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L'impasse après six mois de conflit dans le Nord Caucase
23 janvier 2000
Depuis le 7 août dernier, les accrochages continuels se produisant dans la région du Nord Caucase ont débouché sur une nouvelle guerre: après l'invasion du Daghestan par des combattants islamistes tchétchènes, la réplique musclée de Moscou et les attentats meurtriers commis sur le sol russe, la Tchétchénie est à nouveau au centre d'un conflit armé impitoyable.
Six mois après le début de ce conflit, la situation sur le front tchétchène semble avoir atteint le niveau d'impasse de la première guerre de 1994-96. Pour mieux en saisir les raisons, voici un résumé des opérations lancées par les Forces armées russes et les rebelles indépendantistes jusqu'au 31 décembre 1999, l'ordre de bataille probable des troupes fédérales, les tactiques employées de part et d'autre et les options stratégiques initiales de la Russie.
Une nouvelle guerre en Tchétchénie
Il est bien entendu tôt pour tirer des conclusions détaillées et définitives quant à des éléments tactiques, opératifs ou stratégiques de ce conflit. D'une part, parce que l'issue même de cette guerre reste encore incertaine, en raison de l'importance accrue de facteurs extérieurs au champ de bataille - élection présidentielle russe, opinion publique nationale ou encore éventuelles pressions (financières notamment) de la communauté internationale. D'autre part, en raison du manque de précision des informations fournies, puisque les agences indépendantes sont bien plus muselées que durant la dernière guerre de Tchétchénie.
L'engrenage de ce conflit et les différentes opérations conduites par l'un et l'autre des camps sont toutefois perceptibles, pour autant qu'ils soient considérés au-delà de l'actualité quotidienne. C'est la raison pour laquelle nous vous présentons un résumé des opérations, depuis la première offensive des combattants islamistes, afin de donner un premier éclairage, se limitant pour l'essentiel aux questions militaires et stratégiques. Les cartes figurant sur cette page, qui sont disponibles en un clic dans une version plus grande, fournissent en cela des indications valables.
Le résumé des opérations
7.8.99 |
Invasion de la région de Botlikh au Daghestan par des militants islamistes, en majorité tchétchènes. Environ 1200 combattants s'emparent d'au moins 9 villages et petites villes sur la frontière entre la Tchétchénie et le Daghestan sans grande résistance. |
8.8.99 |
En réponse à cette invasion, les Forces armées russes lancent des attaques aériennes, par chasseurs-bombardiers et hélicoptères de combat, et font tirer leur artillerie sur les rebelles. Ceux-ci poursuivent leur progression et prennent plusieurs villages dans le district de Tsumadinsky. |
9.8.99 |
Le chef de guerre tchétchène Shamil Basayev et le commandant jordanien Khattab inspectent les troupes au Daghestan. La Russie lance plusieurs raids aériens; au cours de l'un d'entre eux, des bombes tombent par erreur en Géorgie, près de la frontière daghestanaise.
Le Premier ministre Sergei Stepachine est démis de ses fonctions par le Président Boris Eltsine. |
10.8.99 |
Le "Daghestan islamique indépendant" est proclamé par les troupes de Basayev. Le nouveau Premier ministre russe Vladimir Poutine promet de broyer les rebelles en 2 semaines; deux villages près de la frontière géorgienne sont libérés par les Forces russes et la police daghestanaise. En trois jours, 78 attaques aériennes sont effectuées par les hélicoptères de combat russes.
Le Président tchétchène Aslan Maskhadov nie l'implication de la Tchétchénie au Daghestan. |
11.8.99 |
Shamil Basayev annonce qu'il est à la tête des troupes au Daghestan et fait le vœu d'expulser les "infidèles" hors du Nord Caucase. Les rebelles annoncent s'être emparés de plusieurs villages supplémentaires, alors que les Forces russes lancent leurs hélicoptères de combat dans la contre-offensive. Des combats se déroulent dans les régions de Botlikh et Tsumadinsky. |
12.8.99 |
Moscou demande l'assistance de la Tchétchénie contre les rebelles au Daghestan; Grozny refuse d'envoyer des forces. Les Forces armées russes annoncent avoir attaqué les positions rebelles à Tando et Rakhata, au sud du Daghestan, et préparer une plus large offensive. 300 volontaires daghestanais participent aux combats aux côtés des Russes.
Des islamistes daghestanais déclarent à Grozny avoir demandé à Shamil Basayev de prendre la tête de leur insurrection. Les rebelles tiennent leurs positions, mais subissent des pertes importantes par l'aviation russe, qui a effectué plus de 200 sorties en 5 jours. |
13.8.99 |
Cinq avions de transport atterrissent au Daghestan avec à bord troupes fraîches, armes et munitions. Moscou admet avoir perdu trois hélicoptères au sol lors d'une attaque rebelle qui a blessé trois généraux, annonce avoir libéré et nettoyé le district de Tsumadinsky, mais nie avoir lancé des raids sur des villages en Tchétchénie. Durant la journée, 14 frappes aériennes sont menées sur les positions rebelles dans le district de Botlikh. |
14.8.99 |
Le village de Kenkhi, situé en Tchétchénie non loin de la frontière, subit plusieurs raids de l'aviation russe, alors que les Forces terrestres coupent la route qui le relie aux positions tenues par les rebelles au Daghestan. Les combats au sol, menés par les troupes fédérales ainsi que les policiers et volontaires daghestanais, aboutissent dans plusieurs villages au repli des islamistes. |
15.8.99 |
Aslan Maskhadov déclare l'état d'urgence, nie son implication dans la crise au Daghestan et accuse la Russie de précipiter cette crise en soutenant les extrémistes islamistes en Tchétchénie. Dans le district de Botlikh, l'appui de l'aviation et des hélicoptères de combat permet aux parachutistes russes de s'emparer de hauteurs surplombant les positions rebelles de Rakhata et le QG de Basayev à Ansalta. |
16.8.99 |
Les Forces russes poursuivent leur avance dans le district de Botlikh, où les rebelles ne tiennent plus que 4 villages sur 32. Le Ministère de l'intérieur daghestanais annonce que plus de 600 rebelles ont été tués.
La Tchétchénie mobilise des réservistes et des vétérans de la guerre de 1994-96. |
17.8.99 |
Le Ministère de la Défense (colonel-général Viktor Kazantsev) prend le commandement des opérations au Daghestan, détenu jusqu'ici par le Ministère de l'Intérieur. Les Forces russes annoncent avoir encerclé les rebelles au nord de Botlikh et dans le village de Tando, et préparer leur offensive finale. |
18.8.99 |
Le commandement russe du Caucase Nord annonce que 15'000 hommes sont déployés ou en cours de déploiement au Daghestan, dont 5 bataillons de parachutistes, des unités spéciales, des troupes du Ministère de l'Intérieur, des unités policières anti-émeutes, appuyés par la police et les volontaires daghestanais. Une offensive sur Tando n'aboutit pas.
Les Forces aériennes russes effectuent plus de 50 sorties, et bombardent les installations radio et TV à Karamakhi et Chabanmakhi, deux villages contrôlés par les islamistes daghestanais au sud du territoire. |
19.8.99 |
Les rebelles tchétchènes repoussent un second assaut russe sur le village de Tando, mais perdent deux positions sous l'effet conjugué de la poussée terrestre et de raids aériens.
Shamil Basayev se prépare à lancer un second assaut, plus au nord. Les Forces russes s'attendent à une offensive sur les villes majeures de Khasavyurt et de Kizlyar, au centre du Daghestan. |
20.8.99 |
L'artillerie russe bombarde les possessions rebelles dans la région de Botlikh, alors que 37 raids aériens sont menés. Sous la pression, les rebelles se replient avec pertes mais s'emparent d'autres villages au nord de Botlikh.
Le vice-ministre de l'Intérieur Zubov admet l'efficacité limitée des frappes aériennes et de l'artillerie, mais déclare qu'un assaut direct entraînerait des pertes importantes. La frontière entre la Tchétchénie et l'Ingouchie est bouclée, alors qu'un no man's land de 5 km s'établit entre la république indépendantiste et la région russe de Stavropol. |
21.8.99 |
Le commandement militaire du Nord Caucase annonce que 2750 rebelles tchétchènes sont concentrés dans plusieurs villages à proximité de la frontière daghestanaise et sont prêts à la franchir. Grozny dénonce des attaques aériennes russes sur son territoire.
Les combats au nord de Botlikh se poursuivent, les troupes fédérales capturent deux hauteurs stratégiques aux alentours de Tando. |
22.8.99 |
Malgré une féroce résistance rebelle, les Forces armées s'emparent de la totalité des sommets à l'ouest de Tando ainsi que du col de Kharami, qui reliait les positions des islamistes à la Tchétchénie. Le pilonnage du village encerclé de Tando se poursuit: 80 raids aériens sont effectués et des missiles de croisière sont engagés.
Plus de 11'000 habitants ont quitté la région pour se réfugier au centre du Daghestan, où la police procède à des arrestations de militants islamistes. |
23.8.99 |
Le porte-parole de Shamil Basayev annonce que les rebelles ont entamé leur repli du sud-ouest du Daghestan, mais que l'invasion du territoire passait à une seconde phase. Moscou maintient sa pression autour du village de Tando, où 100 rebelles sont encerclés. |
24.8.99 |
Les rebelles tchétchènes se retirent de la région de Botlikh en combattant, et déclarent adopter des opérations de guérilla. Le village de Tando a été complètement détruit par les bombardements russes.
Moscou annonce une progression que plusieurs poches de résistance et la présence de nombreuses mines ralentissent. Les raids aériens continuent. |
25.8.99 |
Les unités russes et daghestanaises reprennent les villages abandonnés par les combattants tchétchènes. Le Ministre de la défense proclame la libération complète du territoire daghestanais. Les forces aériennes russes lancent deux raids aériens contre des objectifs situés en Tchétchénie.
Moscou annonce 2000 rebelles tués et 59 pertes dans son camp; Grozny revendique 1000 soldats russes abattus et moins de 40 combattants islamistes tombés. |
26.8.99 |
Les raids aériens sur les rebelles tchétchènes en fuite se poursuivent, y compris à l'intérieur de la république indépendantiste; 16 frappes sont effectuées.
Poutine annonce la victoire des troupes fédérales. |
27.8.99 |
En visite au Daghestan, Poutine annonce une aide économique pour les villageois réfugiés et dont les villages ont été détruits par les bombardements. |
28.8.99 |
Les Forces armées russes ordonnent aux islamistes daghestanais tenant plusieurs villages dans le district de Karamakhi de rendre les armes; les rebelles refusent les exigences fédérales.
La majorité des 10'000 habitants que compte la région fuient. Moscou estime que 500 combattants sont en position dans les collines, où se trouve le centre du fondamentalisme wahhabite daghestanais. |
29.8.99 |
L'artillerie et l'aviation légère russes frappent les villages du district de Karamakhi, alors que des troupes terrestres se concentrent à proximité, et que des éléments du Ministère de l'intérieur et de la police daghestanaise encerclent plusieurs localités. |
30.8.99 |
Les Forces armées russes attaquent les villages de Karamakhi et Chabanmakhi et progression dans la région, capturant 4 localités largement désertées et arrêtant 40 combattants islamistes. |
31.8.99 |
Un attentat à l'explosif dans un centre commercial de Moscou tue 1 femme et fait plus 40 blessés.
Le Ministère de la défense russe annonce une concentration de combattants tchétchènes sur la frontière avec le Daghestan, près de la région de Novolakskoye. Dans le district de Karamakhi, les rebelles opposent une résistance féroce. |
1.9.99 |
Les Forces armées russes s'emparent de plusieurs villages, dont celui de Karamakhi.
Shamil Basayev annonce continuer la "guerre sainte" contre les forces russes, qu'elle doive durer "20 ou 25 ans". |
2.9.99 |
Moscou annonce s'être emparé des derniers bastions islamistes au Daghestan, mais les combats autour de Chabanmakhi continuent. |
3.9.99 |
Des combats opposent des rebelles islamistes daghestanais aux Forces russes dans la région de Buynaksk, deuxième ville du territoire après la capitale Makhachkala. |
4.9.99 |
Le Premier ministre Poutine annonce la victoire des forces fédérales au Daghestan et des négociations de capitulation et de désarmement sont en cours avec les rebelles islamistes. Des raids aériens sont toutefois menés sur Chabanmakhi.
