^{22 novembre 1998}

Le 20 novembre, le Groupement de l'armement du Département fédéral de Défense a signé avec le consortium formé par Raytheon et Thomson un contrat d'une valeur de 393 millions de francs, portant sur les phases II et III du programme FLORAKO.

Inscrit au programme d'armement 1998, le nouveau système militaire de surveillance de l'espace aérien fait l'objet d'un budget de 489 millions; il sera introduit progressivement entre 2001 et 2004.

Un consortium technico-politique

Rappelons que ce programme entraîne le remplacement complet du système FLORIDA, qui depuis trente ans assure la sécurité de notre espace aérien, et notamment la coordination entre l'aviation civile et l'aviation militaire. Conçu par la société américaine Hughes, FLORIDA devenait en effet techniquement par trop dépassé et incapable de subir l'augmentation du trafic aérien civil.

Dans un premier temps, le Groupement de l'armement a reçu deux offres concurrentielles, émises par Hughes (faisant depuis partie du groupe Raytheon) et Thomson-CSF. Après une étude minutieuse des propositions, et plusieurs tiraillements politiques auxquels la question des fonds en déshérence et la collaboration franco-suisse pour le contrôle aérien n'ont pas été étrangères, un compromis avantageux a été trouvé: l'adjudication à un consortium franco-américain rassemblant le meilleur des deux offres.

Architecture US, radars français

Ainsi, Raytheon Systems Company s'est vu confier la responsabilité de l'architecture globale et de l'intégration du système, et fournira de nouveaux matériels et logiciels pour les centres de contrôle et de conduite, pour les systèmes de transmission de données ou de son, et pour la cellule de surveillance de l'espace aérien. Siemens Suisse fonctionnera comme sous-traitant pour ces trois derniers éléments.

Pour sa part, Thomson-CSF produira de nouveaux radars de surveillance primaires et secondaires, de nouveaux logiciels ad hoc et intégrera les stations radars mobiles TAFLIR (Taktisches Flieger Radar) existantes; Oerlikon-Contraves sera son partenaire sous-traitant pour le développement logiciel, l'intégration des TAFLIR et la modification des radars existants.

FLORAKO: unité civile et militaire

Car FLORAKO, pour l'essentiel, sera installé dans les sites actuels de FLORIDA et bénéficiera des ouvrages afférents. Il effectuera des tâches semblables: surveillance de l'espace aérien, sécurité aérienne militaire, alerte lointaine et conduite de l'engagement. Mais il le fera en pleine collaboration avec les systèmes civils: Swisscontrol modernisant de concert ses installations (système Adapt), FLORAKO pourra fournir à partir de données civiles et militaires une situation aérienne commune - sauf informations classifiées. Avec, à la clef, l'amélioration de la sécurité dans notre espace aérien et l'augmentation de la capacité du ciel helvétique.

FLORAKO sera bien sûr en mesure de répondre à des besoins spécifiquement militaires: que ce soit au niveau du repérage, de la poursuite et de l'identification d'objets volants non coopérants, de la conduite de moyens de défense aérienne (avions, missiles et canons) ou de la protection du système lui-même, FLORAKO introduira un haut degré de technicité et d'efficacité.

Sous-systèmes: FLOres, RAlus, KOmsys et Lunas-EZ

Les sous-systèmes de FLORAKO sont au nombre de quatre. FLOres (FLOrida-Radar-ErSatz) remplacera des radars FLORIDA par des radars de surveillance à grande portée, en raison des conditions topographiques suisses particulières. RAlus (RAdar-LUftlage-System) constituera le nouveau système de présentation de la situation aérienne: analyse des données de toutes les sources, présentation sur écran, en liaison avec la sécurité aérienne civile. Le cœur de FLORAKO.

KOmsys (KOMmunikation-SYStem) autorisera les communications radio et les transmissions de données par le même réseau. Enfin, Lunas-EZ (LuftNAchrichtensystem EinsatzZentralen) rassemble système d'acquisition de renseignements aériens et centrales d'engagement, c'est-à-dire l'interface entre FLORAKO et l'utilisateur militaire.

Phases IV et V à venir

Le programme FLORAKO va toutefois au-delà: la planification prévoit encore les phases IV et V, qui comprennent l'amélioration du noyau de base par l'intégration de deux nouveaux radars militaires pour la poursuite sélective d'objectifs attribués, l'intégration d'un système d'échange de données avec les F/A-18 et l'adaptation des radars TAFLIR actuels. Ceci fera l'objet d'une seconde étape sans qu'une échéance soit pour l'instant connue.

Lt Ludovic Monnerat

Sources