de service pour que leur formation puisse être engagée, soit sur les stationnements, soit en tant que réserve. Ainsi, le régiment d'infanterie 16 et le groupe hôpital 70 assurent la période allant jusqu'à Noël, alors que le régiment d'infanterie 28 fera service durant les fêtes de fin d'année.
L'ampleur de l'engagement dépend toutefois de la situation: la décision concernant l'ouverture de nouveaux cantonnements de fortune dépend des besoins. Par ailleurs, soulignons que le Conseil fédéral a soumis au Parlement un arrêté pour l'encadrement des requérants d'asile prévoyant l'engagement de 1000 soldats au plus jusqu'à décembre 1999 ainsi que l'envoi de soldats en appui du Corps des garde-frontières; si la commission de la politique de sécurité du Conseil national a approuvé cet arrêté, le 17 novembre dernier, son homologue aux Etats l'a en revanche rejeté une semaine plus tard.
Le verdict, quoi qu'il en soit, tombera durant la session d'hiver.
Lt Ludovic Monnerat
Sources
Site du DDPS, service d'information de l'Etat-major général, communiqués de presse de la Confédération, reportages dans les médias (TSR, 24 heures, Le Temps, L'Hebdo, NZZ, etc.)
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