Un attentat à la bombe détruit des casernes occupées par des familles de militaires russes dans la ville daghestanaise de Buynaksk, faisant 61 morts et plus de 145 blessés. |
5.9.99 |
Plus de 2000 rebelles tchétchènes envahissent à nouveau le Daghestan, dans la région de Novolakskoye, s'emparent de 4 villages et s'avancent jusqu'à 70 km de Buynaksk. Shamil Basayev annonce son intention de capturer la ville.
Les forces aériennes russes bombardent les rebelles, y compris leurs bases présumées en Tchétchénie, alors qu'une colonne blindée est lancée sur eux. |
6.9.99 |
La Russie envoie 1500 hommes dans la région de Novolakskoye, appuyés par l'artillerie et l'aviation, pour stopper l'invasion. Les autorités daghestanaises annoncent que 25'000 personnes se sont portées volontaires pour combattre les envahisseurs tchétchènes. |
7.9.99 |
L'aviation russe bombarde des villages tchétchènes, près de la frontière daghestanaise. Des combats opposent russes et rebelles à Novolakskoye.
Le nombre de réfugiés ayant fui les combats s'élève à 22'000. |
8.9.99 |
Les forces russes stoppent les rebelles tchétchènes à 5 km de Khasavyurt, mais ne parviennent pas à les repousser de Novolakskoye. D'intenses bombardements sur Karamakhi et Chabanmakhi ont lieu. |
9.9.99 |
La contre-offensive russe à Novolakskoye se poursuit, sans progrès territoriaux. Un chasseur SU-25 est abattu. Moscou promet d'envoyer des renforts aériens au Daghestan, notamment davantage de SU-24 et SU-25.
Un second attentat à la bombe à Moscou fait 94 morts et 201 blessés. Khattab annonce une campagne d'attentats à grande échelle dans toute la Russie. |
10.9.99 |
Les combats se poursuivent dans les régions de Karamakhi-Chabanmakhi et Novolakskoye-frontière. Les rebelles tchétchènes perdent un village, alors que les islamistes daghestanais continuent à tenir leurs positions.
La présidence tchétchène dénonce des raids aériens russes menés sur tout le territoire. |
11.9.99 |
Les forces russes progressent à Karamakhi, et s'emparent du village de Gamiyakh occupé par les troupes de Basayev. Un raid aérien frappe un village frontalier tchétchène. Un hélicoptère Mi-8 est abattu par les Tchétchènes. |
12.9.99 |
Shamil Basayev annonce le retrait de ses troupes et nie tout lien entre les Tchétchènes et les attentats de Moscou. Les Forces armées russes annoncent que des combats ont toujours lieu près de Novolakskoye. |
13.9.99 |
Moscou bombarde plusieurs villages en Tchétchénie et prétend viser des bases rebelles. Aslan Maskhadov considère qu'il s'agit d'une agression et annonce préparer son pays à se défendre.
Un troisième attentat détruit un immeuble entier de Moscou et fait au moins 118 morts et 9 blessés. Poutine accuse les rebelles tchétchènes d'en être les auteurs. |
14.9.99 |
Les rebelles tchétchènes annoncent avoir achevé leur retrait du Daghestan, alors que les villages de Karamakhi et Chabanmakhi sont abandonnés par les islamistes daghestanais, qui fuient en Tchétchénie ou dans les montagnes. Les opérations majeures des forces armées cessent.
Khattab revient sur ses déclarations et nie vouloir tuer des civils. |
15.9.99 |
Une opération de sécurité à Moscou permet de découvrir 1,5 tonne d'explosifs et d'arrêter 27 suspects. |
16.9.99 |
Le Ministère de l'intérieur russe annonce qu'entre 500 et 1500 rebelles se sont rassemblés sur la frontière entre la Tchétchénie et le Daghestan.
Un attentat à la bombe dans la ville de Volgodonsk, dans le Sud de la Russie, fait 17 morts et 115 blessés. |
17.9.99 |
Le Ministère de la défense annonce que tous les rebelles islamistes ont été défaits au Daghestan. Les pertes russes s'élèvent officiellement à 230 tués et 875 blessés.
Poutine déclare que les attaques rebelles au Daghestan constituent une agression de la "Tchétchénie". La chambre haute du parlement russe décide de bloquer la frontière tchétchène. |
18.9.99 |
Des raids aériens continuent à être lancés sur des positions tchétchènes le long de la frontière. Le Gouvernement de la république indépendantiste annonce que les troupes fédérales situées en Ingouchie ont pénétré sur 1,5 km à l'intérieur du territoire tchétchène et établissent des positions défensives. Moscou nie. |
19.9.99 |
Quelque 30'000 soldats russes prennent position le long de la frontière tchétchène, pour éviter de nouvelles infiltrations des rebelles. |
20.9.99 |
Le Ministère de la défense russe annonce que des positions défensives sont établies autour des frontières tchétchènes avec le Daghestan, l'Ossétie du Nord, l'Ingouchie et la région russe de Stavropol.
Des tentatives d'infiltrations de petits groupes rebelles tchétchènes au Daghestan sont repoussées. Les forces aériennes continuent à mener des raids en Tchétchénie, sur des points d'appui, des positions d'artillerie mais aussi des villages. Plus de 100 sorties sont effectuées en 2 jours. |
21.9.99 |
Le renforcement des lignes russes se poursuit: le Ministère de la défense annonce que 13'000 hommes sont en position à la frontière nord.
Le nombre de combattants en Tchétchénie est estimé à 6000. |
22.9.99 |
Le Gouvernement russe ordonne la fermeture de la frontière administrative avec la Tchétchénie et un blocus aérien total. Plus de 30 raids aériens sont menés, sur des bases tchétchènes, mais aussi sur un pont au sud-est de la république.
Un nombre important des 30'000 réfugiés daghestanais retournent à leur domicile. |
23.9.99 |
La Russie lance des raids aériens sur Grozny: plusieurs avions bombardent des objectifs dans la capitale, dont l'aéroport, une station radar et une raffinerie de pétrole. Plus de 1200 hommes du Ministère de l'Intérieur prennent position à la frontière occidentale de la Tchétchénie. |
24.9.99 |
L'aviation russe lance de nouveaux raids dans et autour de Grozny. Poutine écarte toute offensive d'envergure, alors que 30'000 soldats russes sont en position à la frontière.
Des milliers de Tchétchènes fuient la république: près de 5000 voitures sont abandonnées à la frontière ingouche. Une bombe de forte puissance est découverte et désamorcée à Stavropol. |
25.9.99 |
De nouveaux raids sur Grozny entraînent la destruction du siège de la télévision tchétchène. L'armée de l'air russe annonce avoir effectué 1700 sorties depuis le début du mois d'août, tué 2000 rebelles islamistes et détruit 150 camps et installations rebelles en Tchétchénie. Les pertes russes s'élèvent, selon le Ministère de la défense, à 281 morts et 930 blessés.
Plus de 10'000 réfugiés Tchétchènes ont passé la frontière ingouche. |
26.9.99 |
Poutine annonce vouloir "exterminer les bandits" tchétchènes. Les raids aériens sur Grozny s'intensifient et visent des installations industrielles et des centres de communication; dans le reste de la république, des camps rebelles sont bombardés.
Près de 200 véhicules blindés, appuyés par des hélicoptères de combat, ont pris position le long de la frontière ingouche. Une fusillade a lieu à Buynaksk entre des policiers daghestanais et des rebelles islamistes. |
27.9.99 |
Poursuite des raids aériens, notamment sur les installations liées à l'industrie pétrolière dans la capitale tchétchène. Le Ministre russe de la Défense annonce que des plans pour une offensive terrestre ont été établis. |
28.9.99 |
Poursuite des raids aériens, qui détruisent ou mettent le feu à plusieurs réservoirs de pétrole à Grozny. Les Forces armées russes diffusent des images de frappes aériennes sur la capitale et annoncent ne pas menacer la population civile. Le gouvernement tchétchène déclare qu'une centaine d'habitants ont péri dans les bombardements. |
29.9.99 |
Poursuite des raids aériens sur l'ensemble de la république. Un quotidien russe annonce que les Forces armées prévoient d'occuper le territoire tchétchène le long de la rivière Terek et de repousser les forces rebelles dans les montagnes pour l'hiver.
Maskhadov charge Basayev et ses combattants de participer à la défense du territoire et le nomme commandant du "front oriental". |
30.9.99 |
Les Forces armées russes annoncent avoir lancé une offensive terrestre d'envergure au nord de la république et progressé de 5 à 10 km. Poutine déclare que les opérations visent à assurer les collines sur la frontière et créer un "cordon sanitaire" autour des rebelles; il reconnaît que des troupes russes sont entrées en Tchétchénie depuis 2 semaines.
Les raids aériens détruisent une usine de briques et une route reliant la Tchétchénie à la Géorgie. Le Ministre russe de la Défense annonce qu'entre 50 et 70 raids sont effectués chaque jour. Le nombre de réfugiés dépasse les 70'000. |
1.10.99 |
Plusieurs milliers de soldats russes pénètrent en Tchétchénie. A l'ouest, de nombreuses pièces d'artillerie pilonnent des positions rebelles au voisinage de la frontière. A l'est, les troupes présentes au Daghestan renforcent leurs positions sur la frontière. Au nord, des colonnes mécanisées s'enfoncent de 15 à 20 km. Les raids aériens se poursuivent, frappant notamment des installations pétrolières au nord de Grozny et des entreprises majeures dans tout le territoire. |
2.10.99 |
Les forces armées russes poursuivent leur progression. A l'ouest, elles s'emparent d'un village tchétchène sans grande résistance, alors que leur artillerie bombarde le village de Bamout, haut lieu de la résistance tchétchène durant le conflit de 1994-96. Au nord, les steppes sablonneuses désertiques et les chaînes de villages le long du fleuve voient les rebelles mener sans succès quelques combats retardateurs, alors que l'aviation russe poursuit son pilonnage. |
3.10.99 |
La progression se poursuit de manière régulière au nord de la république, malgré quelques combats violents au nord-est, et les troupes fédérales parviennent à 32 km de la capitale. L'artillerie russe et l'aviation bombardent plusieurs cibles à l'ouest de la république, dont Urus-Martan, la troisième ville derrière Grozny et Gudermes, ainsi que plusieurs ponts sur les rivières Argun, Sunzha et Terek. A l'est, dans les montagnes daghestanaises, comme à l'ouest, les troupes russes avancent de quelques kilomètres et prennent des positions défensives. Aucune contre-offensive tchétchène n'est lancée. |
4.10.99 |
Les Forces armées russes parviennent aux abords de la rivière Terek, et prennent le village de Chervlennaya, à 20 km au nord de Grozny. Les Russes semblent avoir engagé près de 50'000 soldats dans l'offensive; une division mécanisée, une division parachutiste, trois brigades d'infanterie motorisée au moins et une brigade d'artillerie participent à l'opération.
La société russe Gazprom coupe toute livraison de gaz naturel et de pétrole à la Tchétchénie. Le nombre de réfugiés s'établit à près de 100'000. |
5.10.99 |
Même si des combats se poursuivent près de la Terek, les Forces russes contrôlent le tiers nord de la Tchétchénie. Poutine déclare que l'opération n'est pas terminée, son but étant la "destruction totale des terroristes".
Aslan Maskhadov déclare la loi martiale et appelle au "djihad" contre les Forces russes. Moscou admet avoir perdu deux avions par des tirs de missiles sol-air. |
6.10.99 |
La poussée russe se poursuit: plusieurs villages encore tenus par les Tchétchènes au nord de la Terek tombent entre leurs mains. Poutine demande un accroissement du budget des Forces armées. |
7.10.99 |
Les troupes russes ralentissent leur progression et fortifient leurs positions au nord de la Terek. Les raids aériens se poursuivent; les Tchétchènes annoncent plus de 400 civils tués lors de ces raids, dont 40 lors de l'attaque d'un bus transportant des réfugiés. L'artillerie russe, et notamment leurs lance-fusées multiples sont particulièrement actifs à l'ouest sur Bamout et au nord.
Le Ministre de la défense déclare pouvoir déclencher des offensives vers de nouvelles cibles, y compris Grozny. |
8.10.99 |
Un pilonnage intense cerne la république indépendantiste: aux raids aériens s'ajoutent les tirs d'artillerie au nord de la Terek, à l'ouest et à l'est. De violents combats se déroulent à l'ouest, autour de la ville de Bamout, et autour de la ville de Nadterechnaya, à 25 km au nord-ouest de Grozny. Les Tchétchènes lancent une contre-attaque sur le village d'Ishcherskaya, au nord de la Terek, qui fait subir des pertes aux troupes russes.
