Avec sa puissance de feu et sa flexibilité, le lance-mines bitube AMOS est un atout fulgurant pour les formations terrestres modernes
27 mars 2001
Le spectaculaire développement des moyens de feu à trajectoire courbe, ces 15 dernières années, ne s'est pas limité à l'artillerie : au-delà de la mise au point de projectiles autodirecteurs pour les lance-mines de 81 ou 120 mm, les systèmes d'armes eux-mêmes ont évolué de manière drastique.
Le meilleur exemple peut sans doute être trouvé dans la mise au point de l'Advanced MOrtar System (AMOS), une tourelle lance-mines bitube de 120 mm pouvant être adaptée à la plupart des véhicules blindés actuels. Une arme puissante et flexible, parfaitement adaptée aux exigences du combat moderne.
Puissance, portée, mobilité et protection
C'est en 1994 que l'idée de ce système d'armes est née, à la suite d'un accord entre les nations scandinaves sur le développement d'un moyen d'appui répondant aux besoins de leurs Forces armées. Oeuvre conjointe du finlandais Vammas pour le système de tir et du suédois Hägglunds pour la tourelle, réunis par la suite dans le holding Patria lui-même racheté par le britannique Alvis, le projet AMOS a fait l'objet de premiers tests en 1995, afin de valider le concept de lance-mines sur tourelle.
Un important travail d'étude et de développement réalisé pendant cette période a permis de cerner 4 exigences fondamentales :
- La puissance de feu, nécessitant une tourelle bitube ;
- La portée accrue, par le biais de tubes longs de 3 mètres ;
- La mobilité, grâce à un châssis blindé de 15 à 20 tonnes ;
- La protection, et donc un chargement dans le sens du feu.
Le concept final a par ailleurs été rendu hautement modulaire, en permettant au système d'armes d'être adapté à la plupart des châssis à roues ou à chenilles existants. Les premiers essais opérationnels complets ont commencé à la fin de 1996.
Feu : 24 coups à la minute
Le système AMOS n'a dès lors pas tardé à susciter l'intérêt de nombreuses Forces armées. Monté initialement sur les châssis du CV-90 et du véhicule blindé à roues XA-185, l'AMOS est en effet unique en son genre : la tourelle, pesant 3300 kg, peut tourner à 360° et possède une amplitude d'élévation de –5° à +85° ; elle accepte toutes les munitions de 120 mm à tir indirect existantes, notamment le projectile à sous-munitions Strix. La portée maximale atteint 10 km, mais pourra s'allonger à 15 km avec des obus spécialement développés dans cette perspective.
La puissance de feu est sans équivalent dans cette catégorie : capable de faire feu 30 secondes après l'arrêt du mouvement, l'AMOS peut tirer 24 coups à la minute grâce à son chargeur semi-automatique, dont 6 coups dans les 10 premières secondes. Son calculateur de tir détermine automatiquement l'inclinaison des tubes et les charges utilisées, et peut en outre faire varier les trajectoires pour assurer l'impact quasi-simultané de toute la salve. Les 4 membres d'équipage (pilote, commandant, chargeur et canonnier), qui disposent d'une dotation de 66 coups sur le XA-185, peuvent enfin faire mouvement quelques secondes après la fin du tir.
Capacité de tir direct
Mais l'AMOS est bien plus qu'un obusier de poche moderne couplé à un système de positionnement et de navigation informatisé. Dès le départ, il a été conçu pour offrir une capacité de tir direct, grâce à l'intégration d'un dispositif de visée comprenant un télémètre laser, et à la possibilité de faire feu même avec une basse élévation des tubes. Pour l'heure, seuls des obus de 120 mm traditionnels peuvent être tirés avec une trajectoire tendue, mais le développement de projectiles antichars n'est pas exclu.
Du coup, un véhicule blindé équipé d'une tourelle AMOS devient un moyen de combat extrêmement flexible, capacité de fournir rapidement un feu indirect dévastateur même pour des buts blindés, mais également d'appuyer des formations terrestres ou de se prémunir contre certaines surprises par un feu direct efficace. Grâce à l'élévation maximale de ses tubes, l'AMOS comble par ailleurs l'une des faiblesses majeures des véhicules blindés habituels dans le combat en zone urbaine, à savoir l'incapacité à frapper des buts surélevés, ce qui en fait un outil redoutable dans ce contexte.
L'AMOS pour la Suisse ?
Ces qualités uniques expliquent l'attention suscitée par le système AMOS lors de ses différentes présentations. Les Forces armées finlandaises ont ainsi commandé plusieurs exemplaires, montés sur le véhicule blindé à roues Patria XA-203, en vue d'équiper ses brigades de réaction rapide prévues pour être opérationnelles vers 2005-2006. Le premier véhicule a été livré le 2 octobre 2000 et subira des tests intensifs durant toute l'année. Nul doute que le résultat de ces essais sera largement étudié.
En effet, le remplacement des premiers véhicules blindés équipés de lance-mines et datant des années 60 est à l'ordre du jour dans de nombreuses Forces armées. C'est également le cas en Suisse, où les chars lance-mines 63 à base de M-113 sont clairement en fin de vie. Les planifications des acquisitions mentionnent ainsi l'achat possible de tourelles AMOS sur des châssis CV-90, dont 186 exemplaires feront partie de l'inventaire helvétique dans quelques années.
Un atout essentiel pour l'infanterie
Mais c'est probablement pour l'infanterie que le lance-mines AMOS répond au besoin le plus urgent. Les moyens de feu indirect des bataillons d'infanterie mobile – lance-mines de 81 et 120 mm tractés – sont en effet aujourd'hui déjà complètement insuffisants dans le combat moderne, en termes à la fois de rapidité d'ouverture du feu et de survivabilité aux feux de contre-batterie. De plus, la capacité de tir direct offerte par l'AMOS fournirait à l'infanterie une puissance de feu qui, dans le combat au milieu urbain, lui fait pour l'heure complètement défaut.
Dans la défense active et mobile préconisée par l'avant-projet du Plan directeur de l'Armée XXI, l'infanterie continuera à porter l'essentiel du poids du combat défensif, en ralentissant et canalisant les formations adverses. Offrant une grande flexibilité tactique, conjuguée à une puissance de feu par pièce presque équivalente à celle d'une section complète de 120 mm, le système AMOS constituerait dans cette perspective un atout de premier ordre.
Cap Ludovic Monnerat
Sources
Documentation Alvis, Patria, Hägglunds sur Army Technology; revue Armada International, numéro 6/00
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