Lors de son premier cours de reconversion, en novembre et décembre 1996 à Bière, le bat fus méc 19 a franchi le cap de la mécanisation. L'instruction de la section d'exploration de la cp EM fus méc 19 a été prise en charge par un instructeur, l'adj sof Frutschi. Les conclusions tirées de ces premiers pas dans l'exploration mécanisée d'infanterie ont fait l'objet d'un rapport, qui soulignait de manière éloquente l'inadaptation des moyens dont la sct expl est dotée.

Les propositions de ce rapport avaient trait à l'adoption d'un véhicule d'exploration blindé (vhc expl 93 Eagle), de matériel de camouflage plus performant, de caches et po obs préparés à l'avance et d'un équipement individuel complètement différent. Le but était de faciliter l'évolution dans le terrain de l'explorateur mécanisé débarqué et d'augmenter sa capacité d'observation comme de protection.

Durant l'année 1997 a été rédigé un second règlement sur l'infanterie mécanisée, "Le bataillon de fusiliers mécanisé et ses compagnies" (53.16), lequel remplace le premier règlement 53.4X. Dans les nouveautés et compléments introduits avec ce règlement figure une définition plus précise des missions de l'exploration du bat fus méc. Elles sont au nombre de quatre:

Ces missions multiples, complexes et exigeantes, permettent de même une définition plus précise des besoins en équipement et en instruction de l'exploration dans l'infanterie mécanisée. Cette dernière, si elle partage de très nombreux éléments avec l'exploration telle qu'elle est instruite dans les Troupes Mécanisées et Légères (cf. règlement 54.20), comporte en effet certaines spécificités, liées tant à l'éventail des missions du bat fus méc qu'aux capacités du char de grenadiers à roues 93.

De la sorte peut-on définir les caractéristiques suivantes:

Au vu de ces exigences, le matériel mis à disposition actuellement des explorateurs - dits légers - de l'infanterie est nettement insuffisant.

Durant le cours de reconversion II du bat fus méc 19, en août 1998, les infrastructures mises à disposition sur la place d'armes de Bure, la collaboration avec d'autres troupes et les exercices menés dans le cadre du bataillon ont permis de tester plusieurs adaptations.

Au niveau de l'équipement, un pas important a été franchi avec la concrétisation d'un concept de véhicule d'exploration - le vhc expl L 98 - à base de voit tt Puch et sa mise en œuvre pratique durant plusieurs exercices; leurs conclusions fournissent l'essentiel de ce rapport.

Par ailleurs, l'introduction de l'intensificateur de lumière résiduelle 95 (ILR 95) permet enfin aux explorateurs d'accomplir leur mission de manière optimale de nuit. Enfin, grâce à l'appui de l'Ecole d'Officiers des Troupes Mécanisées et Légères, le vhc expl 93 Eagle a également pu être évalué par la section expl.

Au niveau de l'instruction, en revanche, le temps a manqué pour l'entraînement aux comportements standards d'exploration mécanisée utilisés dans les TML. De même, le mouvement bataillonnaire de l'exercice "FINALE" a démontré les faiblesses actuelles dans l'instruction des explorateurs et le travail de reconversion qui reste à fournir pour s'adapter aux capacités, il est vrai uniques en terme de mobilité, du char de grenadiers à roues 93 Piranha.

Les nombreux développements et améliorations apportés au vhc Puch ont permis de créer le véhicule d'exploration léger 98. Ses caractéristiques sont les suivantes:

Le matériel nécessaire à la transformation de la voit tt Puch est en dotation standard au sein des bat fus méc. Il s'agit de:

En principe, les vhc expl L 98 se déploient par paires et forment ainsi une patrouille d'exploration mécanisée. Pilote et radio sont interchangeables. L'équipement personnel de tous les expl méc est standard, avec 3 intensificateurs de lumière résiduelle (ILR 95) par groupe.

La préparation complète du vhc expl L 98, effectuée une fois au début du cours, prend moins de 2 heures à un groupe d'exploration. Après l'engagement du vhc, il convient de le parquer en un lieu couvert et sous clé, particulièrement en ce qui concerne le WBG, les ILR et le SVZ-B.

Le débâchage du vhc, avec dévissage des deux arceaux additionnels, et le montage de la station radio SE-227 principale, avec amplificateur et antenne, n'appellent aucun commentaire particulier, si ce n'est que la 227 doit être tournée vers l'arrière - là où se tient le radio.

La fixation de l'appareil à imagerie thermique WBG 90, à gauche du vhc, se fait en rabattant les sièges et en déployant le trépied de l'appareil; il s'agit ensuite de fixer solidement deux pieds au grillage du vhc, à l'aide de bandes de ligatures, et le troisième aux sièges rabattus.

Le sac de transport complet du WBG fait également partie de l'équipement: il est placé à droite du trépied, sous la SE-227 principale, et doit être fixé au vhc. De la sorte, le WBG peut rapidement être placé dans un endroit sûr avant une progression rapide en terrain difficile.