La destruction d'une ligne à haute tension par un raid aérien prive d'électricité 80% de la population. Plus de 133'000 réfugiés sont entrés en Ingouchie, qui compte 340'000 habitants. |
9.10.99 |
Les Forces armées russes s'approchent de la ville de Bamout, à 15 km à l'ouest de Grozny, mais une tentative pour s'en emparer aboutit à un échec. Au nord, les combats se poursuivent, de même que le pilonnage de l'artillerie et de l'aviation sur le territoire rebelle. Les Tchétchènes annoncent avoir repoussé une attaque russe sur Nadterechnaya. Moscou admet faire "quelques" victimes civiles. |
10.10.99 |
Les raids aériens sur la Tchétchénie s'intensifient, et un convoi rebelle préparant un coup de main sur la ville frontière daghestanaise de Khasavyurt est détruit par l'aviation et une brigade d'artillerie en position au Daghestan. A l'ouest, au pied des montagnes, une poussée russe est stoppée par les Tchétchènes à 20 km de Grozny. |
11.10.99 |
De violents combats se déroulent à l'ouest, autour de Bamout, et au nord autour de Chervlennaya, où les rebelles tentent de repousser les forces russes ayant franchi la Terek.
Poutine refuse le plan de paix proposé par Maskhadov, exigeant la livraison des "terroristes" avant tout dialogue. Entre 5000 et 10000 réfugiés franchissent chaque jour les frontières de la république. |
12.10.99 |
Les pilonnages de l'artillerie et de l'aviation se poursuivent. Les Forces russes contrôlent tout le territoire situé au nord de la Terek, même si quelques villages rebelles résistent encore. Une contre-offensive tchétchène est lancée sur le village de Goragorsky, encerclé par les troupes fédérales.
Le chef de guerre tchétchène Salman Raduyev menace de lancer une vague d'attentats sur des objectifs stratégiques russes, sans exclure les installations nucléaires. |
13.10.99 |
Les rebelles se retirent du village de Goragorsky après plusieurs jours de combats, dans les montagnes, à 50 km au nord-ouest de Grozny; un nombre important de rebelles sont concentrés dans la capitale, en prévision d'une attaque sur celle-ci. Les tirs de barrage de l'artillerie sont particulièrement violents sur Bamout, à l'ouest, et sur la ville de Naurskaya au nord, l'une des dernières poches rebelles sur le rive gauche de la Terek. |
14.10.99 |
L'ensemble des positions rebelles au sud de la Terek sont pilonnées toute la journée par l'artillerie russe, alors que l'aviation a effectué 12 frappes aériennes sur des "bases de la rébellion islamiste", dont l'une dans la ville d'Urus-Martan. Le village de Goragorsky est encerclé puis pris par les Forces russes.
Plus de 170'000 réfugiés ont quitté la Tchétchénie, selon le Ministère russe de l'intérieur. |
15.10.99 |
Les unités russes lancent à nouveau une offensive à grande échelle. Au nord-ouest, une colonne blindée de plus de 100 véhicules enfonce les lignes rebelles. Au nord et au nord-est, les Russes franchissent la Terek et parcourent 5 km, atteignant le village de Tolstov Yurt, à 15 km de Grozny, et s'approchent de la ville de Gudermes. A l'ouest, une percée de 5 à 7 km est effectuée.
Le général Kazantsev, commandant les troupes fédérales en Tchétchénie, annonce que plus de 1500 rebelles ont été abattus, alors que les Tchétchènes revendiquent plusieurs centaines de morts du côté russe. |
16.10.99 |
Les troupes fédérales poursuivent leur avance. Au nord-ouest et nord, des colonnes progressent et s'approchent du sommet de la première chaîne montagneuse au sud de la Terek, où les rebelles tchétchènes tentent de les arrêter. A l'est, de violents combats se déroulent près de Gudermes.
Le nombre de militaires russes engagés dans les opérations augmente chaque jour, sans qu'un chiffre précis soit avancé par Moscou. |
17.10.99 |
Le général Kazantsev annonce la prise d'un sommet important, à 35 km au nord-ouest de Grozny; les forces fédérales contrôlent certaines portions de la chaîne de montagnes et collines au nord de Grozny, entre 5 et 12 km au sud de la Terek, où leur artillerie prend position et ouvre le feu sur les villages entourant la capitale tchétchène. Plus de dix villages à l'est et au sud sont bombardés par l'aviation. |
18.10.99 |
Des combats de moindre intensité ont encore lieu sur le versant nord de la zone montagneuse, mais les premiers éléments des Forces russes sont à moins de 15 km de Grozny, près du village de Pervomayskaya. A l'ouest, les troupes fédérales contournent le village de Samachki, durement touché par l'aviation et l'artillerie, et se trouvent à 20 km de la capitale.
Le Ministère russe de la défense annonce que les opérations en Tchétchénie ont entraîné la mort de 178 soldats, pour 400 blessés, contre plus de 2500 rebelles tués. Les trois districts capturés au nord de la Terek, Nadterechny, Shelkovski et Naursky, sont inspectés par des fonctionnaires de la région Stavropol, à laquelle ils étaient rattachés avant 1957. |
19.10.99 |
Les rebelles tchétchènes lancent une contre-attaque sur Pervomayskaya qui occasionne de violents combats, mais sans résultat. Au contraire, les positions des troupes fédérales sont renforcées par l'arrivée de soldats, chars et pièces d'artillerie supplémentaires.
Les raids aériens se poursuivent, les Tchétchènes annonçant avoir un abattu un SU-25, ce que Moscou dément. |
20.10.99 |
Les troupes fédérales parvenues au sommet des collines au nord de Grozny restent sur leurs positions, pendant que l'artillerie pilonne les environs de la capitale. La progression à l'ouest et à l'est se ralentit. |
21.10.99 |
L'artillerie russe s'en prend directement à la capitale indépendantiste, et notamment au palais présidentiel, et poursuit son pilonnage des positions tchétchènes, en arc de cercle à 10-12 km au nord de Grozny. Dix explosions se produisent dans un marché de la ville et font au moins 143 morts et 400 blessés selon le Gouvernement tchétchène, qui prétend que des missiles russe ont été tirés.
Dans le tiers de la république conquis par les Forces russes, celles-ci tentent d'inciter la population a dénoncer les rebelles dissimulés. Le nombre de combattants rebelles est estimé par Moscou à plus de 20'000. |
22.10.99 |
La progression des Forces terrestres cesse, priorité étant donné aux raids aériens et à l'artillerie, même si des combats se déroulent toujours au nord-ouest de Grozny.
Moscou reconnaît avoir mené une "action spéciale" à Grozny la veille et avoir détruit un "marché" servant au "trafic d'armes". Le Ministère de la défense annonce que 90'000 militaires russes sont engagés dans l'opération "antiterroriste". Le département mobilisation de l'état-major général russe annonce pouvoir envoyer jusqu'à 100'000 soldats en Tchétchénie. |
23.10.99 |
Les troupes fédérales lancent des attaques au nord-ouest de Grozny, alors que quelques combats ont lieu à l'est, près de la frontière daghestanaise. Le pilonnage des positions tchétchènes se poursuit, la ville d'Argoun, à 15 km à l'est de Grozny, recevant ses premières salves. 10 raids aériens sont effectués dans la journée sur des unités rebelles.
Le Ministère russe de la défense annonce que la 58 e armée contrôle la totalité de la zone frontière entre la Tchétchénie et l'Ingouchie, frontière fermée en raison du flux continu de réfugiés tchétchènes. |
24.10.99 |
Les combattants rebelles renforcent leurs positions autour de Grozny, creusant notamment de nombreuses tranchées que l'artillerie et l'aviation russes bombardent.
Le Commandement tchétchène annonce avoir abattu 1 avion de reconnaissance et 2 chasseurs-bombardiers russes en 2 jours, ce que Moscou dément. Le Président ingouche Ruslan Aushev exprime sa colère après la fermeture de la frontière. |
25.10.99 |
Les troupes fédérales progressent au nord de la capitale tchétchène, leurs éléments blindés parvenant à moins de 10 km de Grozny et progressant sur la route menant à l'aéroport. A l'est, les Russes progressent dans les environs de Gudermes; à l'ouest, le pilonnage se poursuit, mais les rebelles résistent toujours dans le village de Bamout.
Le Gouvernement russe annonce la construction d'un nouveau pipe-line reliant l'Azerbaïdjan à la Mer Noire et contournant la Tchétchénie. |
26.10.99 |
L'étau des troupes fédérales autour de Grozny se resserre encore. Au nord, de violents combats se déroulent à proximité immédiate de la capitale: les forces russes se sont emparées de Pervomayskaya et leurs éléments avancés sont à 6 km de Grozny. Venant du nord-est, d'autres éléments repoussent les rebelles et effectuent une progression de 10 km.
Le commandement tchétchène annonce son incapacité à lancer une contre-attaque d'envergure en raison du manque de "véhicules blindés et d'artillerie lourde". En revanche, les rebelles bombardement à partir de Bamout des bases russes situées en Ingouchie. |
27.10.99 |
La pression russe à l'est de la république ne faiblit pas, les troupes fédérales capturant 4 villages autour de Gudermes et parvenant à 2 km de la ville. Au nord, les Forces russes s'emparent de positions près du village de Sadovaya, à moins de 5 km de Grozny. La capitale tchétchène subit les bombardements les plus intenses depuis le début de l'offensive. Moscou confirme avoir lancé deux missiles sol-sol tactiques depuis une base située près de Vladikavkaz, la capitale de l'Ossétie du Nord.
Eltsine annonce souhaiter broyer les forces rebelles "une fois pour toutes". |
28.10.99 |
L'aviation russe redouble d'activité et mène 100 raids aériens en 24 heures, sur des positions rebelles, des dépôts d'armes présumés et des voies de communication. Les troupes au sol complètent l'encerclement de la capitale, à moitié réalisé, par une poussée dans le secteur ouest. Gudermes est entièrement encerclée.
Maskhadov annonce que l'offensive russe a fait 3000 morts et 5000 blessés dans la population civile. Poutine annonce que le budget des Forces armées russes sera augmenté de 57% en 2000. Un analyse militaire russe indépendant estime que les Russes, en Tchétchénie, tuent civils et combattant à une proportion de 20 pour 1. Moscou promet d'ouvrir des corridors humanitaires pour les réfugiés. |
29.10.99 |
Les troupes fédérales progressent à l'ouest et parviennent à 2 km d'Achkoy-Martan, alors que le village de Samachki est pilonné par l'artillerie et l'aviation. Les Tchétchènes dénoncent le bombardement d'un convoi de réfugiés et annoncent au moins 50 morts, ce que Moscou dément. De violents combats se déroulent au nord et à l'est de Grozny. Les Forces aériennes effectuent 70 raids.
Le Ministre russe de la défense annonce que les Tchétchènes préparent une défense circulaire de Grozny, fortifiant les rez-de-chaussée des immeubles, stockant armes et munitions et disposant de nombreuses mines autour de la ville. Basayev annonce la création d'un bataillon de combattants-kamikazes pour lancer des attentats. Entre 5000 et 7000 réfugiés tchétchènes sont bloqués à la frontière ingouche. |
30.10.99 |
La pression continue: les Forces russes s'approchent de Samachki, à l'ouest, et bloquent complètement les combattants rebelles à Gudermes, pendant qu'au nord de Grozny les combats continuent. L'aviation russe effectue 54 raids, principalement de nuit, frappant unités rebelles et installations pétrolières.
Le Comité international de la Croix-Rouge accuse cette aviation d'avoir bombardé un convoi de réfugiés, faisant au moins 25 morts, dont 2 délégués, et 70 blessés. Moscou dément. Le nombre de réfugiés tchétchènes atteint 190'000. |
31.10.99 |
L'étau autour de Grozny continue à se refermer, les Forces russes progressant à l'ouest comme à l'est. La capitale fait l'objet de bombardements ininterrompus pendant plusieurs heures, sa zone industrielle étant particulièrement visée. |
1.11.99 |
Les troupes fédérales occupent les sommets des deux crêtes à l'ouest de Grozny, et continuent de pilonner les positions rebelles au nord et à l'ouest. En deux jours, 150 raids ont été effectués par les chasseurs-bombardiers russes et 100 par les hélicoptères de combat.
