18 octobre 1999
Du 21 juin au 16 juillet, le bataillon de fusiliers 22 a franchi le premier cap de la reconversion à l'infanterie mécanisée. En quatre brèves et intenses semaines, les Jurassiens ont adopté avec fierté et compétence leur nouvelle monture, le char de grenadiers à roues 93 Piranha. Ce qui a nécessité une abnégation et un engagement dignes d'éloges. Retour en texte et en image sur cette reconversion réussie.
Les nouveaux commandants
Par définition, un tel cours comporte de nombreuses nouveautés. Mais l'une d'entre elles est extérieure à l'instruction: afin notamment de passer le cap de la mécanisation dans les meilleures conditions, c'est-à-dire sans changer de chefs durant les deux cours de reconversion, de nouveaux commandants ont été nommés; soit, dans l'ordre, le major Pierre Jotterand comme commandant de bataillon, le capitaine François Valley en tant que commandant en second, le premier-lieutenant Fabien Kupferschmid comme commandant de la cp EM et le soussigné à la tête des cp fus méc I et II, fusionnées à l'occasion des deux cours.
Il est à noter toutefois que le lieutenant Frédéric Scheurer prendra le commandement de la cp II à leur issue, et que le lieutenant Jean-Luc Tinguely prendra celui de la cp ld IV dès l'an prochain.
La base de la mécanisation
L'effort principal du cours, naturellement, était constitué par la base de la mécanisation: d'une part, pour les équipages, la formation des conducteurs de chars gren roues 93 et des tireurs mitr 12,7 mm, achevée en 2 semaines et demi grâce à l'encadrement professionnel fourni par le commandement des Ecoles et Cours inf méc de Bière, à la tête duquel on trouve le colonel EMG Michel Chabloz, et également grâce à la qualité des infrastructures destinées à l'instruction, en particulier les simulateurs et ordinateurs.
Pour le reste des cadres et soldats, d'autre part, le point fort n'était autre que l'apprentissage des comportements standards au niveau groupe, section et compagnie: les préparatifs à l'engagement (extraction complète du matériel des chars, contrôle et embarquement), la halte gardée, le départ d'un emplacement, le mouvement et les déviations, ainsi que le secteur d'attente. Pratiquée dans un premier temps à l'aide du Duros, l'instruction dans le terrain a pu se faire avec les chars dès le jeudi de la 2e semaine - les équipages entrant en service le lundi du CC.
Au niveau de l'état-major, par ailleurs, il va de soi que la mécanisation change notablement son activité. Elément de réserve du régiment, le bat fus méc doit en effet planifier au moins 3 à 4 engagements différents, avec 3 variantes pour chacun d'entre eux. Plusieurs exercices d'état-major ont ainsi été joués avec les commandants d'unités, dans les chars de commandement ou en salle d'instruction transmissions, afin d'entraîner à la fois la prise de décision, la donnée d'ordres et la conduite radio.
Radios SE-235 et NTTC
Les autres efforts majeurs de l'instruction en terme d'introduction étaient au nombre de deux. Premièrement, les émetteurs-récepteurs SE-235, que le bat fus méc 22 a été la première troupe a toucher de manière complète - en version portable et installée dans des chars par conséquent flambant neufs. Sans entrer dans des détails que nous traitons dans un article consacré à la SE-235, soulignons ici que la mise en service de ces appareils ultramodernes et performants fait franchir un pas de géant à l'efficacité globale des transmissions.
Ce d'autant plus que l'infanterie mécanisée utilise désormais de manière standardisée les liaisons radio jusqu'au niveau groupe, les futures stations SE-135 devant pour l'heure être simulées par des SE-235. Le bat fus méc compte donc 149 stations radio: 65 SE-235 sur char ou véhicule, 18 SE-235 portables, 54 SE-135 et 12 SE-125. Cette densité supérieure sera encore accrue par l'introduction prévue en 2001 de 4 stations, sur les 2 chars de commandement de l'état-major de bataillon, notamment afin de permettre une connexion INTAFF
Deuxièmement, la nouvelle technique de tir de combat (NTTC) au fusil d'assaut 90. Malgré l'absence d'encadrement spécifique et le manque de temps disponible, la NTTC a pu être introduite avec succès chez les fusiliers mécanisés. Rappelons que cette technique, issue de la méthode Taylor et qui met l'armée suisse à la pointe de la maîtrise de l'arme individuelle, est obligatoire pour les troupes de combat depuis 1998 et pour toutes les troupes depuis cette année. Même si le rythme bisannuel des cours rend délicate cette introduction, l'efficacité de la NTTC et la sécurité supplémentaire qu'elle apporte la rendent inestimable au niveau 1 déjà.
Autre nouveauté, les intensificateurs de lumière résiduelle 95 et le pointeur laser pour fusil d'assaut. Difficiles à engager en plein été en raison de la longueur des journées, ces équipements ultra-performants ont littéralement enthousiasmé les cadres et la troupe, même si des tirs à munitions réelles se sont avérés impossibles en raison de l'heure avancée de l'instruction.
La dernière nouveauté majeure du cours était celle du téléphone de campagne 96 pour la compagnie lance-mines. Contrairement à certaines rumeurs, cet appareil tout aussi moderne est remarquablement adapté à sa tâche et supporte bien l'engagement dans le terrain.
Effectifs insuffisants
Comme une bonne part des bataillons d'infanterie, le 22e mécanisé souffre d'un chronique manque d'effectifs, puisque ceux-ci s'élevaient à peine au-delà du 50% des 684 militaires que compte un bataillon de fusiliers mécanisés selon OCTF. La fusion des cp I et II a permis en quelque sorte à limiter les dégâts, et d'avoir au moins une compagnie de combat complète au niveau des éléments essentiels durant le cours, autrement les équipages et les cadres. Le problème récurrent du manque d'effectifs devient toutefois alarmant, dans la mesure où le recrutement compense le tiers environ des diminutions.
Parfaitement au fait de la question, le commandant de la division de campagne 2, le divisionnaire Jaccard, a toutefois promis de régler le problème pour le second cours de reconversion, qui se déroulera du 8 janvier au 9 février 2001 sur la place d'armes de Bure. Etant donné que les soldats ne peuvent être créés ex nihilo et que la réforme Armée Suisse XXI va nettement diminuer les effectifs, il est certain que certains corps de troupe devront purement et simplement être dissous.
Avenir prometteur
Cette question réglée, le futur du bat fus méc 22 s'annonce prometteur. En effet, le cours de reconversion I s'est déroulé à l'entière satisfaction à la fois de l'encadrement professionnel et des cadres du bataillon, les objectifs d'instruction au niveau inf méc ayant été atteints avec les honneurs. Les cadres des unités ont travaillé d'arrache-pied pour apprendre et enseigner des concepts et techniques complètement nouveaux, avec une abnégation remarquable.
Du côté des soldats, même si l'ampleur et la durée du travail étaient considérables - deux exercices de nuit et deux soirées de travail en moyenne par semaine pour la cp fus, par exemple -, cela n'a guère entamé la bonne humeur et l'enthousiasme dont savent faire preuve les Jurassiens. Et encore moins leur intérêt et leur motivation pour un système d'armes, des techniques et des équipements qui les ont fait passer en quelques semaines d'une infanterie surannée à une unité moderne, flexible, mobile et blindée.
Plt Ludovic Monnerat
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