^{9 juillet 1998}

Le 22 juin dernier, 16 avions de combat suisses regagnaient le sol national après la campagne d'exercices Norka 98; le 13 juillet, 3 F/A-18 Hornet et tout l'encadrement technique et logistique repartent pour une autre série d'exercices avec des forces aériennes étrangères.

Une collaboration accrue rendue possible par un mémorandum d'accord, le Memory of Understanding, que le Conseil fédéral a récemment approuvé.

Norka 98: 440 engagements de combat

Nos pilotes participent à des exercices de combat aériens communs depuis 1985, mais la Nordseekampagne 98 a constitué une première pour nos F/A-18 flambant neufs. Six d'entre eux, accompagnés par 10 F-5E Tiger et suivis par leur encadrement technique à bord d'avions de transport et de charters, ont décollé le 29 mai 1998 de l'aérodrome de Payerne. But: Waddington, une base de la Royal Air Force (RAF) à 250 kilomètres au nord de Londres, qui pendant 3 semaines verra défiler 128 Suisses - 13 contrôleurs d'interception, 55 spécialistes d'exploitation des Forces aériennes et pas moins de 70 pilotes, dont 22 de milice!

Du 2 au 19 juin, avec pour partenaires les Tornado de la RAF et les F-16 de la Royal Netherland Air Force (RNAF), les Suisses ont totalisé 440 engagements de combat aérien, à vitesse supersonique, entre 1500 et 12'000 mètres au-dessus de la mer du Nord. Pour nos pilotes, c'était l'occasion de tirer pleinement parti des performances du F/A-18, d'entraîner ce qui en Suisse est impossible - par exemple l'engagement à haute vitesse des systèmes d'armes. Un brin parents pauvres de ces manœuvres les années précédentes, avec leur Mirage et Tiger vieillissants, nos Forces aériennes ont en outre fait cette fois jeu égal - sinon mieux.

Waddington: une base ultramoderne

Quels sont les avantages de tels exercices à l'étranger? D'une part, le fait de surmonter les contraintes - en temps de paix - de notre territoire: pour des raisons de sécurité et de bruit, nos avions de combat ne peuvent y effectuer d'exercices à vitesse supersonique au-dessous de 10'000 mètres; or les engagements entre 2000 et 6000 mètres sont particulièrement importants pour notre défense aérienne, et doivent par conséquent être entraînés.

D'autre part, la possibilité d'augmenter la rentabilité de l'instruction grâce à une installation de contrôle aérien et d'évaluation ultramoderne, le système ACMI (Air Combat Manoeuvring Instrumentation). Mis au point et exploité par British Aerospace, le système autorise l'évaluation en temps réel d'exercices de combat impliquant de nombreux avions; toutes les données relatives à ceux-ci - situation en vol, position, vitesse, précision au but, nombre de touchés, etc. - sont immédiatement disponibles sur écran pour les instructeurs. Lors du debriefing, chaque pilote peut passer en revue son vol et son comportement pendant le combat aérien; comme toutes les armes sont simulées, les exercices sont particulièrement réalistes, d'autant que la zone d'exercice a un diamètre de 60 kilomètres.

Prix: 2 millions de francs

Ce système n'est certes pas gratuit: la Suisse a acheté 90 unités d'engagement de 30 minutes (appelés "slots") pour environ 2 millions de francs, un prix comprenant les frais liés au transport et au matériel. Le kérosène étant toutefois cinq fois moins cher qu'en Suisse (0,25.- le litre contre 1,25, avec une consommation que l'on peut estimer à 1,5 million de litres), le coût des heures de vol en Angleterre n'est pas plus élevé. De tels exercices, par l'expérience qu'ils apportent tant en termes de pilotage, de coordination que de connaissances de tactiques et techniques de pays voisins, sont donc irremplaçables.

C'est dans cet esprit que le Conseil fédéral a récemment approuvé le Memory of Understanding avec les Pays-Bas, aux termes duquel les Forces aériennes peuvent prendre part aux exercices dirigés par la RNAF. Du coup, la Suisse envoie illico trois F/A-18 et leur encadrement au Pays-Bas pour 4 jours d'entraînement au combat aérien!

Trois F/A-18 pour DIATIT

L'exercice DIATIT, qui aura lieu du 13 au 17 juillet et mettra aux prises avions suisses, hollandais, britanniques et allemands, aura pour thème l'entraînement au combat aérien comme à la défense aérienne. Dans un secteur d'engagement limité aux territoires des Pays-Bas et de la Grande-Bretagne ainsi qu'aux eaux internationales, nos pilotes ont pour but d'améliorer leur niveau d'entraînement à la défense aérienne de secteur, à la pratique de l'escorte, à l'exécution d'attaques et au maintien d'une défense coordonnée impliquant de nombreux avions. Le tout sous la surveillance d'un Awacs.

A l'heure où la collaboration dans l'instruction avec les armées étrangères - et notamment l'exploitation de leur infrastructure - devient un sujet d'actualité, soulignons l'exemple que donnent les Forces aériennes. Il est vrai que, dans l'azur, les frontières terrestres doivent paraître bien petites!

Lt Ludovic Monnerat

Sources

Service d'information des Forces aériennes

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