Les Forces armées russes entrouvrent la frontière en Ingouchie et laissent passer quelques centaines de réfugiés. Le Ministère de la défense russe annonce que 600 Talibans se préparent à rejoindre la Tchétchénie, équipés de missiles sol-air Stinger. La Géorgie refuse d'envoyer des forces armées patrouiller sur ses 84 km de frontière commune avec la république indépendantiste. |
2.11.99 |
Les Forces russes prennent deux villages à l'ouest et se rapprochent de la ville d'Achkoy-Martan, alors que les bombardements se concentrent sur la capitale et le sud de la Tchétchénie, notamment sur des ouvrages d'art et des infrastructures industrielles.
Le Chef de l'Etat-major général russe, le général Anatoly Kvashin, déclare que les troupes fédérales n'entreront pas dans Grozny. Le Ministère de l'intérieur annonce que ses troupes ont perdu 175 hommes depuis le début du mois d'août. |
3.11.99 |
Les Forces aériennes russes effectuent 54 raids aériens en 24 heures, alors que les Forces terrestres continuent leur lente progression à l'est, autour de Gudermes, et à l'ouest, atteignant le village Andreievskoye, à 2 km au sud-ouest des faubourgs de Grozny.
Le Ministre russe de la défense, Igor Sergeyev, annonce que les troupes fédérales vont "non seulement libérer Grozny mais toute la Tchétchénie". A la frontière avec l'Ingouchie, seules 200 personnes par jour sont autorisées à passer. |
4.11.99 |
La progression au sud-ouest se poursuit, les troupes fédérales prenant le contrôle de la route Grozny-Nazran. 80 missions de combats sont effectués par les chasseurs-bombardiers russes et 40 par leurs hélicoptères de combat; en-dehors des bombardements de positions rebelles et de destructions industrielles, plus 40 km de routes sont minés au sud de la république.
Les Forces russes ouvrent la frontière entre Ingouchie et la Tchétchénie et permettent à plusieurs milliers de réfugiés de la traverser. Le nouveau secrétaire général de l'OTAN, George Robertson, déclare que la guerre en Tchétchénie est une "affaire intérieure russe." |
5.11.99 |
L'encerclement de la capitale est chaque jour plus complet, les unités russes occupant l'ensemble des collines au nord et à l'ouest de Grozny, et se rapprochant à l'est tout en maintenant la pression tout autour de Gudermes. Les Forces du Ministère de l'intérieur mènent des opérations de sécurité dans les villages récemment libérés au sud de la Terek. Les Forces aériennes accomplissent 110 raids aériens, 70 et 40 respectivement pour les chasseurs-bombardiers et les hélicoptères.
Le commandant du front oriental, le général Troshev, nie toute intention de donner l'assaut à Gudermes: "Pourquoi devrions-nous (le faire) ? Nous n'avons pas pris d'assaut une seule localité. La dernière guerre nous a appris à éviter les face-à-face". En 2 jours, 10'000 réfugiés quittent la Tchétchénie et passent en Ingouchie. |
6.11.99 |
Le pilonnage de l'artillerie se poursuit sur la capitale et plusieurs villes à l'est comme à l'ouest, notamment Gudermes et Urus-Martan; en raison de conditions météorologiques défavorable, l'aviation concentre ses raids sur le centre de la république et effectue 50 sorties de combat.
L'armée russe nie toute divergence de vues avec le Kremlin. Poutine déclare qu'aucun plan d'assaut sur Grozny n'existe, même s'il n'en exclut pas la possibilité. Selon le Ministère russe des situations d'urgence, 198'000 réfugiés ont quitté la Tchétchénie. |
7.11.99 |
Plus de 100 sorties sont effectués par l'aviation russe, 70 par les SU-24 et SU-25 et 40 par les hélicoptères de combat; selon Moscou, 4 ponts et 12 camps de rebelles ont été touchés. Les bombardements sur Grozny font 32 morts selon les autorités tchétchènes.
Les Forces russes de l'intérieur poursuivent leurs opérations de nettoyage au nord de la Terek, à Naurskaya notamment. Les services de renseignement de l'armée annoncent la prochaine fourniture par Osama Bin Laden aux combattants tchétchènes de 50 missiles sol-air Stinger. |
8.11.99 |
Les Forces russes annoncent envoyer des renforts massifs en Tchétchénie, soldats, chars et pièces d'artillerie, alors que le Ministère de l'intérieur transfère plusieurs unités du Daghestan aux secteurs autour de Gudermes. Les forces tchétchènes ont annoncé avoir attaqué dans la nuit des unités russes autour de Goudermes, détruit un char et tué jusqu'à 17 soldats de Moscou. Un épais brouillard ralentit les opérations aériennes, et la flotte russe n'effectue que 30 sorties; les avions ont notamment lâché des bombes de 250 kg et des missiles air-sol qui ont creusé des cratères de plusieurs mètres de profondeur au centre de Grozny, selon les médias russes.
Le commandant du front est annonce contrôler tout le district de Gudermes. Une délégation du Parlement tchétchène se rendi à Istanbul, en Turquie, où elle espère rencontrer des chefs d'Etat, en marge du sommet de l'Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui se tient la semaine prochaine. |
9.11.99 |
Les premières neiges font leur apparition dans le Nord Caucase, et perturbent considérablement les opérations aériennes. L'artillerie continue de pilonner Grozny et d'autres villes assiégées, alors que les Russes tirent quatre missiles sol-sol en direction de la Tchétchénie à partir de leur base de Kartsa en Ossétie du Nord. D'après le Ministère de la défense, les combattants tchétchènes se replient en masse, et ont notamment déserté la ville de Bamout.
Washington accuse Moscou de violer le droit des gens en temps de guerre, alors que Paris indique que la Russie se "fourvoie" et qu'elle subira une forte pression durant le sommet de l'OSCE. Poutine réaffirme que l'opération contre la Tchétchénie "était la seule voie possible pour détruire les terroristes". |
10.11.99 |
Le commandant des troupes parachutistes en Tchétchénie annonce que les opérations de nettoyage de Gudermes commenceront le lendemain, les forces spéciales policières requises étant déjà sur place. Un porte-parole des Forces armées russes déclare que les combattants rebelles de Gudermes ont tenté à 4 reprises en 24 heures de briser l'encerclement des troupes fédérales, sans succès. Pendant que les chutes de neige se poursuivent, l'aviation russe effectue 50 raids sur Grozny et l'ouest de la Tchétchénie, endommageant notamment un pont et minant 25 km de route.
Le Norvégien Kim Traavik, chef de la délégation de l'OSCE, déclare que le conflit tchétchène "n'est pas une affaire intérieure russe". Le commandant des garde-frontières géorgiens annonce que son Gouvernement prendra des mesures pour renforcer la sécurité sur la frontière avec la Tchétchénie, et requiert l'assistance de l'aviation russe à cette fin. |
11.11.99 |
Le pilonnage de la Tchétchénie se poursuit, à Grozny comme à Gudermes et dans d'autres cités à portée des canons russes. Le commandant du front est annonce que le nettoyage de Gudermes commencera le lendemain à 0800. L'aviation réalise 70 sorties en 24 heures, et bombarde le centre, l'ouest comme le sud de la république. D'après le SR militaire russe, les combattants rebelles fortifient de nombreux bâtiments au centre de la Tchétchénie.
Igor Serguéïev, le ministre russe de la Défense, affirme que les opérations militaires en Tchétchénie pourraient être "terminées avant la fin de l'année", et nie toute indiscipline dans les généraux russes. L'Etat russe déploie d'importants efforts de reconstruction dans les districts "libérés" au nord de la Terek, rétablissant gaz et électricité, distribuant vivres et matériaux, et effectuant de nombreuses fouilles de bâtiments à la recherche de combattants tchétchènes infiltrés ou camouflés. Un journal distribué à 20'000 exemplaires, "Tchétchénie libre", décrit les efforts du Gouvernement de Moscou. |
12.11.99 |
Les troupes fédérales entrent dans Gudermes, sans que des combats soient signalés; les autorités tchétchènes annoncent un repli de leurs combattants, qui résistaient depuis presque un mois. La progression à l'est du coup reprend, les avant-gardes russes atteignant la ville d'Argoun, à 15 km à l'est de Grozny. Les Forces aériennes effectuent 50 sorties et se concentrent principalement sur Grozny. Le village de Bamout continue d'être pilonné, tant par l'aviation, les obusiers que les lance-fusées multiples.
D'après l'Etat-major général russe, les pertes militaires depuis le mois d'août s'établissent à 279 tués et 756 blessés. Le Ministre russe de la défense déclare que "les intérêts nationaux américains requièrent que le conflit militaire dans le Nord-Caucase, attisé de l'extérieur, soit constamment embrasé". La Croix-Rouge annonce sa décision de cesser ses activités en Tchétchénie, en raison du danger qui menace ses employés sur le terrain. |
13.11.99 |
Nette intensification des opérations aériennes en Tchétchénie: les Forces aériennes russes annoncent avoir effectué 180 sorties durant les dernières 24 heures. Les opérations de nettoyage de Gudermes se poursuivent, et Moscou déclare contrôler toute la ville dans l'après-midi. A l'ouest, les troupes fédérales sont entrées dans la partie basse de Bamout et s'emparent du village de Sernovodsk, près de la frontière avec l'Ingouchie, tout en continuant à pilonner Samachki.
Poutine déclare que la position russe est "justifiée d'un point de vue moral". |
14.11.99 |
Les troupes fédérales continuent leur progression, dans Bamout et autour de la capitale tchétchène, dont ils sont éloignés de 15 km au sud-ouest, près d'Alkan-Kala, alors qu'au nord les Russes sont à 2 km de l'aéroport. 70 raids aériens sont effectués par les Forces aériennes. Grozny annonce que 4500 personnes sont mortes sous les bombardements russes depuis le début du conflit.
Le commandant du front est annonce que la région de Gudermes est désormais complètement "pacifiée". Le Parlement tchétchène appelle l'OSCE à faire pression sur la Russie pour stopper son offensive. |
15.11.99 |
Les opérations aériennes en Tchétchénie s'intensifient encore: 350 missions de combat sont accomplies en 48 heures. Les troupes fédérales s'emparent de deux villes à l'ouest, Asinovskaya et Sernovodsk, et font route en direction d'Urus-Martan, troisième ville de la république; à l'est, elles se préparent à s'emparer d'Argun, et ainsi reserrer l'étau autour de Grozny en ne laissant qu'une issue au sud.
L'Union européenne condamne "le recours disproportionné et indiscriminé à la force en Tchétchénie". Elstine rétorque que "nous n'arrêterons pas aussi longtemps qu'un seul terroriste restera sur notre territoire". |
16.11.99 |
Le pilonnage de l'artillerie se fait incessant, notamment sur Grozny, Argun et Urus-Martan. Les Russes contrôlent désormais 40% de Bamout et ont encerclé Achkhoï-Martan, à 25 km au sud-ouest de Grozny. 80 raids aériens sont effectués par leur aviation. Un groupe de combattant tchétchènes entre en Ingouchie et attaque un poste russe, faisant un mort et deux blessés. D'importantes forces russes franchissent la Terek et renforcent les positions établies autour de la capitale.
Les services de renseignements militaires russes annoncent que les travaux de défense dans Grozny sont très avancés, un important nombre de mines ayant notamment été installé. Près de la moitié des Russes (48%) estiment que les opérations militaires des forces fédérales en Tchétchénie sont une réponse adéquate, selon un sondage de la Fondation Opinion Publique; environ 29% des personnes interrogées souhaitent même des mesures encore plus radicales. |
17.11.99 |
A un jour de l'ouverture du sommet de l'OSCE, la guerre en Tchétchénie subit une accalmie: peu de tirs d'artillerie ont lieu et 30 raids aériens sont menés. Plusieurs réfugiés d'Achkhoï-Martan déclarent que les Forces russes procèderont au nettoyage de la ville le lendemain. Le commandant des Forces aériennes russes, le colonel-général Anatoly Kurnikov, résume les opérations de ses unités depuis le 3 août: 3600 missions de combat accomplies, dont 450 d'appui rapproché, et des destructions évaluées à 400 bases et positions rebelles, 314 véhicules, 24 systèmes antiaériens, 16 positions d'artillerie, 4 usines d'armes et de munitions, 4 stations de pompage, 6 transmetteurs radio et 50 ponts; les pertes annoncées se limitent à 2 Su-25 et 1 Su-24.
Le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Sadako Ogata, actuellement en visite à Moscou, annonce qu'elle va se rendre en Tchétchénie afin d'avoir une vision "plus exacte" de la situation des réfugiés. |
18.11.99 |
Durant la première journée du sommet de l'OSCE, les pilonnages russes reprennent de plus belle: les Tchétchènes annoncent que des tirs de missiles sol-sol sur Grozny et Urus-Martan font 170 morts. Les troupes fédérales pour leur part s'emparent d'Achkhoï-Martan, et continuent de progresser dans Bamout au prix de combats meurtriers. 80 missions de combat sont effectués par les Forces aériennes, frappant particulièrement Grozny et la vallée de l'Argun, l'un des axes au sud de la république encore libre.