La station radio SE-227 auxiliaire constitue la base du système de communication interne du vhc expl L 98; ce système est rendu nécessaire par le bruit que produisent le vent et le moteur lors du mouvement.

La radio est fixée au grillage, à droite, avec les sangles du cacolet et est munie de l'atténuateur d'émission fermement posé. Par le biais de quatre câbles Y, trois garnitures Racal sont reliées. La fréquence de la radio auxiliaire est la même que celle de la station principale, afin que le radio - branché au SVZ-B - puisse entendre le réseau interne.

Les autres aménagements sont au nombre de trois: la fixation des sacs dorsaux de cbt 90 à l'extérieur du vhc, par le biais de sangles et de bungies, l'emballage des arceaux avec du carton et des toiles de rebuts pour la sécurité de l'équipage, et la pose d'un camouflage thermique primaire, sous la forme de toiles de rebuts préassemblées et pouvant être rapidement déroulées.

L'exploration exige des hommes comme de l'équipement flexibilité et performance. Raison pour laquelle le vhc expl L 98 répond à trois modes d'engagement.

Un aperçu des moyens de l'exploration mécanisée ne peut évidemment faire l'économie du vhc expl 93 Eagle, employé dans les TML. Pour ses caractéristiques et son engagement, on se reportera au règlement tactique 54.20 ("Explorateurs des Troupes mécanisées et légères") et aux règlements techniques correspondants.

Les exercices, nombreux et divers, ont pour leur part permis d'évaluer précisément les moyens et l'instruction de l'exploration mécanisée. Grâce aux instructeurs de l'Ecole d'officiers des Troupes mécanisées et légères, la sct expl méc a pu participer à un exercice de 24 heures avec les aspirants expl méc et L, alors présents sur la place d'armes de Bure. Dans le cadre de la cp EM, les exercices "COMBI DUE" et "FINALE UNO" ont permis de tester la sct expl méc, sans pression de temps, dans ses missions standards, alors que les exercices de cp renforcée dans le cadre du bataillon ont également vu l'engagement des expl méc. Enfin, le mouvement bataillonnaire "FINALE", avec déchargement du train à Faoug et mouvement sur les places mob dans le secteur Cortaillod-Colombier, a exercé à échelle 1:1 l'exploration du fuseau de marche.

De manière globale, l'efficacité de la sct expl méc peut être qualifiée de bonne. D'une part, cadres et soldats - pour la plupart issus d'une sélection effectuée en 1996 - font preuve d'une grande motivation pour leur mission et cultivent un esprit exclusif très positif sur leur engagement; d'autre part, les nouveaux moyens introduits - ILR 95, vhc expl L 98 - ont fait preuve de qualités certaines.

Ainsi, les missions assignées aux expl méc sans pression de temps - reconnaissance de fuseau de marche et de secteur d'attente, notamment - ont abouti à des résultats tout à fait conformes aux besoins du bataillon. En revanche, lors du mouvement routier de "FINALE", des déficits en moyens de liaison et en instruction ont amené les expl méc à ne remplir que 50% de leur mission (perte d'un gr expl sur un axe).

L'engagement du vhc expl L 98, hormis la question de l'armement et des transmissions, a démontré les qualités et les défauts de tout véhicule d'exploration à "l'air libre": grande capacité d'observation terrestre et aérienne, mais absence de protection pour l'équipage.

Le vhc expl 93 représente un compromis délicat entre blindage, protection et capacité d'observation: l'expérience pratique démontre qu'il est loin de constituer une solution idéale.

Les qualités optiques de l'appareil à imagerie thermique (WBG 90) ne sont plus à vanter. Son emploi sur le vhc expl L 98 s'est révélé très performant et convient parfaitement à la progression en situation peu claire: le balayage possible couvre 180° et la position surélevée de l'appareil permet d'exploiter des positions à "défilement" où le vhc reste à couvert.

Dans l'exploration débarquée, en revanche, le poids et l'encombrement du WBG 90 s'avèrent nettement excessifs et entravent considérablement la mobilité des expl méc.

Par ailleurs, il est indéniable que l'instruction à l'identification des blindés omet presque totalement les signatures thermiques.

L'introduction de l'intensificateur de lumière résiduelle (ILR 95) doit être qualifiée de totalement positive. La qualité optique remarquable des trois modèles et la souplesse d'emploi qu'offre cette gamme fournissent aux expl méc une capacité de mouvement et d'observation nocturne sans précédent.

Si le monoculaire 1x n'est pas d'une grande utilité, l'ILR lunettes 1x permet au cdt du vhc et au pilote - moyennant un réglage très précis du système de fixation - de faire mouvement de nuit avec discrétion et sécurité. Le binoculaire 3x, enfin, constitue un excellent appareil d'observation et s'est avéré tout aussi indispensable.

Le cours de reconversion II du bat fus méc 19 a permis, sur le plan de l'exploration mécanisée, de fournir des enseignements utiles et des solutions acceptables pour l'avenir. Avec la définition précise des missions de l'exploration, l'introduction de nouveaux moyens et l'expérience du mouvement au niveau bataillonnaire, des conclusions sans appel peuvent aujourd'hui être tirées: