Avec l'introduction du Diazepam et l'entrée en vigueur de nouvelles directives, le service de protection AC évolue en 1999
17 janvier 1999
L'aptitude à répondre aux menaces de type ABC (atomique, biologique et chimique) de notre armée s'est considérablement accrue durant la décennie, avec l'introduction du masque de protection ABC 90 et la tenue de protection individuelle C 90, tous deux hautement performants.
En 1999, l'introduction d'une médication supplémentaire - le Diazepam - et la clarification des conditions de port du matériel de protection ABC complètent cette évolution.
Diazepam: la quatrième seringue
La première nouveauté est donc l'introduction d'une quatrième seringue, contenant du Diazepam. Cette médication complète les trois seringues de Combopen et les comprimés de Pyridostigmine dans la lutte contre les intoxications par des chimiques de combat nervins. Alors que la Pyridostigmine est prise de manière préventive, le Diazepam se prend immédiatement après la première injection de Combopen, c'est-à-dire lorsque apparaissent les symptômes d'intoxication - troubles de la vue, sécrétions nasales, salivation abondante et difficultés respiratoires.
L'effet du Combopen, on le sait, est de protéger les cellules nerveuses de l'individu contre les effets surexcitants et convulsifs des nervins. Le Diazepam, qui s'applique sur l'autre jambe, complète le Combopen par un effet calmant, limite les crampes - voire les risques d'arrêt cardiaque - et améliore encore les chances de survie. La seringue contient 10 mg de Diazepam dans une solution de 2 ml, et se distingue de celle de Combopen par un marquage avec une étiquette bleue et un trait fluorescent - comme le précise la nouvelle édition du règlement 52.161/II ("Matériel personnel de protection ABC").
Diazepam = Valium
Le Diazepam n'est pas une médication inconnue: il s'agit du nom générique du Valium. Faisant partie de la famille des benzodiazépines, il a une activité pharmacodynamique de type myorelaxante, anxiolytique, sédative, hypnotique, anticonvulsivante et amnésiante; dans les traitements conventionnels, on l'utilise essentiellement contre l'anxiété et les crises d'angoisse à des doses quotidiennes oscillant entre 5 et 15 mg, voire 40 mg en psychiatrie, par adulte.
L'utilisation militaire, qui diffère par l'injection intraveineuse au lieu de l'ingestion orale, interdit de ce fait l'administration de plus d'une seringue par individu. Au-delà, des effets secondaires indésirables - sommeil profond allant jusqu'au coma, léthargie, hypotension - peuvent apparaître.
Une solution tout de même compliquée
L'efficacité de la médication individuelle du soldat suisse est donc plus élevée que jamais. Reste toutefois la question de son application: en cas d'intoxication par des nervins, avec l'apparition des symptômes incapacitants et du stress engendré, un soldat a-t-il la présence d'esprit de s'appliquer une seringue de Combopen sur une jambe, d'attendre 10 secondes, puis de répéter la même opération sur l'autre jambe avec le Diazepam? Seule une instruction particulièrement poussée permet de répondre par l'affirmative.
Au laboratoire AC de Spiez, on concède que certaines armées étrangères combinent le Combopen et le Diazepam en une seule et même seringue; cette solution semble toutefois devoir être abandonnée, notamment pour des questions de quantité - on rappelle que, dans notre armée, chaque soldat est instruit à s'injecter au besoin ses 2e et 3e seringues de Combopen chacune dans un délai supplémentaire de 5 à 10 minutes.
Les Combopen liquidées dès 2002-2003
La solution helvétique s'explique également par le fait que les seringues de Combopen ont une durée de vie limitée: achetées dans de grandes quantités à partir de 1985, dans la perspective d'une armée de 650'000 hommes, ces seringues perdront leur effet et devront être liquidées à partir de 2002-2003, à raison d'environ 800'000 seringues par an.
C'est d'ailleurs ce qui explique le fait que la Suisse a pu mettre à disposition de l'Etat d'Israël, dès février 1998, 300'000 seringues de Combopen. De fait, afin de maintenir à son niveau actuel l'état de préparation de l'armée, une solution devra être trouvée à partir de 2005 - c'est-à-dire dans le cadre de l'Armée XXI.
Nouvelles dispositions au sujet du matériel personnel
L'autre nouveauté dans le domaine du SPAC pour 1999, c'est l'entrée en vigueur de nouvelles directives sur le port du matériel personnel de protection ABC. Signées par le chef des Forces terrestres, le commandant de corps Dousse, ces directives sont en fait identiques à celles appliquées dès 1998 dans les troupes de combat par le divisionnaire Weber.
Afin de mettre un terme aux incertitudes quant au moment et à quelle occasion la troupe doit porter sur soi le MP ou le matériel de protection ABC complet, ces directives donnent clairement à chaque commandant la compétence de décision. Dans les écoles, dès la 4e semaine, la troupe doit toutefois porter au moins une fois par semaine son matériel ABC complet, et systématiquement durant chaque instruction en formation et durant tout l'exercice d'endurance.
La poche amovible pour tous
Ces directives, si elles ont le mérite de la clarification, entraînent toutefois le risque que l'AC soit complètement mis de côté durant les cours, tant la pression sur les cadres et la densité des matières à instruire sont élevées, et que l'on revienne à une situation déjà vécue dans les années 70.
L'application de ces directives a par ailleurs pour effet que l'utilisation des poches MP amovibles, c'est-à-dire pouvant être détachées du harnais de base en quelques secondes (sans devoir enlever une poche à munitions frontale), déjà disponibles dans les formations mécanisées, va se généraliser à toutes les troupes. Relevons à ce sujet que des essais comprenant 4 poches différentes, plus efficaces que la version amovible actuelle, ont ainsi eu lieu en 1998, notamment à l'ER inf méc 1 de Bière.
Plt Ludovic Monnerat
Sources
Réglement 52.161/II, Laboratoire AC de Spiez, Pharmacie de l'Armée
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