A Istanbul, Eltsine défend l'intervention russe en Tchétchénie et exclut toute concession à ce sujet, avant de quitter le sommet et de rentrer à Moscou. Les pays occidentaux condamnent globalement l'action de la Russie. |
19.11.99 |
En raison de conditions météorologiques médiocres, l'aviation russe reste largement clouée au sol. La pression s'accroît encore sur Bamout et Argun, avec l'arrivée prochaine de renforts en artillerie. Le pilonnage se poursuit sur l'ensemble de la république.
Le sommet de l'OSCE se conclut à Istanbul sur des avancées en faveur de la sécurité et de la paix avec la signature de deux documents, dont un ambitieux traité de désarmement conventionnel. En revanche, les concessions arrachées à la Russie sur la nécessité d'une solution politique en Tchétchénie semblent plus formelles que réelles, Moscou ne semblant prêt à "négocier" qu'après une victoire militaire sur les séparatistes. |
20.11.99 |
La progression des troupes fédérales se poursuit à l'ouest, s'emparant du village de Samachki, s'approchant de 2 km des faubourgs de Grozny et poursuivant en direction d'Urus-Martan. Un véritable déluge de roquettes s'abat sur Bamout selon le vice-premier ministre tchétchène. Plus de 70 raids aériens sont menés par l'aviation russe.
Le nombre de réfugiés ayant fui la Tchétchénie dépasse 217'000. Au Kremlin, le président Boris Eltsine affiche sa satisfaction après le sommet de l'OSCE à Istanbul où il a lui-même fermement défendu l'offensive russe en Tchétchénie. |
21.11.99 |
Le pilonnage se concentre sur la capitale et ses environs immédiats, dont les Russes affirment contrôler le 80%, ainsi que sur la ville d'Urus-Martan. Selon le commandement russe, 3500 combattants tchétchènes défendraient Urus-Martan, équipés d'artillerie, de lance-roquettes et de missiles sol-air Stinger. Des renforts fédéraux continuent à monter au front, en particulier une troupe de 200 Spetsnaz qualifiée pour les opérations de contre-guérilla. Malgré le mauvais temps, les chasseurs-bombardiers et les hélicoptères de combat russes ont effectué 82 sorties au-dessus de la Tchétchénie au cours des dernières 24 heures. Ces bombardements ont notamment détruit des stations-service revendant du pétrole volé dans les oléoducs traversant le Caucase, a affirmé le commandement russe.
D'après plusieurs médias russes, les rebelles tchétchènes tenteraient désespérément d'engager de nombreux mercenaires, en particulier dans la république voisine d'Ingouchie, promettant des salaires mensuels allant de 2000 à 8000 dollars. Joschka Fischer déclare que la Russie commet "une erreur monumentale" en poursuivant ses opérations militares. |
22.11.99 |
Les bombardements russes conservent une intensité soutenue sur la capitale et les positions rebelles, pendant que les combattants tchétchènes continuent leurs travaux de fortifications à Grozny. Plusieurs officiers des troupes fédérales annoncent la chute d'Urus-Martan pour la fin de la semaine. La ville de Gudermes est pressentie pour devenir la nouvelle capitale de la "Tchétchénie libre".
Poutine critque les déclarations occidentales en affirmant qu'"une série de pays étrangers essaient de mettre en place dans le sud de la CEI (Communauté des Etats Indépendants) un nouveau partage géopolitique global pour prendre le contrôle des richesses naturelles de la région". Alexandre Soljenitsyne défend l'opération et rappelle que "nous ne sommes pas les agresseurs. On nous a attaqués." |
23.11.99 |
Grozny et Urus-Martan subissent un pilonnage permanent de l'artillerie, à coups d'obusiers et de lance-roquettes multiples, pendant que les conditions météo défavorables limite le nombre de raids aériens à 30. A l'est de la Tchétchénie, les Russes encerclent à 75% la ville d'Argun et font mouvement vers le sud, en direction de Vedeno, à 50 km au sud-est de Grozny. Parmi les renforts introduits figurent 3 hélicoptères d'attaque Ka-50, dont des spécialistes russes prétendent que la signature infrarouge est si faible que l'autodirecteur des Stinger est incapable de les traquer.
Une saisie d'armes en provenance de Roumanie et destinée officiellement à la Géorgie est effectuée à l'aéroport de Moscou. Le ministre russe de la Défense annonce que les troupes fédérales continueront à ne pas entrer en force dans les villes. Un leader tchétchène pro-russe, l'ex-maire de Grozny, Bislan Gantamirov, a quitté Moscou mardi pour se rendre dans les territoires "libérés" de Tchétchénie. Il doit d'abord visiter les camps de réfugiés dans la république voisine d'Ingouchie, qui accueille la presque totalité des 222'000 personnes ayant fui la guerre. |
24.11.99 |
Les combattants tchétchènes se regroupent à Urus-Martan afin de défendre la ville, les troupes fédérales contrôlant la majorité des villages environnants. La pression de celles-ci ne se relâche pas, 86 missions offensives étant en outre menées par les forces aériennes.
Les communications sont de plus en plus difficiles en Tchétchénie après la coupure mardi de tous les téléphones portables en Tchétchénie et dans certaines régions voisines sur ordre du ministère russe de la Défense. Cette mesure s'accompagne d'un brouillage des liaisons par téléphone satellitaire, les communications entre Grozny et l'extérieur s'interrompant quelques secondes après avoir commencé. |
25.11.99 |
Les combats entre Russes et Tchétchènes se déroulent à présent aux portes d'Urus-Martan et d'Argun. La météo est de plus en plus mauvaise, et 11 raids aériens sont menés. En revanche, selon les militaires russes, les tirs d'artillerie sur Grozny sont les plus intenses depuis le début de l'invasion.
D'après les rebelles, un raid lancé sur les faubourgs de Gudermes a abouti à la mort de 60 soldats russes. Une organisation russe des droits de l'homme, la Fondation des droits des mères, accuse Moscou de minimiser le nombre de soldats russes morts en Tchétchénie, qui dépasserait 720. |
26.11.99 |
Bombardements jour et nuit sur Grozny et Urus-Martan et plus de 100 missions aériennes offensives: les troupes fédérales maintiennent la pression et tentent de provoquer l'effondrement tchétchène. D'après les militaires russes, plus de 2000 personnes ont quitté Grozny ces derniers jours pour passer en "zone libre".
Le général Valeri Manilov, numéro de l'état-major général russe, déclare que la majorité des opérations militaires en Tchétchénie sera terminée avant la fin de l'année. Le ministre de la défense annonce que les pertes depuis le mois d'août s'élèvent à 305 morts et 863 blessés, dont 424 déjà de retour dans leurs unités; les pertes des troupes du Ministère de l'intérieur, en Tchétchénie uniquement, seraient de 21 morts et 75 blessés. |
27.11.99 |
La capitale tchétchène continue à subir un feu roulant laissant dans ses rues de nombreux gravats et cratères de 8 à 10 mètres de diamètre, pendant que les troupes fédérales consolident leurs positions dans les hauteurs environnement. Les avions et hélicoptères russes mènent 102 raids, principalement dans la zone de Grozny, ainsi que dans la vallée de l'Argun, où de nombreux ponts sont détruits jour après jour.
Le maire de Grozny, Lecha Doudaïev, annonce que les bombardements russes des dernières 48 heures ont fait quelque 260 morts dans la population civile. Moscou indique que 24'957 réfugiés, sur un total de plus de 220'000, sont rentrés en Tchétchénie dans les territoires "libérés" par l'armée russe. Le directeur général du FMI, Michel Camdessus, déclare que le FMI "ne peut pas poursuivre son financement si le reste du monde ne le veut pas". |
28.11.99 |
Le pilonnage constant sur Urus-Martan ne semble pas avoir d'effet notable, alors que Grozny se transforme de plus en plus en amas de ruines; selon des sources militaires russes, au moins 60 lance-roquettes multiples Grad sont en position au voisinage de la capitale. Les troupes fédérales reprennent leur poussée au sud-est de la Tchétchénie, une région par où transite une partie du ravitaillement rebelle en provenance de Géorgie. Une contre-offensive rebelle parvient cependant à s'emparer du village de Novogroznenski, près de Gudermes.
Les représentants de vingt-trois localités tchétchènes ont appelé le président tchétchène Aslan Maskhadov à demander aux pays occidentaux des armes "modernes" pour combattre les forces russes. |
29.11.99 |
Les troupes fédérales reprennent le contrôle de Novogroznenski et poursuivent leur offensive à l'est de la république séparatiste, visant les villes d'Alleroy et Kurchaloy. L'armée russe annonce que des unités parachutistes, opérant depuis le 17 novembre dans les montagnes, mènent de violents combats, l'une d'entre elles perdant 12 soldats sur 14. Un commandant tchétchène affirme que ces combats ont causé la mort de plus de 200 soldats russes. Un premier assaut terrestre est lancé sur Urus-Martan, alors que le pilonnage de Grozny et d'Argun se poursuit. Les forces aériennes effectuent 50 missions offensives.
Selon Mashkadov, les combattants indépendantistes n'ont pas lancé de contre-offensive afin de laisser la porte ouverte à discussions. "Tôt ou tard, Moscou devra entamer des pourparlers de paix. Nous devons attendre que Moscou comprenne qu'une solution politique est nécessaire". Le gouvernement russe, pour sa part, désigne officiellement Gudermes comme nouvelle capitale tchétchène. |
30.11.99 |
De nouvelles tentatives d'assaut sur Urus-Martan restent sans succès, malgré un pilonnage intense de l'artillerie comme de l'aviation. D'après le commandement russe, les troupes fédérales ont subi quelques pertes - non chiffrées -, alors que les rebelles ne cessent de recevoir des renforts. Les destructions dans Grozny atteindraient 80% des bâtiments, selon des correspondants d'agences de presse. A l'est, d'importants affrontements continuent d'avoir lieu au pied des montagnes caucasiennes, au sud de Gudermes.
Plusieures opérations rebelles - attentats, sabotages, attaques nocturnes - sont lancées par les rebelles dans le nord de la province, "libéré" par les Russes dans les premiers jours de leur offensive. Près d'Urus-Martan, les Russes arment un bataillon de quelque 200 hommes mis sur pied par le chef du "gouvernement" tchétchène en exil (pro-russe) Bislan Gantamirov. De son côté, Maskhadov appelle les militaires russes à déserter, promettant la vie sauve et "la protection d'Allah" aux déserteurs comme aux soldats faits prisonniers. |
1.12.99 |
Un véritable déluge de feu continue de s'abattre sur Grozny et Urus-Martan, de nombreux lance-roquettes Uragan étant également entrés en action. Les troupes fédérales ne parviennent cependant à avancer ni à l'ouest, ni à l'est, où de violents combats continuent d'avoir lieu. D'après un commandant tchétchène, le général Arsayev, les combats autour d'Argun et d'Alkhan-Yurt (8 km au sud-ouest de Grozny) ont permis aux rebelles de tuer "plusieurs centaines de russes" et 70 véhicules blindés. Le Ministre de la défense annonce que la ville d'Argun, assiégée depuis plus d'une semaine, tombera dans 2 à 3 jours.
Shamil Basayev a lance un appel au déclenchement d'une vague d'attentats en Russie sur une chaîne de télévision locale. Les rebelles lancent un raid sur une station radio de la 58e Armée russe en Ingouchie, sans succès. Le Ministre israélien des affaires étrangères, David Levy, annoncent l'intention de son gouvernement de partager avec Moscou tous ses renseignements au sujet des groupes islamistes armées. |
2.12.99 |
Les affrontements autour d'Argun, Urus-Martan, Alkhan-Yurt et au sud de Gudermes se poursuivent. Les militaires russes annoncent la prise d'Alleroy et l'entrée d'une unité parachutiste dans Argun, celle-ci tuant plus de 200 rebelles et ne subissant elle-même aucune perte. 80 raids aériens sont menés sur Grozny, Urus-Martan et Argun. Selon le commandement russe, la totalité des accès à Grozny est minée et cernée de positions de défense solides.
