Les mises au parc de 148 Léopard 2 et 108 M-109 préfigurent l'avenir
28 juin 1998
Annoncée le jeudi 25 juin dernier par Adolf Ogi, la mise au parc de 256 véhicules blindés est la conséquence à la fois de la réduction des budgets et de l'évolution de la situation géopolitique.
Répercutée avec plus ou moins d'exactitude et d'impartialité dans la presse, elle permet pourtant d'importantes économies sans aucune conséquence pour l'instruction. Mieux: les unités en cours de répétition y gagneront du temps.
Economies de 2 millions de francs
Les faits: 148 chars de combat 87 Léopard 2 et 108 obusiers blindés M-109 entrent dès cette année, et pour une durée de 5 à 6 ans, dans des locaux spéciaux des parcs automobiles de l'armée (PAA). Cette décision n'est pas le fruit du hasard: d'une part, elle répond aux compressions de budget imposées au Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports; elle permettra dans cette perspective de réaliser une économie annuelle estimée à environ 2 millions de francs.
D'autre part, elle correspond aux besoins de l'instruction: après avoir étudié leur engagement sur deux années, soit 1996 et 1997, il s'est avéré que le nombre maximal de chars de combat et d'obusiers blindés utilisés en même temps, entre écoles et cours, autorisait la réduction du degré de préparation pour une fraction d'entre eux.
Effectif aux unités garanti
Pour les commandants d'unités, la mesure ne comporte par conséquent aucun compromis: leurs moyens en véhicules blindés ne seront pas diminués. Pour le pilote de chars, il ne sera en revanche plus possible de toucher "son" char tous les deux ans: pendant que ces 148 Léo et 108 M-109 seront immobilisés dans des hangars hermétiques et à hygrométrie constante - avec tout de même une sortie annuelle pour "garder la forme" - les 222 et 450 autres seront davantage engagés, indifféremment à leur incorporation d'origine.
L'avantage du système, outre les économies, est de réduire le temps consacré aux déplacements. Aujourd'hui, une compagnie de chars effectuant un cours de répétition dans le secteur de Wichlen, par exemple, doit toucher ses chars à "son" PAA, les charger sur le train, les décharger puis les faire monter sur la place de tir; ce qui ne correspond pas exactement à une instruction rentable. Demain, avec la rotation des chars, les unités retrouveront le nombre requis de blindés sur l'endroit même de leurs cours.
Avenir: autres mises au parc ou réductions?
Cette décision préfigure l'avenir. Sans anticiper sur la réforme "Armée 200X", qui entraînera peut-être des mises au rebut, notre armée peut en effet réaliser des économies dans le domaine du matériel; ce qui s'inscrit pleinement dans la perspective du rapport Brunner: en conséquence de son analyse des menaces, celui-ci recommande en effet une "réadaptation de l'armée" avec la conservation d'un "coeur de compétences", capable de garantir la montée en puissance en cas de besoin. Signalons par ailleurs que de plusieurs armées occidentales pratiquent depuis longtemps la mise "sous cocon".
Il convient donc de s'interroger sur l'avenir d'autres véhicules. Des économies peuvent-elles également être faites concernant les chars de combat 68/88 (environ 180 exemplaires), les chars de grenadiers, de commandement ou lance-mines à base de M-113 (plus de 1300), les chasseurs de chars Piranha TOW (environ 300) ? Actuellement, les responsables des PAA étudient une planification de leurs moyens qui donnera des éléments de réponse.
Il ne faut toutefois pas perdre de vue que ces économies faites sans graves conséquences restent proportionnellement faibles, et que le budget du DDPS ne pourra être sans cesse compressé sous peine de réduire la crédibilité de notre armée.
Lt Ludovic Monnerat
Sources
Service d'information des Forces terrestres
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