Pour préparer sa prochaine réforme, l'Armée engage 100 cadres de milice comme soldats contractuels
15 mai 1999
A partir du 1er juin prochain et pour la durée des écoles de recrues d'été 99, les Forces terrestres et les Forces aériennes engagent 100 cadres de milice comme soldats contractuels.
L'objectif est double: remédier d'une part à la pénurie de cadres l'été, et procéder à un essai pilote dans le cadre du projet Armée XXI.
Le profil des candidats
Pratiqué depuis plusieurs années dans d'autres Forces armées, comme en Allemagne ou en Autriche, le système du "Zeitsoldat" - ou soldat contractuel - constitue un facteur de souplesse entre les composantes professionnelles et la réserve. En Suisse, les candidats à un tel engagement doivent pour l'heure correspondre au profil suivant: avoir effectué leur service pratique en tant que commandant d'unité, quartier-maître, chef de section, sergent-major, fourrier, chef de groupe ou chef de cuisine, et être disposé à en effectuer un second sous un contrat de travail de droit public.
Les contrats, portant sur une période de 3 à 6 mois éventuellement renouvelable, prévoient des salaires annuels bruts atteignant 58'500 francs pour un commandant d'unité, 55'900 pour un chef de section, 52'000 pour un sergent-major ou un fourrier et 45'500 francs pour un caporal. Le logement et la subsistance s'ajoutent à cette rétribution, alors que le soldat contractuel bénéficie de l'assurance militaire. L'horaire de travail correspond aux besoins du service et l'engagé a droit à des vacances. Enfin, ce service n'entraîne bien entendu aucun jour imputable.
Pallier le manque de cadres
Cet engagement rétribué de cadres de milice n'est en soi pas une nouveauté: les commandants d'école avaient déjà la possibilité de procéder à des engagements d'instructeurs "extraordinaires" payés à l'indemnité, une formule utile à ceux désirant approfondir leurs connaissances militaires et éprouver leur intérêt pour la profession d'instructeur. Ce contingent de 100 soldats contractuels dans les écoles de recrues vise toutefois plus spécifiquement à remédier au manque chronique de cadres l'été.
Le déséquilibre des effectifs - 70% de recrues en été contre 30% en hiver - a en effet d'importantes conséquences: alors qu'il n'est pas rare dans les écoles d'hiver d'atteindre une proportion d'un cadre pour deux recrues, cette proportion dépasse parfois un sur dix en été. Et comme la plupart des candidats à l'avancement effectuent leurs services à la suite, le déséquilibre s'inverse à chaque école et ainsi se reproduit d'année en année. Naturellement, 100 cadres supplémentaires se résolvent pas complètement le problème. Mais leur engagement a également - et surtout - pour objectif de faire une expérience dans le cadre du projet Armée XXI.
Essai pilote pour l'Armée XXI
A l'heure actuelle, toutes les options structurelles et organisationnelles de l'Armée XXI sont encore ouvertes. L'une des variantes, pour l'organisation de l'instruction, consiste justement à permettre aux militaires de milice (officiers, sous-officiers et soldats) d'être engagés sous contrat pour une période limitée, afin d'assurer l'instruction de base des soldats. Cet essai pilote devrait donc permettre d'apporter des enseignements intéressants.
La durée de tels engagements correspond à peu près aux périodes de service pratique qu'accomplissent aujourd'hui les cadres de milice, ce qui constitue pour ceux-ci une alternative intéressante lors de pauses entre les services, pendant les vacances universitaires ou encore en situation de chômage. Mais il ne s'agit que d'un premier pas.
Contrats de plusieurs années
Une autre option du projet Armée XXI, selon des informations divulguées fin avril par la Sonntagszeitung et Le Temps, considère en effet la création d'un corps de 1000 soldats professionnels. Or ces militaires pourraient être des engagés de longue durée, signant un contrat portant sur plusieurs années; ce qui permettrait un renouvellement efficace des effectifs, en pose toutefois le problème de la réintégration au monde du travail à la fin de l'engagement.
Une solution pourrait consister à adopter le modèle autrichien du "Zeitsoldat": donner à l'engagé une formation professionnelle civile, dont les frais sont couverts par l’armée, en vue de la réinsertion future de l’engagé dans le cadre même de son futur emploi. Plus de 200 entrepreneurs de toutes les branches, représentant 4000 filiales, collaborent ainsi avec le Bundesministerium pour accueillir des engagés et commencer leur formation "on the job" de six à douze mois avant la fin de leur service.
Quoi qu'il en soit, l'initiative des soldats contractuels - qui illustre une volonté d'être plus souple dans le management des militaires professionnels - va incontestablement dans une direction prometteuse.
Plt Ludovic Monnerat
Sources
Communiqué de presse du DDPS, articles Sonntagszeitung et Le Temps
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