Le Ministre de la défense annonce que l'armée russe va renforcer la sécurité des territoires "libérés" afin d'éviter les infiltrations des rebelles. |
3.12.99 |
L'étau se resserre autour de Grozny: les troupes fédérales encerclent la ville à 90%. Les combats se poursuivent à Argun et Alkhan-Yurt, la présidence tchétchène annonçant toutefois le retrait de ses troupes pour éviter des pertes trop importante. Seul un mince couloir au sud relie encore la capitale au reste de la république, couloir dans lequel des réfugiés accusent les forces aériennes d'avoir mitraillé un de leurs convoi, faisant entre 40 et 50 morts. A Urus-Martan, où les combats font toujours rage, le commandement russe nie avoir perdu quelque 250 soldats, comme l'affirme le vice-ministre de l'intérieur ingouche.
Moscou continue de refuser toute ingérence étrangère dans le conflit, refusant notamment au président de l'OSCE Knut Vollebaek de faire office de médiateur. Le FMI diffère le déblocage d'un fonds de 4,5 milliards de dollars promis à la Russie en juillet. |
4.12.99 |
Le commandant des troupes fédérales du Caucase Nord, le général Kasantzev, annonce que Grozny est complètement encerclée. Des combats ont encore lieu à Argun, où les unités russes procèdent à un minutieux nettoyage, de même qu'à Alkhan-Yurt et Urus-Martan. L'ampleur des tirs d'artillerie sur l'ensemble des zones de combat ne diminue pas, alors que les forces aériennes mènent 65 raids.
Le commandement militaire russe nie tout mitraillage de convoi de réfugiés. Il annonce par ailleurs que 2500 combattants tchétchènes se concentrent au sud-est de la province et présume des opérations de diversion au Daghestan. |
5.12.99 |
Bombardements ininterrompus sur Grozny, où plusieurs points d'appui à l'est sont l'objet de combats. Les troupes fédérales poursuivent le nettoyage d'Argun et s'emparent d'Alkhan-Yurt, sur lequel le drapeau russe flotte, mais ne parviennent à repousser les combattants tchétchènes d'Urus-Martan. Avions et hélicoptères accomplissent 67 missions offensives.
Le commandement militaire russe annonce que les Tchétchènes emploient de plus en plus des techniques de guérilla et que, par conséquent, plusieurs mois seront nécessaires pour les vaincre. Selon les médias russes, toute vie et tout mouvement en "zone libérée" cesse à la nuit tombée, en raison des snipers tchétchènes. |
6.12.99 |
Les combats se poursuivent à Argun, où les derniers rebellent opposent une résistance acharnée aux troupes fédérales, qui contrôlent la moitié de la ville. Quant à Grozny, toujours bombardée, le commandement militaire russe lance un ultimatum et exige la reddition de la capitale jusqu'au samedi 11 décembre. A Urus-Martan, les combats se poursuivent à proximité immédiate de la ville.
Des tracts sont lancés au-dessus de Grozny: "Jusqu'au 11 décembre, un corridor sera ouvert à Piervomaïskaïa. Ceux qui quitteront Grozny à temps auront la vie sauve. Ceux qui resteront seront considérés comme des terroristes et seront anéantis par l'artillerie et l'aviation. Il n'y aura plus de négociation. Tous ceux qui n'auront pas quitté la ville seront tués. Vous êtes cernés. Toutes les routes autour de Grozny sont bloquées. Vous avez perdu. Le commandement russe vous offre une dernière chance." |
7.12.99 |
Poursuite du pilonnage à Grozny, où les forces aériennes concentrent la majorité de leurs 150 missions offensives. Malgré ses efforts, l'armée fédérale avance lentement à Argun et Urus-Martan, pourtant soumises à des feux importants: d'après des militaires russes, certaines pièces d'artillerie tirent 400 obus par jour.
Maskhadov annonce que deux quartiers de Grozny ont subi dans la nuit de dimanche à lundi un bombardement chimique qui aurait fait 31 morts. L'ultimatum russe est fermement condamné en Occident, particulièrement en Europe, alors que la Russie reçoit le soutien de la Chine. Moscou assouplit toutefois sa position, parlant d'avertissement au lieu d'ultimatum, s'adressant uniquement aux "bandits" tchétchènes et autorisant les civils à quitter la ville après le 11 décembre. |
8.12.99 |
Les bombardements ne cessent pas à Grozny, de sorte que, selon les médias russes, aucun civil ne s'est présenté au poste de Piervomaïskaïa. Le commandement militaire annonce la chute d'Urus-Martan, où de violents combats se sont encore déroulés toute la journée, ainsi que le siège de la ville de Shali, au sud-est de Grozny, que les combattants tchétchènes devraient évacuer sur demande des "anciens".
Les nations occidentales continuent à condamnent l'ultimatum russe sur Grozny et menacent de prendre des sanctions à l'endroit de la Russie. Les Etats-Unis ont décidé de suspendre l'octroi d'une aide alimentaire tandis que la France a menacé de revoir sa coopération si Moscou n'acceptait pas un règlement politique. |
9.12.99 |
Dans Grozny encerclée, les bombardements russes diminuent d'intensité à l'approche de l'expiration de l'ultimatum. Le commandement russe annonce la prise de Shali pour le lendemain et l'entrée dans le village de Belgatoi, à 10 km à l'ouest de Shali. Le repli de nombreux combattants tchétchènes dans le sud montagneux devient la cible principale - avec Grozny - des 70 raids aériens menés par l'aviation fédérale.
Le général Manilov répète qu'il n'y aura pas d'assaut sur Grozny et que la capitale rebelle sera "libérée par les moyens qui ont déjà fait leurs preuves, en particulier à Gudermes, Atchkhoï Martan et Urus-Martan". En réponse aux critiques occidentales, Eltsine rappelle que "la Russie est une grande puissance qui possède un arsenal nucléaire." |
10.12.99 |
Plusieurs quartiers de Grozny continuent d'être bombardés par l'artillerie et par l'aviation, alors que des combats ont lieu autour de Shali, dont l'encerclement est complet. Les troupes fédérales continuent leur poussée au centre, sur la route reliant Grozny au sud de la république, et s'emparent de la ville de Novye Atagi, 25 km au sud de la capitale. Les 60 missions offensives des forces aériennes se concentrent sur Grozny et le sud de la république.
Le Ministre russe des situations d'urgence Sergueï Choïgou laisse entendre que l'ultimatum lancé cette semaine aux habitants de la capitale tchétchène pourrait être repoussé et appelle Maskhadov à la négociation. Le Ministre de la défense annonce que les rebelles tchétchènes ont mis à feu un réservoir contenant 60 tonnes de pétrole et chlore, répandant un nuage toxique au nord de Grozny. |
11.12.99 |
Suspension des bombardements sur Grozny: Moscou tente d'évacuer les civils et ouvre un nouveau corridor, au sud de la capitale. Selon le commandement militaire russe, seuls 1000 civils ont quitté la ville, les combattants tchétchènes empêchant la plupart des gens de quitter leur domicile. Les Tchétchènes démentent se servir de la population comme bouclier humain. A Shali, les troupes fédérales sont prêtes à entrer dans la ville.
Choïgou continue à tenter de contacter Maskhadov pour entreprendre une négociation, sans succès. |
12.12.99 |
La capitale rebelle continue à être épargnée par les bombardements, et Sergueï Choïgou annonce une trêve de plusieurs heures par jour pour permettre aux civils de se déplacer. Les troupes fédérales s'emparent toutefois de l'aéroport militaire de Grozny. Le commandement russe accuse les rebelles de profiter de la trêve pour se réorganiser et continuer leurs travaux de fortifications, notamment au sommet des immeubles de Grozny. La prise de Shali est annoncée pour le lendemain. L'aviation russe effectue 32 missions offensives et frappe le sud de la Tchétchénie.
Eltsine accuse les séparatistes tchétchènes de vouloir replonger la Tchétchénie dans le Moyen-Age. Poutine annonce que l'opération antiterroriste durera aussi longtemps que nécessaire. |
13.12.99 |
De violents combats ont lieu à la périphérie de Grozny, notamment près de l'aéroport militaire. D'après des sources militaires russes, des forces spéciales fédérales font depuis plusieurs jours des incursions dans la capitale. Un chasseur-bombardier russe SU-25 est abattu par la DCA tchétchène, mais le commandement russe nie avoir perdu 2 hélicoptères dans une opération de sauvetage.
Le vice-premier ministre russe chargé de la Tchétchénie, Nikolaï Kochman, estime que Grozny sera sous contrôle russe "dans sept ou dix jours". Poutine annonce les "bandits tchétchènes" ont exécuté 68 civils tentant de quitter la capitale. |
14.12.99 |
Les premiers combats se déroulent à l'intérieur de Grozny, des accrochages d'ampleur limitée, alors que les troupes fédérales s'emparent sans combat de Shali. Le pilonnage de l'artillerie et de l'aviation reprend sur la capitale, mais les forces aériennes se concentrent surtout sur le sud. Le commandement russe reconnaît la perte de 2 hélicoptères la veille, l'opération ayant cependant permis de sauver le pilote éjecté.
Selon Choïgou, 2200 civils ont quitté Grozny par les corridors depuis le 6 décembre. |
15.12.99 |
Les combats dans Grozny se poursuivent, de même que les tirs de l'artillerie. Des affrontements ont également lieu au sud-est de la Tchétchénie, dans la région de Shali notamment. Les forces aériennes lancent 70 raids, dont 17 dans la capitale.
Le général Manilov affirme qu'"il n'y aura aucune frappe, aucun assaut, aucune opération massive sur Grozny tant qu'un seul habitant restera là-bas". Maskhadov se déclare prêt à "un important compromis qui prendrait en considération les intérêts de la puissance mondiale qu'est la Russie". |
16.12.99 |
Peut-être le premier revers important pour les troupes fédérales: une offensive mécanisée sur Grozny aurait été stoppée par les combattants tchétchènes. Selon un correspondant d'Associated Press, 7 chars de combat et 8 transporteurs de troupes blindés ont atteint la place Minoutka, à 3 km du centre de Grozny, avant d'être piégés par les rebelles; 115 cadavres de soldats russes sont dénombrés. L'agence militaire russe AVN annonce 50 morts dans cette offensive. Le général Manilov nie catégoriquement cette attaque et ce bilan, parlant de mensonge et de provocation.
En raison des conditions météoroligiques difficiles, seuls 17 raids aériens sont menés. Des renforts russes sont envoyés dans le théâtre d'opérations tchétchène, dont les Russes contrôlent désormais 60% du territoire. |
17.12.99 |
A 2 jours des élections législatives, les troupes fédérales intensifient leurs opérations en Tchétchénie. A Grozny, les combats se poursuivent, principalement dans les quartiers à l'est. Au sud, les Russes lancent une opération aéroportée et placent plusieurs unités de parachutistes dans les montagnes, sur la route reliant la république à la Géorgie. D'autres combats se déroulent à 30 km au sud-est de Grozny, les troupes fédérales tentant de s'emparer d'un important camp d'entraînement des rebelles. Les forces aériennes effectuent 83 missions offensives.
A Berlin, le sommet du G8 permet aux nations occidentales d'exprimer leur réprobation, mais l'idée de sanctions économiques semble abandonnée. |
18.12.99 |
Les combats se poursuivent à Grozny, les troupes fédérales s'emparant d'un quartier au sud-ouest de la ville. Les pilonnages de l'artillerie russe sur la capitale sont constants, arors que le sud de la république subit un feu nourri des lance-roquettes multiples. Le commandement tchétchène admet que 4 districts dans la vallée de l'Argun sont totalement bloqués par les forces russes.
A Berlin, Ivanov souligne que la communauté internationale ne doit pas "tenter de faire peur à la Russie". |
19.12.99 |
Les affrontements entre troupes fédérales et rebelles se déroulent en de nombreux endroits de Grozny, que l'artillerie et l'aviation pilonnent sans cesse. Des combats ont également lieu dans le sud, dans les zones de Vedeno et d'Argun. 60 missions offensives sont effectuées par les forces aériennes.
Javier Solana, Haut représentant de la Politique étrangère de l'Union européenne, déclare que l'UE accepte "le fait que la Russie protège son territoire, mais pas de cette manière. La Russie compromettra ses bonnes relations avec l'Ouest si elle continue à faire la guerre à sa propre population". |
20.12.99 |
D'après des journalistes présents sur place, les combats à Grozny sont d'une incroyable violence, mais les troupes fédérales sont parvenues à s'emparer de l'aéroport civil. Des militaires russes indiquent qu'une offensive de large envergure sur la capitale sera lancée dans 2 à 4 jours, menée principalement par des volontaires tchétchènes pro-russes. Des infiltrations d'unités russes dans les montagnes tchétchènes se poursuivent, notamment à proximité de la frontière daghestanaise. Les combats dans le sud et à Grozny sont appuyé par l'aviation, qui effectue 70 raids.
Plus de 540 civils ont quitté Grozny en deux jours, sur une population résiduelle dont l'estimation oscille entre 10'000 et 45'000 habitants. |
21.12.99 |
De violents combats continuent d'avoir lieu dans la capitale rebelle et sur les axes au sud, les Tchétchènes lançant plusieurs contre-attaques locales, sans succès même si les annonces des deux camps restent plus contradictoires que jamais. Les affrontements au sud se concentrent autour de Vedeno et Serzhen-Yurt. 43 raids aériens sont menés par les Russes. Des renforts provenant du Ministère de l'intérieur, forces spéciales et éléments policiers totalisant plus de 1000 hommes, sont envoyés en Tchétchénie.
Le Ministre russe de la défense nie toute offensive importante sur Grozny et exclut toute intention d'assaut. Le Vice-ministre de l'intérieur, Igor Zubov, annonce que les pertes totales des forces russes, depuis le 1er octobre, s'élèvent à 356 morts et 775 blessés. Selon le nombre de volontaires tchétchènes pro-russes dépasse 15'000. |
22.12.99 |
Selon des sources militaires russes, les combats dans Grozny ont fait d'importantes pertes dans leur rang - plus de 100 morts en trois jours -, alors l'opération "de libération" de Grozny semble commencée. Le commandement russe nie catégoriquement ces informations. Au sud, les parachutistes placés sur les axes reliant la Tchétchénie à la Géorgie reçoivent le renfort de garde-frontières. L'aviation russe lance 60 raids aériens.
Le maire de Grozny, Doudayev, annonce que la ville a subi les plus forts bombardements depuis 10 jours. Maskhadov donne "l'ordre à toutes les unités de l'armée et aux volontaires d'abandonner les localités situées dans les plaines et de se replier dans les montagnes". Poutine déclare que la fin de "l'opération antiterroriste est proche, mais nous ne fixerons aucun délai.", et annonce qu'entre 60 et 65'000 réfugiés tchétchènes ont regagné la république. Une enquête est ouverte par le Ministre de la défense sur un massacre perpétré début décembre à Alkhan-Yurt et imputé aux soldats fédéraux par Human Rights Watch. |
23.12.99 |
La résistance acharnée des rebelles tchétchènes à Grozny contraint les troupes fédérales et les volontaires pro-russes à combattre maison par maison dans chaque quartier. L'artillerie continue de bombarder plusieurs d'entre eux en permanence. Des affrontements se poursuivent au sud-est du territoire, dans la région de Vedeno ainsi que sur la frontière avec le Daghestan, que plusieurs petites unités rebelles auraient tenté de traverser. 22 raids aériens appuient les actions des troupes terrestres.
Le général Kazantsev a réaffirmé qu'il n'y aurait pas d'assaut sur Grozny, mais une opération spéciale qui réglerait l'affaire en 2 ou 3 semaines. D'après Poutine, "quasiment tout le territoire tchétchène est sous contrôle des forces fédérales." |
24.12.99 |
Un assaut de grande ampleur semble imminent à Grozny; troupes du Ministère de l'intérieur, forces spéciales militaires et volontaires tchétchènes pro-russes se concentrent dans leurs bases de départ, en périphérie de la ville pilonnée par l'artillerie et le feu direct des chars. Des combats particulièrement violents se déroulent dans les montagnes tchétchènes, les rebelles essayant sans succès de forcer les barrages des unités russes. Ces dernières sont massivement appuyés par leur aviation, qui mène 71 missions offensives.
A propos de l'offensive sur Grozny, le général Kazantsev affirme que "le délai n'est pas si important, nous avons l'intention d'éviter les pertes de nos soldats et des civils". D'après le commandement militaire russe, 3000 civils au moins ont quitté Grozny durant les dernières 24 heures. |
25.12.99 |
L'assaut sur Grozny est déclenché: durant la nuit des colonnes blindées se mettent en route, sous le feu et les nébulogènes de l'artillerie, et s'enfoncent dans la ville en partant des 4 points cardinaux. De violents affrontements se déroulent durant toute la journée dans presque tout le centre-ville. Les combats se poursuivent au sud de la Tchétchénie: alors que les unités russes reçoivent des renforts aéroportées, les rebelles tentent de trouver des points de passage vers la Géorgie et de la Daghestan.
Le commandement militaire russe nie l'assaut de la ville: le général Kazantsev déclare simplement "poursuivre l'opération de libération de la ville". |
26.12.99 |
Deuxième jour de l'offensive sur Grozny: les troupes fédérales progressent lentement en direction du centre-ville, volontaires tchétchènes et forces spéciales en tête, véhicules blindés largement en retrait. Le combat direct avec les rebelles retranché est évité: au moindre contact majeur, les soldats russes et pro-russes se retirent et font appel à l'artillerie, qui pilonne la ville avec intensité. Aucune annonce n'est faite au sujet des pertes du côté russe, les Tchétchènes clament 300 soldats fédéraux tués pour 5 rebelles morts. 49 missions offensives sont effectués par l'aviation russe, principalement par le biais des hélicoptères.
Maskhadov affirme dans un communiqué que les Russes ont subi de lourdes pertes dans leur offensive contre Grozny, s'abstenant toutefois de toute précision. |
27.12.99 |
L'offensive sur Grozny se poursuit sur un rythme identique, seuls 2000 hommes des troupes fédérales étant pour l'heure effectivement entrés dans la ville. Plusieurs quartiers sont en mains russes, mais les rebelles indépendantistes opposent une résistance acharnée dans les ruines de leur capitale. Dans le sud, l'aviation russe engage pour la première fois des bombes FAE (Fuel Air Explosive) pour réduire les bunkers et fortifications des rebelles, qui lancent plusieurs contre-attaques locales près de Vedeno et Kharachoi.
Poutine déclare que l'offensive russe se déroule selon ses plans. D'après le Ministre de la défense, seuls 4 soldats russes auraient été tués durant les dernières 24 heures. Maskhadov déclare que "Grozny sera défendue jusqu'au bout". |
28.12.99 |
Des combats acharnés ont lieu dans les rues dévastées de la capitale rebelle, sans avancée majeure de part et d'autre. D'après le commandement militaire russe, rues, maisons et immeubles sont largement minés et ralentissent la progression. Aucune information indépendante n'est disponible quant aux pertes de part et d'autres. De durs combats continuent dans le secteur de Vedeno, fief de Shamil Basayev et importante place forte rebelle dans les montagnes.
Le général Manilov affirme que la prise de Grozny est "une question de jours, peut-être deux ou trois, peut-être sept ou dix", et "deux à trois mois pour achever les bandes dispersées". |
29.12.99 |
Les soldats fédéraux progressent lentement dans les rues de Grozny, faisant appel à l'artillerie au moindre contact; mais les rebelles tchétchènes, qui opèrent par petites groupes de snipers, ont toujours le temps de se replier. Chacun de son côté, Russes et Tchétchènes annoncent de lourdes pertes chez l'adversaire, sans faire état de leurs propres morts. L'aviation continue de se concentrer sur la capitale et le Sud, avec 53 sorties en 24 heures.
Le Ministre de la défense annonce que "l'opération Tchétchénie, au moins dans sa phase active, est proche de sa fin". |
30.12.99 |
Les combats de rues à Grozny ne donnent lieu à aucune percée russe, les rebelles tchétchènes annonçant même avoir repris quelques ensembles d'immeubles. Au sud-est, les troupes fédérales ont attaqué 2 villages tchétchènes près de la frontière avec le Daghestan, alors que les combattants islamistes ont lancé une contre-offensive près de la frontière géorgienne, sans succès.
Sept journalistes étrangers travaillant près de Grozny sont arrêtés par les militaires russes, interrogés puis relâchés après 9 heures. |
31.12.99 |
Tchétchènes et Russes s'accusent mutuellement d'utiliser des armes chimiques. Au sud de la Tchétchénie, les rebelles accusent l'aviation fédérale de procéder à des bombardements au napalm et aux toxiques chimiques. A Grozny, les Russes annoncent que plusieurs obus de mortiers dégageant une odeur d'éther sont tombés dans leurs lignes. A quelques heures du Nouvel an, les combats ne baissent pas d'intensité. L'aviation russe effectue 84 raids en 24 heures, mais tous ses appareils se restent au sol durant les dernières heures de l'année pour éviter toute perturbation du bug de l'an 2000.
A Moscou, Elstine démissionne de son poste de président et confie à Poutine la présidence par intérim. Des enquêteurs fédéraux annoncent avoir trouvé à Urus-Martan 900 kg d'explosifs et de substances chimiques semblables à celles employées dans les attentats de Moscou. |
Ordre de bataille des troupes russes
Même si les informations disponibles à ce sujet sont plutôt rares et parfois contradictoires, un ordre de bataille des Forces armées russes engagées dans les opérations en Tchétchénie peut néanmoins être esquissé. D'une part, la région militaire du Nord Caucase, qui a son PC à Rostov, dispose en temps normal d'un nombre connu de grandes unités. D'autre part, les commandements Est et Ouest ont reçu, en plus de ces forces, des renforts dont l'essentiel a également fait l'objet d'informations. Il s'agit toutefois de prendre en compte deux éléments: premièrement, les grandes unités ne sont que rarement engagées dans leur composition normale et reçoivent régiments et bataillons "d'élite" d'autres grandes unités; deuxièmement, l'importance numérique croissante des éléments du Ministère de l'intérieur reste délicate à chiffrer.
Le nombre total de militaires et policiers russes participant aux opérations est estimé à plus de 100'000. Le nombre de systèmes d'armes n'est en revanche pas disponible avec précision. La Russie a toutefois admis avoir dépassé les limites prévues par le Traité sur les Forces conventionnelles en Europe pour ses unités présentes dans le Nord Caucase. Or le Traité prévoit les chiffres maximaux suivants: 1300 chars de combat, 2140 véhicules de combat d'infanterie et 1680 pièces d'artillerie de grand calibre.
Contre cet imposant adversaire, les Tchétchènes peuvent opposer un maximum de 18'000 soldats appartenant aux unités "régulières", constitués par le Gouvernement de la république indépendantiste, auxquels il convient d'ajouter jusqu'à 8000 militants islamistes, dont plusieurs centaines de nationalité étrangère. L'armement dont disposent ces combattants est impossible à estimer, aucune information précise n'existant à ce sujet, mais l'équipement lourd - véhicules de combat, pièces d'artillerie de fort calibre - reste marginal.
L'ordre de bataille des Forces armées russes doit ressembler à l'articulation suivante:
Commandement du Nord Caucase (colonel-général Viktor Kazantsev)
- Commandements Est et Ouest
- 1 division d'avions d'attaque au sol (90 SU-24)
- 1 division de chasseurs-bombardiers (100 SU-25T)
- 1 division de chasseurs (100 MiG-29)
- 1 régiment d'avions de reconnaissance (35 SU-24MR)
- 2 régiment d'hélicoptères de combat (60 Mi-24)
- 1 brigade de missiles sol-sol (Scud / Scarab)
Commandement Ouest (lieutenant-général Vladimir Shamanov, remplacé le 7.1.00 par le lieutenant-général Alexei Verbitjki)
- plusieurs éléments mobiles issus de la 58e armée (Ingouchie)
- 3e division de fusiliers motorisés (Nizhniy Novgorod)
- 9e division de fusiliers motorisés (Nord Caucase)
- 19e division de fusiliers motorisés (Nord Caucase)
- 7e division parachutiste (Novorossijsk)
- 21e brigade de fusiliers motorisés (Nord Caucase)
- 205e brigade de fusiliers motorisés (Budyonnovsk)
- des éléments du Ministère de l'intérieur, dont la 26e brigade (Vladikavkaz)
Commandement Est (lieutenant-général Guennadi Troshev, remplacé le 7.1.00 par le lieutenant-général Serguei Makarov)
- 5e division blindée Kantimirov (Moscou)
- 2e division de fusiliers motorisés (Moscou)
- 20e division de fusiliers motorisés (Volgograd)
- 136e brigade de fusiliers motorisés (Buynaksk)
- 32e brigade parachutiste (?)
- 136e brigade d'artillerie (Buynaksk)
- 22e brigade de Spetsnaz (Aksay)
- 1 bataillon parachutiste de la 76e division (Pskov)
- 1 bataillon d'infanterie de marine de la flotte du Pacifique (Vladivostok)
- 1 bataillon d'infanterie de marine de la flotte de la Baltique (Kaliningrad)
- 1 bataillon d'infanterie de marine de la flotte du Nord (Severomorsk)
- des éléments du Ministère de l'intérieur, dont la 102e brigade (Makhachkala)
Les leçons de la guerre de 1994-96
Pour les Forces armées russes, la guerre en Tchétchénie de 1994 à 1996 reste le souvenir d'un échec cuisant, et l'insistance des officiers généraux à "aller jusqu'au bout" durant les premiers mois de ce conflit en montre l'ampleur . De ce fait, certaines leçons de cette guerre pénible, sanctionnée par un accord de paix ne satisfaisant aucun des protagonistes, semblent avoir été retenues. Plusieurs différences majeures séparent en effet la marche sur Grozny de décembre 1994 de celle de septembre 1999:
- Les effectifs varient du simple au double (quelque 44'000 en 1994 contre 100'000+ en 1999) et correspondent au rapport de forces 5:1 qui caractérise l'offensive dans la doctrine militaire traditionnelle soviétique. Si la composition est apparemment semblable au niveau des armes (forte proportion d'unité mécanisées), elle ne l'est pas au niveau des troupes: l'absence de jeunes conscrits, alors qu'ils étaient nombreux en 1994, et le renfort d'unités extérieures au Nord Caucase et choisies en fonction de leur valeur rendent les "fronts" russes bien plus efficaces;
- Le déclenchement de l'offensive, survenu 2 mois et demi plus tôt dans l'année, a évité aux troupes fédérales la neige et la boue qui avait largement entravé leur mobilité en 1994, tout à mettant à rude épreuve une troupe sous-équipée, mal nourrie et mal payée. En 1999, les soldats participant à l'opération "antiterroriste" ne semblent pas dans une situation pareillement défavorable au niveau logistique, même si leur équipement technique n'a guère évolué;
- L'avance initiale des Russes s'est révélé beaucoup plus prudente et constraste avec les amères surprises de 1994, lorsqu'une faible résistance était attendue. Le 11 décembre 1994, trois colonnes fédérales entraient en Tchétchénie au nord, à l'est et à l'ouest; après 3 jours, les éléments situés à l'est et à l'ouest cessent d'avancer et engagent même des pourparlers de cessez-le-feu avec les rebelles. Au nord, les troupes fédérales mettent 8 jours pour arriver à 8 km de Grozny et 14 pour atteindre les faubourgs de la capitale, mais les raids tchétchènes sur leurs arrières sont fréquents et meurtriers;
- Les Russes ont appris certains aspects essentiels de la guerre de l'information: alors qu'en 1994 une presse nationale complètement libre faisait entrer dans les foyers russes des images de cadavres de soldats, de chars éventrés et de maisons détruites, en 1999, l'accès aux zones de combat est strictement contrôlé et les images qui en émanent ont pour double objectif d'affermir le soutien de l'opinion publique et de désamorcer les pressions internationales;
- L'attaque des rebelles tchétchènes au Daghestan et la série d'attentats sur sol russe ont d'ailleurs permis aux autorités de transformer une guerre de type impérialiste, avec en toile de fond les champs pétrolifères du Caucase, en une opération "antiterroriste" recevant l'appui de la population. Une "guerre juste" qui permet à la structure de commandement militaire supérieure de fonctionner de manière plus efficace, sans état d'âme.
Les tactiques des troupes fédérales en milieu ouvert et urbain
L'absence de correspondants de guerre indépendants et la rareté des informations officielles rendent délicate l'appréciation de l'action des troupes fédérales en Tchétchénie, dans un contexte qui continue de préfigurer nombre de conflits à venir. Sur la base des informations écrites et visuelles disponibles, plusieurs éléments tactiques peuvent néanmoins être mis en évidence concernant l'avance initale russe en territoire ouvert:
- Le matériel engagé correspond pour l'essentiel à celui dont l'Union Soviétique disposait à la fin des années 80: chars de combat T-72 et T-80, chars de grenadiers BMP-2 et BTR-80, obusiers D-30 et 2S3 (122 et 152 mm), lance-fusées multiples Uragan et Smerch (220 et 300 mm), hélicoptères Mi-8 et Mi-24. En d'autres termes, une armée "rouge" conventionnelle, dotée d'un équipement âgé de 20 à 30 ans et dont l'état doit être tout sauf optimal;
- Toutes les localités d'une certaine importance - à l'exception de Grozny - sont systématiques contournées, encerclées puis écrasées par l'artillerie, si des combattants rebelles semblent encore s'y trouver, de manière à éviter un affrontement direct en milieu urbain ou suburbain avec ces derniers, et donc des pertes nettement plus lourdes;
- L'action continue ou presque de l'artillerie russe, telle qu'elle est reportée par les médias, suppose un effet au moins autant psychologique que tactique, en l'absence d'objectifs rentables - équipement lourd, concentration de troupes - du côté tchétchène;
- La progression russe ne semble pas continue, de nombreuses images ayant montré depuis début octobre des soldats fédéraux creusant et fortifiant des positions. Une avance par à coups, en plusieurs phases (reconnaissance, feu direct et - surtout - indirect, progression, nettoyage et fortification) semble être la règle;
- La flotte assez importante des chasseurs-bombardiers et des hélicoptères de combat n'a pas pour but principal d'appuyer l'avance des troupes au sol, mais effectue soit des raids indépendants sur des objectifs stratégiques, soit de véritables "chasses aux rebelles".
Depuis le milieu du mois de décembre et une tentative avortée de prise "à l'esbrouffe", les troupes fédérales mènent le combat pour la ville de Grozny. Là encore, la volonté d'éviter l'échec initial cuisant de 1994 conduit le commandement russe à employer des tactiques différentes; mais le milieu urbain, qui reste un contexte particulièrement exigeant pour les opérations militaires et paramilitaires, souligne néanmoins crûment leurs limites:
- Les troupes engagées dans les combats à l'intérieur à Grozny sont principalement des unités spéciales SOBR et OMON du Ministère de l'intérieur, spécialisées dans les tâches policières, et les unités tchétchènes pro-russes - de constitution récente - dirigées par l'ancien maire de la ville Gantamirov. Or ces troupes de type paramilitaire doivent affronter des combattants rebelles expérimentés, convenablement équipés en armes légères, lance-roquettes et lance-mines, et utilisant parfaitement le terrain - notamment la 3e dimension propre au milieu urbain;
- La transposition de la tactique initiale russe (avancer, se replier au premier contact en faisant appel à l'artillerie) dans ce milieu urbain se révèle inefficace: le délai entre l'ordre et l'arrivée du feu permet aux snipers tchétchènes de faire mouvement, alors que sa précision incertaine met en péril les troupes amies - plusieurs cas de "friendly fire" ont été reportés;
- L'encerclement "complet" de la ville, annoncé le 4 décembre, n'empêche pas les combattants tchétchènes d'être approvisionnés en nourriture, armes et munitions suffisamment pour tenir en échec les efforts russes, alors même que les membres des troupes fédérales, en particulier celles du Ministère de l'intérieur, subissent le contrecoup moral de cet échec;
- L'engagement conjugué d'unités militaires disparates, de troupes du Ministère de l'intérieur et de tchétchènes pro-russes pose évidemment des problèmes considérables de coordination et de confiance, semblables à ceux de 1994-96;
- Enfin, l'équipement désuet des troupes fédérales empêche un véritable renouvellement tactique: le manque de viseurs nocturnes dans les unités de pointe laisse à l'adversaire l'initiative dès la tombée du jour; l'absence d'un système de conduite du feu approchant le "real time targetting" réduit l'efficacité du feu d'appui à l'échelon tactique supérieur; l'inexistence de moyens de surveillance électronique - détecteurs de mouvements, caméras infrarouge - amenuise considérablement la sûreté des troupes.
Les options stratégiques de la Russie
Depuis 1991 et sa déclaration d'indépendance unilatérale, la Tchétchénie constitue un chancre d'importance pour l'Etat russe. Le lancement d'une offensive d'envergure sous couvert d'une opération antiterroriste visant à établir une zone de sécurité, conjuguée aux pressions faites sur la Géorgie, montrent la volonté de Moscou de retrouver une prédominance complète sur la région du Caucase, de s'assurer le contrôle de ressources importantes et de tuer dans l'oeuf des vélléités d'indépendance liées au fondamentalisme musulman. L'intérêt des Etats-Unis pour ces mêmes ressources et l'attirance que l'OTAN exerce sur des ex-républiques soviétiques comme l'Ukraine, l'Azerbaïdjan ou la Géorgie, n'y sont probablement pas étrangers.
A cette fin hégémonique, la soumission de la république tchétchène devient une stricte obligation. Les moyens d'y parvenir restent cependant multiples, et trois options au moins, mutuellement non exclusives, semblaient se dessiner au début de la guerre:
- L'option militaire offensive, c'est-à-dire la conquête par la force de la majorité du territoire tchétchène: ses villes principales, et donc ses installations pétrolifères, et ses voies de communication, ne laissant aux rebelles qu'une "réserve" gardée dans les montagnes du sud. Avantages: un contrôle effectif sur l'appareil industriel et notamment le pipe-line qui traverse la république, un ascendant politique sur les Etats voisins et sur les membres de la CEI, une durée de campagne compatible avec l'opinion publique intérieure, et le désengagement possible d'une partie des Forces militaires. Désavantages: une confrontation incertaine avec les rebelles en milieu urbain et montagneux, une opération offensive sous la neige et dans la boue, une absence majeure d'élément de surprise, une forte probabilité de pertes difficiles à dissimuler, et l'assurance d'une importante pression internationale - si ce n'est de sanctions.
- L'option militaire territoriale, c'est-à-dire la conquête par la force des voies de communication, l'encerclement des villes majeures et l'établissement d'un cordon défensif dense autour des zones non contrôlées. Avantages: un contrôle important du territoire tchétchène et donc une position dominante dans d'éventuelles négociations, un ascendant politique sur les Etats voisins et sur les membres de la CEI, le maintien d'une certaine liberté d'action et une probabilité réduite de pertes importantes. Désavantages: l'engagement prolongé d'importantes forces militaires, un coût financier incompatible avec les exigences du FMI, une durée de campagne délicate pour l'opinion publique intérieure (spectre de l'Afghanistan) et l'assurance de certaines pressions internationales.
- L'option politique réaliste, c'est-à-dire la négociation avec le Gouvernement tchétchène et l'octroi de concessions territoriales (les districts au nord de la Terek) en échange du retrait des troupes. Avantages: l'achèvement rapide d'une campagne "victorieuse", l'obtention d'une position défensive majeure, la conservation d'une complète liberté d'action et la satisfaction de l'opinion publique intérieure comme extérieure. Désavantages: le désaccord d'une partie importante de l'armée, l'absence de contrôle sur l'industrie pétrolifère tchétchène et son pipe-line, ainsi qu'une certaine perte d'ascendant sur les membres de la CEI.
Sous la pression notable de l'appareil militaire russe, et peut-être en relation avec la démission de Boris Eltsine et l'agendement de l'élection présidentielle à mars 2000, c'est l'option militaire offensive qui a été retenue par la Russie. Ce qui frappe, toutefois, c'est la contradiction apparente entre la stratégie et la tactique russes ainsi que le caractère inexact - pour ne pas dire mensonger - de la plupart des déclarations des dirigeants politiques et militaires russes.
D'une part, la conquête par la force du territoire tchétchène place les troupes fédérales dans des régions en ruines, ravagées par l'aviation et l'artillerie, et dont la population terriblement éprouvée n'exprime que suspicion et haine à leur endroit; d'autre part, le sens particulièrement extensif donné à l'"opération antiterroriste", les réparties ronflantes du nationalisme russe et la désinformation du commandement supérieur ne peuvent éternellement bercer la population d'un pays qui, malgré toute sa fragilité intérieure, reste de nature essentiellement démocratique.
L'impasse semble donc régner sur le bourbier tchétchène, entre une grande puissance incapable de vaincre des rebelles évitant le choc frontal et une république séparatiste incapable d'obtenir les leviers politiques à même de repousser le rouleau compresseur adverse.
Plt Ludovic Monnerat
Sources
Stratfor, CDI's Russia Weekly, Radio Free Europe, The Voice Of Russia, Russia Today, The Moscow Times, POLIT.RU Daily News - Online, Venik's Aviation Page, Russian Weapons Catalog, articles Libération, Le Monde, Washington Post, CNN, dépêches d'agence AFP, AP et Reuters;
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